Transport
Vers un report de la nouvelle réglementation sur le freinage des remorques à 2025

L'obligation du freinage double ligne sur les engins tractés vendus à partir de 2021 pourrait être repoussée à 2025, le temps pour les constructeurs de s'adapter.
Vers un report de la nouvelle réglementation sur le freinage des remorques à 2025

Depuis le 1er janvier 2018, l'application de la nouvelle réglementation européenne 167/2013, dite « Tractors mother régulation » qui libère la vitesse de circulation des engins agricoles à 40, 50, voire 60 kilomètres à l'heure, oblige les constructeurs de livrer leurs tracteurs neufs équipés d'une double ligne de freinage. La loi ne précise pas si cette double ligne doit être hydraulique ou pneumatique. Mais la plupart des tractoristes ont choisi la double ligne pneumatique tout en continuant de faire cohabiter la simple ligne hydraulique de freinage, afin de pouvoir continuer à freiner l'immense majorité des remorques.
Rappelons que pour la France, la vitesse des tracteurs ne doit pas dépasser les 40 km/h à vide et 30 km/h pour les ensembles attelés d'une remorque à freinage hydraulique. Seules les remorques réceptionnées à 40 km/h, le plus souvent équipées de freins pneumatiques, peuvent circuler à cette vitesse.
Après l'étape de la « Tractors mother régulation » de 2018, le législateur impose, à partir du 1er janvier 2021 à tous les constructeurs d'outils traînés de plus de 1,5 tonne, comme les remorques, pulvérisateurs, épandeurs, etc. de livrer leurs matériels neufs équipés d'une double ligne de freinage. Il s'agit de la loi du 19 décembre 2016, mais cette échéance sera probablement reportée au 31 décembre 2025. Le nouveau décret devrait être publié dans l'été selon Axema, le syndicat des constructeurs, ce qui laissera un peu plus de temps aux constructeurs pour s'organiser.

Le freinage double ligne, qu'est-ce que c'est ?

C'est un système qui permet à la remorque de s'arrêter automatiquement en cas de décrochage. En système pneumatique, la cuve auxiliaire d'air installée sur la remorque envoie instantanément de l'air dans les pistons de frein en cas de rupture de l'attelage ou des tuyaux d'air. En hydraulique, c'est la même chose, sauf qu'il faut prévoir un accumulateur de pression à boule d'azote qui remplira la même fonction que la cuve d'air. Les constructeurs Le Boulch et Monroc, pour la partie essieux, présentaient d'ailleurs au dernier Sima un prototype de freinage double ligne hydraulique conçu avec l'équipementier Safim. C'est un système qui peut fonctionner avec un tracteur en simple ligne hydraulique. Une technique qui pourrait être intéressante pour les tracteurs vendus avant le 1er janvier 2018 et non équipés de double ligne.

Les constructeurs s'adapteront

Pour Georges Poncet, de l'entreprise éponyme, qui construit depuis 1951 des remorques et des tonnes à eau à Sallingy, en Haute-Savoie : « Nous adapterons nos matériels à la législation comme nous l'avons toujours fait. Dès 1961, nos remorques étaient toutes passées aux mines. Depuis 2014, nous avons fait réhomologuer tous nos plateaux fourragers et tonnes à eau pour les livrer avec une carte grise. Pour ce qui est du système de freinage à choisir au-delà de 2021, voire 2025, nous nous orienterons vers le pneumatique pour au moins deux raisons. La première parce que nous sommes aussi concessionnaire Massey Ferguson et que depuis le 1er janvier 2018, tous les tracteurs neufs sortis d'usine sont équipés en série du freinage pneumatique. La deuxième raison vient de notre fournisseur d'essieux pour qui il sera plus facile de nous les livrer en freinage pneumatique. En préparation à ces nouvelles règles, nous avons fabriqué pour l'industrie, l'année dernière, huit plateaux de 20 tonnes de charge utile, chacun était équipé de 4 essieux en freinage pneumatique. En fonction du nombre d'essieux, le surcoût du freinage pneumatique représentera environ 1 500 à 2 500 euros par remorque ».
Les lois de 2018, puis celles de 2021, voire de 2025 s'agissant des nouvelles règles de vitesses autorisées et de freinage des ensembles agricoles ne précisent pas si elles seront accompagnées de l'obligation pour le chauffeur de détenir le permis poids lourd ou encore d'utiliser un carburant non détaxé. Beaucoup semblent oublier la loi du 6 février 2014 qui interdit l'usage du GNR dans un tracteur qui réalise du transport public ou du TP. Espérons qu'elle ne s'appliquera pas au transport agricole ce qui pénaliserait ce qui va être un gain indéniable de productivité pour les agriculteurs.

Roland Saint Thomas

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