MOTION
« Énergies renouvelables : la profession agricole doit être moteur »

Les élus de la chambre d’agriculture Auvergne-Rhône-Alpes ont voté à l’unanimité une motion concernant l’accélération de la production des énergies renouvelables. Explications avec Michel Joux, vice-président de la chambre d’agriculture d’Auvergne-Rhône-Alpes.

« Énergies renouvelables : la profession agricole doit être moteur »
Pour Michel Joux, la profession agricole doit être en première ligne des projets de photovoltaïque au sol et d’agrivoltaïsme.

Le 14 mars en session ordinaire, quatre jours après la promulgation de la loi relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables, les élus de la chambre d’agriculture Auvergne-Rhône-Alpes ont voté à l’unanimité une motion à ce sujet. Pouvez-vous nous en dire davantage ?

Michel Joux : « Le dossier des énergies renouvelables, notamment celui du photovoltaïque, est très important pour notre territoire régional, mais également national. La volonté politique en matière de production est ambitieuse, toutefois, nous avons à cœur de protéger l’agriculture et les agriculteurs, mais également notre souveraineté alimentaire ».

Cela veut-il donc dire que vous vous opposez notamment à la production de photovoltaïque au sol ?

M. J. : « En premier lieu, il est important de distinguer photovoltaïsme au sol et agrivoltaïsme. Dans le premier cas, la qualité agronomique des sols n’est pas prise en compte. Il s’agit de poser des panneaux sur une terre sans se soucier de la production agricole, ce qui n’est pas le cas pour l’agrivoltaïsme. Au sein de la profession, nous voulons que les choses soient maîtrisées et que la production agricole prédomine. Nous ne sommes donc pas contre car nous avons conscience que la production d’énergie renouvelable est un enjeu d’avenir et que seules les toitures ne suffiront pas, toutefois nous avons trois conditions à faire valoir. Ces trois conditions cumulatives permettront d’éviter également la production agrivoltaïque d’alibi, soit qu’un agriculteur se détourne de la production agricole au profit de la production d’énergie. Une situation qui peut être tentante au vu de la conjoncture actuelle ».

Quelles sont ces trois conditions ?

M. J. : « Nous souhaitons que l’ensemble des projets d’agrivoltaïsme ou de panneaux photovoltaïques au sol qui se feront fasse l’objet d’un consensus sur le territoire. Il faut que ces projets soient discutés entre l’ensemble des parties prenantes pour trouver la meilleure solution pour tous. Au niveau d’Auvergne-Rhône-Alpes, plusieurs départements ont engagé des démarches pour se structurer en ce sens. Par ailleurs, nous sommes attachés à ce que les projets soient collectifs et profitent au territoire. Cette notion de territoire est primordiale. Enfin, il faut que la valeur soit équitablement répartie parmi les agriculteurs, les collectivités et les acteurs économiques. Ces trois conditions sont indispensables ! Dans le même sens, au sein de la motion, votée en session, nous exigeons, par ailleurs, que tant que la loi ne sera pas outillée des décrets qu’elle prévoit, les pétitionnaires de projets agrivoltaïques soient accompagnés par les chambres d’agriculture afin de valider la dimension agricole du projet et assurer un suivi agronomique ; que la commission départementale de préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers (CDPenaf) puisse rendre ses avis en disposant des analyses et expertises démontrant la comptabilité des projets avec la politique de protection du foncier agricole et la mise en place d’un moratoire sur la validation de nouveaux projets photovoltaïques ».

Dans la motion, vous demandez également que le réseau des chambres d’agriculture soit associé à la rédaction des différents décrets qui préciseront les éléments. Pourquoi ?

M. J. : « Au-delà d’être associée, nous souhaitons que la profession agricole soit moteur dans ce dossier pour avoir quelque part la maîtrise des choses. Nous sommes prêts à organiser la construction des projets et leur mise en œuvre pour qu’ils répondent aux trois conditions, que nous, la profession agricole, imposons. »

Propos recueillis par Marie-Cécile Seigle-Buyat