Fournitures
Les fournisseurs de produits agricoles sont sur le pont

Donner à manger aux animaux et aux hommes, effectuer les semis et les travaux du sol : en Isère, les fournisseurs de produits dédiés à l'agriculture ont mis tous les moyens en place pour ne pas déroger à leur mission prioritaire.
Les fournisseurs de produits agricoles sont sur le pont

Pas question qu'il y ait une seule entrave à l'activité agricole dans le département de l'Isère.

Les fournisseurs d'aliments pour le bétail, de semences et d'intrants ont mobilisé toutes leurs énergies pour répondre au plus près aux besoins des exploitations.

« Nous proposons tous nos services, nous sommes ouverts partout. Il faut que les bêtes mangent et les hommes aussi », lance Michel Payre, dirigeant du groupe Payre à Moirans. « C'est une grosse période d'activité agricole avec les semis de fourragères et de maïs ainsi que tous les traitements. Et si les semis ne sont pas en place maintenant, que mangeront-nous dans six mois ? »

Heureusement que vous êtes là !

L'entreprise s'est organisée afin que ses clients puissent être servis à l'extérieur des bâtiments. Les commerciaux travaillent par téléphone « afin de préserver les clients et les salariés »

« Les gens viennent chercher du blé pour leurs poules et des produits basiques en nous disant : heureusement que vous êtes là. Ce sont nos clients habituels et beaucoup de gens que nous ne connaissons pas. Dans les gros volumes, ce sont les semis de céréales. Mais il faut des matières premières. Nous avons appris qu'il y a trois fabricants d'engrais qui ont fermé. S'il n'y a pas d'engrais, on ne peut pas travailler. Ce n'est que le début, détaille Michel Payre. Les choses risquent de s'arrêter doucement. » 
Sur la route les chauffeurs de l'entreprise poursuivent leurs livraisons. « Ils ne se plaignent pas. On a besoin d'eux. »
Le dirigeant souligne l'engagement de l'Etat pour le monde agricole. Les messages de soutien, d'information qui arrivent aux entreprises tous les jours. Cela se traduit sur la route. Les camions de fourniture de matériel agricole sont identifés comme tels. « Il n'y a pas de souci avec la gendarmerie. Ils nous reconnaissent. Mais d'après les forces de l'ordre, tout le monde semble travailler pour l'agriculture ! »

Solidarité

Les activités énergie et maintenance du Groupe Payre sont les plus touchées par la crise sanitaire.
« L'activité chauffage est en chômage partiel. Nous n'assurons plus que les dépannages. Et pour le pétrole, si pour le moment nous livrons tout le monde, des quotas risquent d'être mis en place par le grouvernement en raison de la diminution des transports. »

Dans l'entreprise, c'est la solidarité qui a primé. « Les clients sont reconnaissants de cela. Nous recevons beaucoup de messages de soutien. Ça fait du bien », reconnaît Michel Payre.

Il ajoute : « Les gens commencent à comprendre ce que sont les agriculteurs. Ils ne sont plus considérés comme des pollueurs. »

Points de vente

La coopérative Dauphinoise a également mis en place une organisation particulière pour faire face à la crise.

« Dès le 18 mars, nous avons fait le choix de concentrer la distibution de produits agricoles dans trente sites (un peu plus de la moitié des sites de distribution de la coopérative ndlr). L'activité reste soutenue, avec les semis et les travaux de préparation des sols. Les agriculteurs sont dans leurs parcelles et les livraisons ont lieu directement depuis les plateformes », explique Véronique Unternahrer, responsable de la communication du groupe.

De l'autre côté de la chaîne, les silos expéditeurs continuent à fonctionner normalement, notamment pour approvisionner les clients meuniers.

La Dauphinoise maintient aussi l'ouverture de 33 magasins grand public. Mais la vente est encadrée et limitée aux produits alimentaires, ménagers, du terroir et aux produits pour l'élevage. Des mesures barrières ont été mises en place et les points de vente sont fermés le dimanche.

Garantir l'approvisionnement

« La nutrition animale est stratégique », reprend la responsable de la communication.

La coopérative concentre de nombreux efforts dans ce domaine pour assurer la fabrication d'aliments. Ses trois usines tournent à plein régime.

Les gammes ont été limitée afin de garantir l'approvisionnement de tous. Des mesures de prévention et de protection ont été adoptées avec notamment des parois érigées entre chaque poste de travail au centre de conditionnement.

Une équipe de désinfection est prête à intervenir au moindre doute.

Ces centres de production d'aliments pour le bétail ont reçu les renforts des technico-commerciaux. « La demande est très forte et nous préférons anticiper. S'il y a vraiment des besoins, nous préférons être prêts et pouvoir faire venir des personnes en renfort sur les sites. De cette façon, nous espérons tenir toute la crise. Nous avons la chance d'être un groupe avec de nombreux collaborateurs investis dans leur métier. »

Une nouvelle image de l'agriculture

La seule inconnue reste l'approvisionnement en matières premières. Déjà des difficultés apparaissent dans l'acheminement des tourteaux de soja, colza et tournesol.

Le pôle oeuf fait aussi partie des priorités de la coopérative. « Le niveau de commande est très important », rapporte Véronique Unternahrer.

Le conseil d'administration a fait le choix de n'ouvrir qu'une partie des sites de vente (agricoles ou aux particuliers) afin de préserver la santé des collaborateurs de la coopérative.

Mais, à l'image de nombreuses entreprises agricoles, c'est la solidarité qui prévaut pour maintenir l'activité.

« Un des effets posititifs de cette crise est la prise de conscience sans précédent du rôle de l'agriculture et la nouvelle image qu'ont les agriculteurs auprès de la population », constate à son tour la responsable communication de La Dauphinoise.

Isabelle Doucet