Patrimoine
Le musée archéologique du lac de Paladru livre les secrets des vestiges engloutis
Grâce aux nombreux vestiges découverts sous les eaux du lac de Paladru, le musée éponyme propose aux visiteurs un voyage dans les temps du Néolithique et de l’an Mil.
Cela faisait plus de 50 ans que les acteurs locaux du territoire de Paladru dans les Terres froides, avaient en tête la création d’un musée qui exposerait les vestiges remontés des eaux du lac depuis les années 1970. Ce projet a vu le jour en juin dernier. Il renforce la dimension touristique du secteur.
Ce nouveau musée, original par sa forme qui rappelle la pirogue extraite du lac, permet de découvrir grâce à ses collections composées de 600 objets, la vie qu’il y a eu à ces endroits aux époques du Néolithique et de l’an Mil, dans les sites des Baigneurs et de Colletière.
Une enquête
De part et d’autre du musée, deux allées, deux époques, deux territoires correspondants aux deux sites implantés sur les rives du lac, éloignés de quelques kilomètres l’un de l’autre. L’une présente les vestiges datant de 4 600 ans, soit de l’époque du Néolithique, l’autre ceux de l’an 1040.
L’ensemble de ces découvertes ont permis grâce à une enquête menée par archéologues et historiens, de raconter l’histoire, la vie de ces hommes, qui ont vécu sur les rives du lac durant ces périodes. S’il demeure encore de nombreuses interrogations, les visiteurs peuvent tout de même découvrir de nombreux aspects du quotidien de ces hommes.
Le Néolithique
Le site des Baigneurs au travers de la découverte d’un alignement de pieux, a révélé la sédentarisation d’une quarantaine de personnes qui étaient jusque-là des nomades, mais qui cherchaient un site nourricier pour s’installer.
« La fouille complète des lieux a permis de reconstituer avec précision, les cinq maisons et la vie quotidienne de ces familles, entre chasse, pêche et élevage, cueillette et cultures, fabrication d’outils en silex et de poteries, tissage et vannerie », explique Laurence Pinzetta, guide conférencière au musée.
Les outils trouvés laissent penser que ces hommes et ces femmes savaient aussi coudre, travailler le bois, la pierre, tisser… et la terre argileuse du territoire leur a permis de confectionner de nombreuses poteries, cuites sans four, simplement avec de la pierre chaude.
Ces hommes ont dû partir précipitamment à cause de la montée des eaux du lac. Les objets abandonnés en témoignent.
L’an Mil
Le temps a passé. Des périodes de réchauffement climatiques ont entraîné la montée des eaux du lac puis ont été suivies de refroidissements. Après cette première occupation, des populations gallo-romaines ont investi sporadiquement les rives du lac pour pêcher, récolter le chanvre ou les roseaux (1).
La deuxième collection du musée présente quant à elle, les vestiges de l’époque de l’an Mil, où une nouvelle population s’est installée, dans un autre site que celui des Baigneurs, enseveli durant cette période à cause de la montée des eaux, et dénommé Colletière.
« Nous sommes au Moyen-Age, dans une période de croissance démographique et d’émergence des pouvoirs féodaux. Le royaume dirigé par Rodolphe 3 est constitué de trois zones avec trois capitales : Genève, Lyon et Vienne. Le maillage religieux est également bien en place avec les archevêchés de ces mêmes villes et de Grenoble. Un puissant seigneur commande à un groupe d’une soixantaine de personnes de s’installer sur les bords du lac. Ce sont des éleveurs et des pêcheurs, qui pratiquaient la tonnellerie et travaillaient le cuivre. L’implantation des maisons montre qu’il y a une hiérarchie sociale entre eux », indique Laurence Pinzetta.
« Les vestiges retrouvés (lambeaux de tissus, peignes, parures, fers à chevaux) ont fait dire aux historiens qu’on était en présence d’une élite, pas de paysans », ajoute la guide. Une nouvelle montée des eaux en 1040 a fait que ces hommes ont quitté ce site de Colletière pour aller s’installer en hauteur.
La visite guidée autour des objets exposés permet de bien s’imprégner de l’histoire racontée avec précision et force détails. Un joli voyage dans le temps dans un petit coin de l’Isère.
(1) Une tablette, installée au fond du musée, devant une baie vitrée avec vue sur le lac, montre l’évolution du territoire et des villages au fil du temps.
Isabelle Brenguier
Fouilles subaquatiques
Restés dans les eaux du lac pendant des millénaires, les objets récoltés grâce à des fouilles subaquatiques commencées en 1972, ont été protégés du temps qui passe. Celles du site Néolithique ont été dirigées par Aimé Bocquet et celles du site médiéval par Michel Colardelle et Éric Verdel. La création en 1973 du laboratoire du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) de Grenoble qui a vu la mise au point de procédés innovants, a permis la conservation hors de l’eau de ces objets en matériaux organiques.
Informations géographiques
Le lac de Paladru, connu aussi sous le nom de lac de Charavines, est le cinquième lac naturel d’origine glaciaire de France, dans le prolongement des quatre autres. D'une longueur légèrement supérieure à 5 km et d'une largeur maximale d’1,5 km, il a une profondeur de 26 mètres et une superficie de 3,9 km2.
Informations pratiques
Le MALP
51 rue du musée, 38850 Les Villages du lac de Paladru (Paladru)
Tél. : 04 56 26 16 16
musee.archeologique (@) paysvoironnais.com
Horaires
Période estivale
Avril à octobre : Du mardi au dimanche : 10h à 12h30 et de 14h à 18h
Juillet, août : du mardi au dimanche de 10h à 18h
Période hivernale
Novembre à mars : Samedi et dimanche : 10h à 12h30 et de 14h à 17h
Pendant les vacances scolaires de la Zone A du mardi au dimanche de 10h à 12h30 et de 14h à 17h.
A notre avis : Suivre une visite guidée (payante) permet de mieux comprendre les sites fouillés.