L’Association des maires ruraux de France (AMRF) a dévoilé une étude qui pointe d’importantes disparités en termes d’espérance de vie entre départements ruraux et départements urbains.
« À âge et sexe égal, l'indice de mortalité des bassins de vie ruraux est supérieur de 6 points à celui des bassins de vie urbains, ce qui correspond à 14 216 décès par an en plus en zones rurales que ce qui serait attendu si l'espérance de vie y était identique à celle des villes », souligne l’étude de l’Association des maires ruraux de France (AMRF) disponible sur son site Internet (www.amrf.fr). Selon cette étude réalisée avec le concours du professeur émérite des universités, Emmanuel Vigneron, « les écarts d’espérance de vie entre départements ruraux et département urbains se sont aggravés au cours des trente dernières années, pour atteindre près de deux ans d’espérance de vie en moins pour les hommes et un an pour les femmes ». Concrètement un homme en milieu hyper-rural n’avait une espérance de vie, en 2021, que de 78,8 ans contre 80,2 ans pour son alter ego vivant en zone hyper-urbaine. De même, une femme en zone hyper-rurale a une espérance de vie (84,9 ans) moindre que celle d’une femme hyper-urbaine (85,7 ans). L’AMRF concède toutefois que l’écart d’espérance de vie entre la ville et la campagne se réduit. Mais de nombreuses études ayant montré que la Covid-19 avait été plus létale en milieu dense, « cette réduction semble plus conjoncturelle que structurelle ».
Surmortalité
Autre enseignement de cette étude : un indice comparatif de mortalité (ICM), c’est-à-dire, le rapport entre le nombre de décès observés dans le département et le nombre de décès attendus, permet de pointer les disparités entre les régions et les départements. La carte ICM établie par l’AMRF souligne l’opposition qui existe entre centre urbain, sa périphérie et les zones rurales. L’AMRF s’inquiète aussi des effets de bordure, notamment de ces zones situées aux limites des départements et très souvent aux marges des régions à cheval sur deux ou trois des départements. C’est généralement là que les zones de surmortalité sont les plus importantes comme celles situées aux confins du Tarn-et-Garonne, du Gers et de la Haute-Garonne ou de l’Ardèche, de la Haute-Loire et de la Lozère.
Jeunes médecins
L’un des principaux facteurs de cette différence entre ruralité et urbanité sur cet aspect démographique tient en très grande partie à « la bombe à retardement que constitue l’accès aux soins » dans les campagnes, avait déjà souligné l’AMRF dans une étude de septembre 20201. L’association dénonçait déjà le fait qu’au moins 10 millions d'habitants vivaient dans un territoire où « l'accès aux soins est de qualité inférieure à celle de la moyenne des territoires français ». Parmi les régions les plus touchées : Centre, Champagne-Ardenne, Auvergne (hors Puy-de-Dôme) et Bourgogne. D’autres phénomènes sont à prendre en compte comme la sociologie des populations. On trouve en effet plus de cols bleus que de cols blancs en milieu rural, plus d’ouvriers avec des métiers pénibles que des professions intellectuelles. Or ces premiers ont également et globalement une espérance de vie moindre que les seconds.