Filière légumes
Les grandes surfaces du département de l'Isère recherchent des légumes locaux

Isabelle Brenguier
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La chambre d'agriculture de l'Isère, armé de son bras commercial, le Pôle agroalimentaire, œuvrent de concert pour organiser une filière légumes dans le département de façon à répondre à la demande de la grande distribution. 

Les grandes surfaces du département de l'Isère recherchent des légumes locaux
Producteur de pommes de terre à Marcilloles, Yann Bouvier est le président de l'association « Terre d’Isère ».

Que ce soit parce qu'elles ont une réelle sensibilité à l'égard des produits locaux ou parce qu'elles souhaitent améliorer leur image, les grandes et moyennes surfaces (GMS) du département ont des besoins en légumes de proximité qui pour l'instant, ne sont pas pourvus.

Le problème est qu'aujourd'hui, les agriculteurs isérois ne sont pas organisés pour répondre à cette demande. Leur offre n'est ni suffisamment importante ni suffisamment structurée.

Pour ne pas manquer cette opportunité et pénétrer ce marché, la chambre d'agriculture de l'Isère et le Pôle agroalimentaire (PAA) mettent en commun leurs ressources pour accompagner les producteurs intéressés à se lancer dans ce projet. Le chantier est ambitieux mais, selon les responsables de ces organismes, il mérite l'attention des agriculteurs qui souhaiteraient développer un nouvel atelier.

« Se saisir des opportunités »

La tâche est importante et nécessite de s'activer sur plusieurs fronts de façon concomitante.

D'abord, il faut approcher les GMS pour identifier leurs besoins. C'est le travail qu'a commencé Céline Royer, la nouvelle commerciale du PAA. Forte de son expérience, la jeune femme a pris son bâton de pèlerin et rencontre les magasins du département pour d'une part, leur proposer le catalogue des produits agréés IsHere et d'autre part connaître leurs besoins en légumes... et en pommes de terre, puisque c'est cette production qui a été identifiée pour lancer la démarche.

« Céline Royer a aussi pour mission d'accompagner les agriculteurs dans toutes les questions commerciales auxquelles ils sont confrontés, de façon à ce qu'ils puissent se saisir des opportunités qui se présenteront », explique Geoffrey Lafosse.

« Une seule voix pour les GMS »

Afin de faciliter les relations marchandes entre les enseignes et les producteurs, ces derniers se sont regroupés au sein de l'association « Terre d'Isère ». « Aujourd'hui, nous sommes sept agriculteurs (cinq conventionnels et deux en bio) à adhérer à l'association, à être intéressés pour vendre une partie de notre production aux enseignes demandeuses », indique Yann Bouvier producteur à Marcilloles et président de l'association, qui vient tout juste d'obtenir le précieux numéro Siret lui permettant de réaliser les ventes prévues.

« L'association est l'outil dont nous avions besoin pour fournir de plus gros tonnages d'une même voix. Les GMS ne souhaitent pas avoir plusieurs clients, ni établir plusieurs commandes et autant de factures pour un même produit. L'association a vocation à nous permettre de développer nos exploitations, en achetant les machines qui nous permettront de nous professionnaliser », ajoute l'agriculteur.

Et si la pomme de terre avance en éclaireuse, l'objectif est bien de faire la même chose avec les autres légumes dans un second temps.

Production manquante

Parallèlement, la chambre d'agriculture cherche à identifier les producteurs qui pourraient rejoindre l'entreprise. Comme le précise Pascal Denolly, vice-président de la chambre d'agriculture et président du PAA, « ce projet est destiné aux agriculteurs installés dans d'autres filières telles que les céréales, les noix,.., qui souhaiteraient développer un nouvel atelier. Il ne s'agit pas de maraîchage ».

Pour les aider à mener à bien ce projet, ces personnes bénéficieront en plus de l'accompagnement prodigué par le PAA, de celui de la chambre d'agriculture, qui vient de recruter Baptiste Ruello, technicien spécialisé en légumes plein champ. Il sera aux côtés des agriculteurs sur toute la chaîne de production, de la graine à la cagette.

