Traditions
À Noël, pourquoi décore-t’on sa maison ?

Décorer sa maison pour Noël est une ancienne tradition qu’il est possible de faire remonter aux cultures païennes des anciens Européens. Sapin, chaussettes, couronne... D’où viennent ces décorations et pourquoi perpétue-t-on ces traditions ?

À Noël, pourquoi décore-t’on sa maison ?
De nombreuses décorations de Noël trouvent leur origine dans les fêtes païennes des anciens Européens. ©AdobeStock

À l’approche des fêtes, nombreux foyers transforment leur maison, invitant un sapin dans leur salon, des chaussettes sur le rebord de leur cheminée, sans oublier la couronne sur la porte d’entrée. Si on se plie sans trop de difficultés à ses traditions, qui, en plus, sont souvent l’occasion de passer des moments agréables en famille, d’où viennent-elles ? Pourquoi se retrousse-t-on les manches début décembre pour inviter ces décorations qui font la magie de Noël chez soi ?

Sapin de Noël

Le sapin de Noël trouve ses origines dans les traditions païennes européennes, où les peuples célébraient le solstice d'hiver avec des symboles de vie éternelle et de renaissance. Les anciens Européens, notamment les Celtes et les Germains, utilisaient des arbres à feuilles persistantes comme le houx, le lierre ou le sapin pour décorer leur foyer durant l'hiver, en croyant qu'ils apportaient chance et protection contre les mauvais esprits.

Cependant, la tradition du sapin de Noël tel qu'on le connaît aujourd'hui a véritablement émergé en Allemagne au XVIème siècle. On raconte que Martin Luther, le réformateur religieux, fut le premier à ajouter des bougies allumées sur un sapin pour recréer la beauté des étoiles dans le ciel d'hiver. Ce geste symbolisait la lumière du Christ dans l’obscurité de la nuit.

Les siècles suivants, la tradition se diffuse à travers l'Europe et l’Angleterre, notamment grâce à la popularité du sapin chez la famille royale britannique, en particulier la reine Victoria et son époux, le prince Albert, d'origine allemande. C'est à partir de ce moment que l'usage du sapin de Noël a commencé à se répandre dans de nombreuses régions du monde, notamment aux États-Unis et en France.

L’étoile

L'étoile de Noël trouve son origine dans l’histoire biblique de l’Étoile de Bethléem, qui guida les mages vers le lieu de naissance de Jésus-Christ. Ce symbole de lumière divine, de guidance spirituelle et d’espoir est devenu un élément clé de la décoration des sapins de Noël au fil des siècles. Placer une étoile au sommet du sapin représente la lumière de Jésus, l’union entre le ciel et la terre et l’espoir que la naissance du Christ apporte au monde.

De nos jours, l’étoile de Noël est l’un des éléments de décoration les plus importants du sapin. Elle est généralement placée au sommet de l’arbre. Sa forme et sa brillance symbolisent l’aspect sacré et lumineux de Noël. Dans les familles chrétiennes, elle rappelle l'Étoile de Bethléem et la naissance du Christ, mais elle a aussi acquis une signification plus universelle, étant désormais perçue comme un symbole de l'unité, de l'amour familial et de la joie partagée.

Couronnes de Noël

Les couronnes de Noël trouvent d'abord leurs racines dans les traditions païennes de l'Antiquité, notamment chez les Romains et les Celtes. Ces peuples utilisaient des couronnes de branches et de feuillage pour symboliser la vie éternelle et la protection contre les mauvais esprits. En hiver, les feuilles persistantes comme le houx, le lierre et le sapin étaient des symboles puissants, représentant la nature qui ne meurt pas, même dans les mois les plus froids et sombres de l'année. Les couronnes étaient souvent utilisées dans les célébrations du solstice d'hiver, une fête marquée par le retour progressif de la lumière du jour.

Avec l’arrivée du christianisme, les traditions païennes ont été adaptées et intégrées dans les célébrations chrétiennes, et la couronne de Noël a pris une signification religieuse. La couronne ronde, avec ses feuilles persistantes, symbolise la victoire de la vie sur la mort, l'éternité et l'amour divin. Le cercle, sans fin, représente aussi l'unité de la famille et la protection de la maison.

Dans les traditions chrétiennes, les quatre bougies placées sur la couronne, particulièrement dans les pays d'Europe centrale, ont été introduites pour symboliser les quatre semaines de l’Avent, la période qui précède Noël. Chaque bougie représente une semaine d'attente avant la célébration de la naissance de Jésus-Christ et chaque lumière symbolise l'espoir qui croît à mesure que le jour de Noël approche. La bougie centrale, parfois appelée la bougie du Christ, est souvent allumée le jour de Noël lui-même.

La tradition de suspendre la couronne de Noël à la porte d’entrée est probablement allemande. Elle s’est répandue à travers l’Europe à partir du XIXème siècle. En Allemagne, les couronnes de Noël étaient souvent accrochées à la porte comme un symbole d’accueil et de protection divine. Elle était censée protéger la maison et ses habitants pendant les fêtes, en éloignant les mauvais esprits.

