Avant l’annonce officielle du futur plan loup et activités d’élevage, les organisations professionnelles agricoles travaillent d’arrache-pied pour améliorer les différentes dispositions envisagées par les pouvoirs publics.
Dans le cadre de la consultation publique prévue par le gouvernement, la FNSEA, Jeunes agriculteurs (JA) et les organisations de l’élevage se mobilisent pour améliorer le projet de Plan national d’actions sur le loup et les activités d’élevage pour 2024-2029, annoncé le 18 septembre dernier à Lyon. Le moins que l’on puisse dire est que la communication gouvernementale n’a pas répondu aux attentes des éleveurs. « Nous sommes super déçus », avait déclaré Bernard Mogenet, président de la FDSEA de Savoie, en charge du dossier à la FNSEA, alors que le loup est désormais présent dans une soixantaine de départements.
Améliorer le comptage
Le premier axe visé est une meilleure connaissance du loup prévue dans le plan. Si le gouvernement est prêt à s’engager dans une méthode de comptage plus robuste en matière d’indices, les professionnels déplorent le parti pris des agents de l’Office français de la biodiversité (OFB), souvent plus attentifs aux arguments des organisations environnementalistes qu’aux préoccupations des éleveurs. Pourquoi, par exemple, ne pas utiliser les hurlements et procéder à une évaluation des meutes présentes dans un département plutôt que des seuls individus ? « Ça permettrait de s’approcher mieux de la réalité », estime la FDSEA de la Drôme, particulièrement impactée par le prédateur avec 31 meutes sur le territoire. « L’estimation de la population lupine est un vrai sujet », renchérit Claude Font, en charge du dossier prédateur à la Fédération nationale ovine (FNO). Quand on sait par exemple qu’une baisse affichée de 20 % de la population lupine a été annoncée par l’OFB l’été dernier avant d’être démentie quelques semaines plus tard par la même structure. Ce qui renvoie au statut du loup. Espèce « strictement protégée », le loup devrait devenir « protégé ». Avec plus de 1 100 loups recensés, le seuil de viabilité de l’espèce de 500 individus est largement dépassé. Une ouverture a eu lieu en ce sens. En septembre dernier, la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, s’est prononcée en faveur d’une révision du statut du loup. Le plan loup n’écarte pas cette possibilité mais à l’horizon 2026. « Il faut aller plus rapidement », plaide Bernard Mogenet.
Simplifier les tirs
Le deuxième axe concerne la gestion et la prévention des attaques. Si la profession reconnaît quelques avancées en matière de promesses d’accélération du paiement des aides à la protection, d’accompagnement des éleveurs pour la pose de clôtures électrifiées, de déploiement de brigades mobiles de bergers, ainsi que de l’évolution du statut des chiens de protection pour dégager la responsabilité des éleveurs, elle déplore que la non protégeabilité des troupeaux bovins, équins et asins ne soit pas encore inscrite dans le futur plan. Car le loup ne se contente plus d’attaquer les troupeaux ovins. De plus en plus d’élevages bovins, équins et asins sont victimes du prédateur. C’est pourquoi, la FNSEA et JA plaident pour que des tirs de défense soient automatiquement octroyés aux éleveurs dans les zones de présence du loup pour prévenir les attaques. D’une façon générale, en matière de tir, les organisations professionnelles déplorent que le gouvernement ne soit pas allé assez loin dans l’allègement des protocoles. Aussi, ils demandent une simplification des tirs et une fusion des tirs de défense simple et renforcée. Autres demandes, le détenteur d’un tir de défense devrait pouvoir saisir directement les louvetiers sans attendre le bon vouloir de l’administration. Les éleveurs et les chasseurs devraient avoir accès à des armes équipées de dispositifs de visée nocturne et ne devraient plus être obligés d’éclairer le loup avant d’effectuer un tir. Plus globalement les organisations estiment que le plafond de prélèvement de 19 % ne doit pas être un « totem » et qu’il doit être supprimé.
Plus de réactivité
Quant aux indemnisations des pertes, le syndicalisme demande qu’elles soient fixées au plus juste de la valeur des animaux comme le prévoit d’ailleurs le plan loup. Ce qui veut dire que la réévaluation du barème soit plus fréquente pour tenir compte de l’inflation, que les pertes indirectes soient prises en compte, « y compris les pertes génétiques », précise Claude Font, et que les délais de paiement soient raccourcis. La proposition des pouvoirs publics de 125 jours maximum étant jugée trop longue. Quel que soit le sujet, les organisations professionnelles se prononcent en faveur d’une gouvernance plus réactive et plus adaptée. L’une des voies serait d’accorder plus de pouvoirs aux préfets, tant dans l’octroi des tirs de défense que pour l’autorisation des tirs de prélèvement.
Mais au-delà des mesures inscrites dans le futur plan loup, l’élevage et le pastoralisme doivent être mieux soutenus et constituer la colonne vertébrale du plan 2024-2029, insistent les organisations professionnelles. Son maintien contribue à la sauvegarde de la biodiversité et à l’équilibre des territoires. Ce que de nombreuses organisations environnementales oublient.
Actuagri