Forêts
Reverdir la forêt

Morgane Poulet
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Lors de son assemblée générale du 5 mai, à Séchilienne, la Cofor a insisté sur les actions à mener pour favoriser des forêts durables dans le département.

Reverdir la forêt
Fabien Mulyk, vice-président du Département, Cyrille Plenet, maire de Séchilienne et Guy Charron, président de la Cofor 38.

« L’Isère compte 138 collectivités forestières et le rôle de l’Association des communes forestières de l’Isère (Cofor) est de les informer et de les accompagner tout au long de leurs projets », explique Guy Charron, président de la Cofor 38, lors de l’assemblée générale de l’association à Séchilienne, le 5 mai.
Et des projets, la Cofor en a de nombreux, car elle souhaite continuer son engagement pour s’adapter au changement climatique. Et pour cela, « il faut travailler intelligemment et tous ensemble », précise le président.
 
Entretenir la forêt
 
Séchilienne, qui a reçu l’assemblée générale de la Cofor, n’a pas été choisie par hasard. Il s’agit de la commune la plus forestière de la métropole Grenoble Alpes, car elle dispose de 80 à 85 % d’espaces boisés. Elle participe également au dispositif « Un arbre, un habitant » en revégétalisant la forêt avec des espèces « plus adaptées au réchauffement climatique », explique Cyrille Plenet, maire de la commune.
« Un arbre, un habitant » a pour objectif de planter 750 000 arbres et d’en faire régénérer 250 000. Or, les choses prennent du retard, car il faudrait planter 200 000 arbres par an, quand le 100 000e vient seulement d’être planté.
Mais avant de réaliser des plantations, il faut entretenir les bois. Les incendies de 2022 ont fait prendre conscience aux élus qu’il était nécessaire d’agir, d’autant plus que des feux ont été déclarés dans des zones n’en ayant jamais connu, comme dans les Vosges, le Jura ou encore le Grand Est, a rappelé Alain Lesturgez, directeur de la Fédération nationale des Cofor (FNCofor). « La proposition de loi de Jean Bacci (président de la Cofor du Var) visant à renforcer la prévention et la lutte contre l’intensification et l’extension du risque d’incendie a été votée à l’unanimité », précise-t-il. Et de rappeler qu’en France, 40 départements sont concernés par les obligations légales de débroussaillement. Les habitants qui ont une maison avec un jardin en contact d’une zone forestière ont l’obligation d’effectuer un débroussaillage, même lorsque les arbres ne sont pas chez eux.
 
Sensibiliser les enfants
 
Cela passe avant tout par la sensibilisation des plus jeunes à l’entretien des forêts. D’où le projet « Dans 1 000 communes, la forêt fait école », porté à Tréminis et à Lans-en-Vercors. Il s’agit de faire des animations toute l’année afin d’investir des élèves dans des projets forestiers.
Concrètement, les élèves sont impliqués dans les prises de décision liées à l’entretien de la forêt et assistent à différentes actions, comme l’abattage d’arbres, pour découvrir les métiers de la sylviculture. Ces actions ont vocation à former les citoyens de demain au regard des défis à relever en Isère. Pour Marjorie Guillon, directrice de l’Office national des forêts (ONF), dans le département, il convient de tout particulièrement mettre l’accent sur les risques d’incendie, qui constitueront l’actualité des mois à venir, mais également sur « les défis d’adaptation au changement climatique, car la forêt ne pourra pas s’adapter seule ». Le dialogue avec la société sera également une des missions que l’ONF se fixera pour l’année, car « si l’on veut planter, adapter une forêt ou encore stocker du carbone, il faut réussir à maintenir la filière et mobiliser la société ».
 
Se réapproprier le bois
 
Mais pour reverdir leurs forêts, les communes doivent également être vigilantes aux ventes de bois qu’elles effectuent. L’assemblée générale a en effet été l’occasion de revenir sur un problème grandissant : régulièrement, des grumes iséroises sont exportées en Chine, ce qui soulève le problème du prix. Si du bois français est vendu en Chine plutôt qu’en France, « c’est que les prix doivent être plus intéressants là-bas », constatent certains. D’autant plus qu’il n’y a pas de retombées économiques pour le territoire d’origine, en plus de creuser le problème d’approvisionnement en bois énergie que rencontre actuellement la France.
Une solution évoquée pour pallier ce problème pourrait être la contractualisation, « mais cela ne fonctionnera que si les communes sont volontaires ». Pour Marjorie Guillon, « il ne faut pas oublier que l’ONF est un opérateur qui vend le bois de la collectivité, qui, à la fin, est celle qui décide à qui vendre ».
Cela rejoint le problème causé par l’abandon par l’État de la hausse des contributions des communes forestières, en 2021, qui a entraîné un arrêt des contrats d’approvisionnement. Depuis, la Cofor 38 a envoyé 230 courriers aux communes produisant du bois afin de les informer des manières de gérer au mieux des contrats d’approvisionnement.

Morgane Poulet

Un label de transformation européen

Le label « Transformation U.E. » oblige les entreprises qui adhèrent à ce dispositif à transformer, ou bien à s’assurer de la transformation du bois dans l’Union européenne. L’objectif de ce label est d’approvisionner les entreprises françaises et européennes qui pourraient se montrer en difficulté face à la concurrence internationale.
Créé en 2015, ce label assurait à l’origine un avenir à la filière du chêne français. Chaque année, 720 000 m3 de bois sont ainsi vendus par l’ONF sous ce label.

MP