Préfecture
Les inquiétudes des agriculteurs

Isabelle Doucet
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Catherine Seguin, préfète de l’Isère, a reçu en audience les agriculteurs des syndicats FDSEA et JA 38 afin d’aborder les sujets d’intérêt local et national pour la profession.

Les inquiétudes des agriculteurs
les agriculteurs des syndicats FDSEA et JA de l'Isère (à gauche), lors de la rencontre en préfecture avec Catherine Seguin, préfète de l'Isère, entourée des responsables des services de l’État. photo : TD

Une dizaine de dossiers sur la table et pas des moindres. Il a été question d’installation, d’irrigation, de FCO, de loi d’orientation agricole, de budget, d’élection aux chambres d’agriculture, lors de la rencontre, qui s’est déroulée le 18 décembre entre Catherine Seguin, préfète de l’Isère, et une délégation d’agriculteurs de la FDSEA 38 et de Jeunes agriculteurs Isère.
« Il y a beaucoup d’attentes de la part de la profession quant aux mesures qui étaient inscrites au budget ou dans le cadre de la future loi d’orientation agricole, comme celles qui concernent la séparation de la vente et du conseil », expose Jérôme Crozat, le président de la FDSEA de l’Isère. Instaurée par la loi Egalim et entrée en vigueur en 2021, cette loi était décriée par les agriculteurs et son abrogation inscrite dans la LOA. Le CGAAER (Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux) avait d’ailleurs rendu un rapport sans appel quant au coût et à l’inefficacité de cette mesure. En jeu, le renouvellement du Certiphyto, dans le cadre d’un Conseil stratégique obligatoire, inopérant depuis un an. « En l’absence de solution transitoire, certains risquent perdre leur agrément car la loi d’orientation agricole devait adapter le dispositif », rappelle le syndicaliste. L’occasion de mettre aussi l’accent sur l’impasse en matière de traitement phytosanitaire avec le retrait prévu de plusieurs dizaines de matières actives sans solution de substitution. Les agriculteurs citent en exemple les ravages de la punaise diabolique sur noisettes et pommes ou encore la plus grande inquiétude de la filière viticole. « Nous ne disons pas qu’il ne faut pas surveiller l’utilisation des produits phytosanitaires, mais l’arrêt de certaines matières actives provoque des cataclysmes dans les exploitations, à l’image du dimethoate qui a mis à bas la filière cerise française au profit de l’importation. »

Au nom de tous les éleveurs

Autre dossier débattu : celui de la chasse et des ravages du grand gibier, sangliers et cervidés, sur les cultures et dans la forêt. « Nous avons apprécié le prélèvement de 60 sangliers en Chartreuse, par arrêté préfectoral, alors que les chasseurs locaux n’avaient pas conscience des dégâts occasionnés », insiste Jérôme Crozat.
Sandrine Gourdain, de la FDSEA, s’est aussi exprimée au nom des éleveurs touchés par la fièvre catarrhale ovine (FCO). Si la FCO de sérotype 8 est entrée dans l’aide d’urgence du gouvernement au titre de l’indemnisation de la surmortalité, l’éleveuse insiste sur le fait que cette demande, qui émanait du syndicalisme majoritaire, l’a été au profit de tous les éleveurs. En revanche, elle indique que les syndicats FDSEA et JA s’opposent à la possibilité de mettre une franchise au versement de cette indemnité mais se dit satisfaite que la FCO8 et 3 soient indemnisées dans le cadre du fonds d’urgence, soit dans les six mois à venir et non pas à la fin de l’année si ces paiements étaient intervenus via le FMSE. « C’est une belle victoire FDSEA-JA », se félicite Jérôme Crozat.

Enfin, il a été question des prochaines élections aux chambres d’agriculture qui se dérouleront au mois de janvier. « Nous serons présents, comme nous l’avons toujours été, avec un fort taux de participation », déclare encore le représentant syndical.
Il revient sur la rencontre avec les parlementaires isérois en déplorant l’attitude des groupes NFP et RN qui ont voté la motion de censure plongeant le pays dans l’impasse avec des conséquences des plus dommageables pour l’agriculture. Plus inquiétant encore, il constate « le besoin des formations des députés » car « beaucoup n’y connaissent rien », surtout en matière d’agriculture. « Un seul connaissait ses dossiers et était capable de les défendre », note-t-il amèrement. Et de rappeler le rôle important des corps intermédiaires dans le fonctionnement des institutions.
Isabelle Doucet