Et Pascal Denolly d'insister : « Il faut que le travail soit fait très correctement. Il faut préparer les légumes pour qu'ils correspondent aux besoins des magasins. Il faut qu'ils soient propres, calibrés, ensachés... Certains telle la courgette, ne sont pas trop compliqués mais il y en a, comme le poireau, la carotte, qui nécessitent un vrai savoir-faire. Il ne faut pas décevoir ».

Les responsables du projet estiment qu'il existe un déficit de production de 200 hectares de légumes et de 100 hectares de pommes de terre. Les exploitants qui seront engagés dans la démarche devront faire agréer leurs produits IsHere, gage qu'ils partagent les valeurs portées par la marque, à savoir l'origine iséroise des produits et la juste rémunération des producteurs.

Ce travail vient compléter celui déjà entamé dans d'autres filières alimentaires de proximité dont l'objectif final est de donner les moyens aux agriculteurs isérois d'avoir une meilleure rémunération de leur travail.

Isabelle Brenguier

 

Un producteur du Sud-Grésivaudan cultive des légumes plein champs pour les grandes surfaces iséroises
Installé à Têche et à Saint-Lattier, Jérémy Chaffanel mise sur la diversification de ses productions et notamment sur le maraîchage et les légumes plein champ.

Un producteur du Sud-Grésivaudan cultive des légumes plein champs pour les grandes surfaces iséroises

Stratégie de développement /

Installé à Saint-Lattier et Têche, Jérémy Chaffanel développe une activité de légumes plein champs à destination de la grande distribution.

Diversifier ses productions et se restructurer pour se libérer du temps les week-ends, tel sont les objectifs de Jérémy Chaffanel, ancien concessionnaire de machines agricoles qui exploite aujourd'hui 100 hectares de SAU en noyers bio, truffiers et légumes dans le Sud-Grésivaudan.

Suite à la tempête de 2019 qui lui a fait perdre la totalité de sa récolte de noix et des craintes qu'il nourrit quant à l'évolution de ce marché, Jérémy Chaffanel mise sur la diversification de ses productions. Il veut développer une gamme de maraîchage sous serre et de légumes plein champ dans l'enceinte de la ferme de l'Herbépine à Têche qu'il vient d'acquérir.

S'il dispose déjà de 11 serres lui permettant 5 à 6 000 mètres carré de production, il estime avoir un potentiel de développement de 30 hectares de légume plein champ. « Jusqu'à présent, l'exploitation qui appartenait à Philippe Glénat, était organisée en circuits courts. Mais ce fonctionnement est très chronophage. Je souhaite mettre en place une production à destination des GMS (grandes et moyennes surfaces), de la restauration collective et de l’hôtellerie », détaille l'exploitant.

Développer son entreprise

S'il est déjà en contact avec différentes enseignes, il suit le projet de développement de filière légumes mené par la chambre d'agriculture de l'Isère et le Pôle agroalimentaire avec attention. Ses légumes sont d'ailleurs agréés IsHere depuis juin dernier. Toujours motivé pour relever de nouveaux défis, Jérémy Chaffanel attend de ce projet qu' « il lui permette de développer son entreprise dans le long terme ». « C'est vrai que la démarche peut faire peur car pour l'instant, rien n'est structuré et nous ne connaissons pas les volumes, mais je suis convaincu de l'opportunité à saisir », ajoute-t-il, prêt à se lancer.

IB

 

Une commerciale 100% locale

Originaire du monde agricole, Céline Royer a été recrutée par le PAA en mars dernier après différentes expériences dans la grande distribution, pour trouver des débouchés aux produits agréés par la marque IsHere. La jeune femme a commencé par privilégier les magasins indépendants, plus libres dans leurs choix d'approvisionnement que les chaînes contraintes de passer par leur centrale d'achat. Elle estime que le département est au stade où il y a tout à construire, mais qu'entre la richesse de la production iséroise et les attentes de certaines enseignes, les opportunités sont bien là.

Son rôle est de faire l'interface entre les deux mondes, de faire entrer des produits dans les magasins et de conserver leur référencement dans le temps. Elle a deux prestations à la disposition des producteurs. La première où elle assure le référencement de leurs produits et leur suivi dans les magasins. La seconde qui inclut en plus de la première, la facturation en leur nom et la prise de commande.

IB