Avec l’évolution de la tradition, la couronne est devenue non seulement un symbole religieux et spirituel, mais aussi un décor festif qui annonce l’arrivée de Noël. Les décorations ajoutées à la couronne, comme les rubans rouges, les baies, les étoiles d'or, ou même les paillettes, renforcent l’aspect visuel de la fête et le symbole de la joie et de l'harmonie du temps des fêtes.

De nos jours, la couronne de Noël, en particulier celle accrochée à la porte, est un symbole de chaleur et d’hospitalité. C'est un signe que la maison est prête à accueillir les invités et à célébrer les festivités de fin d’année. Elle rappelle à tous ceux qui passent devant que Noël est un moment de partage, d'amour et de lumière, où la famille et les amis se réunissent.

Les éléments utilisés pour créer la couronne restent chargés de significations : le houx pour la protection et la purification, les branches de sapin pour la vie éternelles et les bougies pour la lumière qui vient combattre les ténèbres et apporter l’espoir.

Maison en pain d’épices

La maison en pain d'épices est l'une des décorations les plus charmantes et gourmandes de Noël, très populaire dans les pays anglo-saxons, mais aussi en Europe. Son histoire est intimement liée à l'évolution de l'art culinaire, en particulier à la fabrication du pain d'épices, un gâteau à base de miel et d'épices qui existe depuis l'Antiquité. En tant que tel, il remonte à des temps anciens et était consommé par les Grecs et les Romains, qui utilisaient le miel comme conservateur et les épices comme moyen de préserver les aliments.

Cependant, l'association du pain d'épices avec Noël et la forme de maison est plus récente et trouve ses racines dans les traditions médiévales européennes, mais surtout en Allemagne et en Scandinavie. L'idée de créer des formes en pain d'épices, comme des bâtiments, des maisons ou des figurines, remonte probablement au Moyen Âge. À cette époque, les artisans ont commencé à façonner des biscuits en forme de maisons, non seulement comme une forme de gourmandise, mais aussi comme une sorte de porte-bonheur ou de symbole de prospérité.

Le véritable coup de pouce à la popularité de la maison en pain d’épices vient du célèbre conte Hansel et Gretel des frères Grimm, publié en 1812. Après la publication du conte, l’idée de créer des maisons en pain d'épices s'est largement répandue en Europe, notamment en Allemagne, où les maisons en pain d'épices (connues sous le nom de Lebkuchenhäuser) sont devenues une tradition de Noël.

La maison en pain d'épices est un symbole de chaleur du foyer, de partage, de magie et de prospérité. Aujourd'hui, elle continue de représenter la convivialité de Noël, en alliant tradition culinaire, créativité et plaisir gourmand.

Alexandra Blanchard-Pacrot

Légendes

Chaussettes suspendues : un coup de pouce de Saint-Nicolas

La tradition des chaussettes suspendues à la cheminée pour Noël trouve ses origines dans une légende populaire, en grande partie associée à Saint-Nicolas, le patron des enfants et des marins. L'histoire la plus répandue vient de la figure légendaire de Saint-Nicolas qui vivait au IVème siècle dans ce qui est aujourd'hui la Turquie.

Elle raconte qu'un homme pauvre, ayant trois filles, ne pouvait pas leur offrir de dot pour qu'elles puissent se marier. Un état de fait qui menaçait leur avenir, car sans dot, les filles risquaient de devenir des servantes ou de vivre dans la pauvreté. Saint-Nicolas, ayant entendu parler de cette situation, décide alors de les aider en secret. Une nuit, il serait passé par la maison de l'homme pour y jeter de l'or. L’or serait alors tombé dans les chaussettes des filles suspendues près de la cheminée pour sécher. À la levée du jour, elles auraient découvert les pièces d’or, leur permettant de se marier et de changer de vie.

Cette légende a évolué au fil du temps et dans plusieurs cultures, elle a donné naissance à la coutume de suspendre des chaussettes à la cheminée, ou parfois près du feu, afin que Saint-Nicolas ou le Père Noël y dépose des cadeaux et des sucreries pour les enfants sages. Selon les régions, cela se passe le 6 décembre (jour de la fête de Saint-Nicolas) ou le soir du réveillon. Dans certaines traditions, les enfants laissent aussi des carottes ou du foin pour les rennes du Père Noël.

La tradition des chaussettes suspendues a été popularisée par les immigrés néerlandais aux États-Unis au XIXème siècle. Aujourd'hui, la coutume de suspendre des chaussettes (ou des bas) reste très populaire dans de nombreux pays, notamment dans le monde anglo-saxon, où les enfants espèrent y trouver des bonbons, des petits jouets, ou des cadeaux plus modestes, mais aussi dans de nombreuses familles en Europe.