La chambre d’agriculture Auvergne-Rhône-Alpes a organisé mardi 14 mars à La Tour-de-Salvagny (Rhône) une conférence intitulée Souveraineté alimentaire et Territoires : pour une approche globale de l'alimentation. Stéphane Linou, formateur et consultant sur l’intégration du risque de rupture d’approvisionnement, a rappelé que sécurité et alimentation étaient intimement liées.
La souveraineté alimentaire est sur toutes les lèvres et semble même être devenue un enjeu national. Pourtant, pour Stéphane Linou, auteur et consultant spécialiste du rapport essentiel entre l'alimentation et la sécurité, qui intervenait lors d’une conférence organisée par la chambre d’agriculture d’Auvergne-Rhône-Alpes, pour atteindre cet objectif les éléments sont, aujourd’hui, loin d’être réunis. Selon lui, sur les territoires, il existe cinq maillons : la production, la distribution, les consommateurs, les prescripteurs (les collectivités) et la transformation. « Si ces cinq maillons fonctionnent, s’ils sont en lien, il y a une certaine stabilité dans ce microbiote alimentaire territorial. » Toutefois, d’après Stéphane Linou, aujourd’hui, cet équilibre n’existe plus, mais « nous ne le voyons pas car les flux alimentaires extérieurs continuent d’arriver et à équilibrer artificiellement ce système ». Une « transfusion » qui le jour où elle tombe provoque un désordre, « des troubles à l’ordre public ». « Nous avons oublié le plus vieux couple de risques au monde : approvisionnement alimentaire et ordre public. Le peuple se révolte par le ventre », note le spécialiste à l’origine de l’initiative locavore qui déplore que dans les outils de planification territoriale le nombre d’agriculteurs, le foncier ou encore les outils de transformation alimentaire n’aient pas été pris en compte. « Nous sortions des Trente Glorieuses. […] Dans l’ébriété collective, nous avons oublié le plus vieux couple de risques au monde. [ …] Comment pouvons-nous parler de souveraineté alimentaire sans parler de stocks.[…] Il faut que le monde agricole s’empare de ce sujet. » Pour Stéphane Linou, permettre à un territoire de manger local est une question d’ordre public même s’il est certain que des circuits différents peuvent exister.