Tourisme
Découvrir le pastoralisme en Vercors 

Isabelle Doucet
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Les éleveurs du groupement pastoral du Pic Saint-Michel ont organisé une journée de communication autour des enjeux liés à leur activité. 

Découvrir le pastoralisme en Vercors 
Pascal Ravix et son troupeau ovin sur l'alpage du Pic Saint-Michel (Crédit photo : Breteau)

« Pour beaucoup d’exploitations de montagne, les espaces pastoraux sont indispensables. C’est notre cas, sans cela, nous ne pouvons pas vivre ».
Depuis plusieurs années, Pascal Ravix, éleveur à Lans-en-Vercors, et les autres professionnels du Groupement pastoral du Pic Saint-Michel vont à la rencontre des visiteurs des alpages afin de les sensibiliser aux enjeux du pastoralisme.  
Le 10 août dernier, la journée de découverte a débuté sur l’alpage par un premier temps d’échanges, s’est poursuivie par la descente du troupeau à Lans-en-Vercors et le tri des plus gros agneaux, puis par un repas autour de l’agneau d’alpage.
« Les gens qui font l’effort de se déplacer sont curieux du métier d’éleveur. Il y a beaucoup de familles, avec des enfants, et qui sait, cela peut susciter des vocations d’éleveurs ou de bergers chez les plus jeunes ? » 

Des agneaux sous label

Cette action de communication envers le grand public est portée par la communauté de communes des Quatre montagnes et le plan pastoral territorial. Hors crise sanitaire, elle rencontre un écho important.
« Nous présentons les raisons du pastoralisme, ses avantages et ses contraintes, poursuit Pascal Ravix. Cette année, nous avons de la ressource en quantité pour nourrir les animaux. La pérennité des exploitations en dépend. Mais le pastoralisme présente un intérêt pour tous. Il permet de maintenir les espaces de montagne ouverts grâce au pâturage. C’est aussi la production d’agneaux de qualité, qui reste une production extensive »
A ce titre, le producteur commercialise ses bêtes dans plusieurs réseaux labellisés : l’association des viandes agropastorales, agneau d’alpage – et la marque IsHère associée - ; la coopérative Agneau du soleil et la marque du Parc naturel régional du Vercors. 

Chiens de protection

Au fil des échanges, les visiteurs s’imprègnent de ce milieu si particulier de l’élevage en montagne.
« Les gens sont parfois surpris de la présence du loup alors que cela fait 20 ans qu’il est là », reprend le professionnel qui expose les difficultés liées à la prédation et à la mise en place de moyens de protection.
C’est notamment le recrutement de bergers avec une demande beaucoup plus forte que l’offre de main-d’œuvre. 
« L’an dernier, j’ai perdu 23 bêtes au cours d'une attaque », poursuit Pascal Ravix. Cette année, le climat semble plus calme sur cet alpage. Le site reste sous l’étroite surveillance de chiens de protection.
« Huit chiens suffisent à peine. Ce qui interroge sur le nombre de loups en présence. Face à des meutes composées de cinq ou six individus, il faut mettre plusieurs chiens. » Or cet alpage, situé à proximité immédiate de l’agglomération, est très fréquenté, voire sur-fréquenté.
« L’an dernier, les gens ne connaissaient pas le milieu et nous avons eu des soucis avec les chiens de protection. Cette année, seulement une seule personne, un trailer, s’est fait pincer », constate-t-il.

Des promeneurs avertis

« Ce sont des chiens comme les autres, qui ont des capacités cognitives que l’on se doit de mettre en œuvre. Mais, même s’ils sont très socialisés, on peut imaginer qu’ils sont soumis à la présence du loup au quotidien, ce qui les perturbe. Ils peuvent faire l’objet de combats et à cause de cela devenir plus agressifs. En 2020, j’ai perdu deux chiens de protection : tués, disparus, consommés par les loups probablement. »
L’éleveur souligne combien l’éducation de ces animaux est un travail long et difficile avant de les lâcher seuls dans la nature.

Avec force panneaux d’information disséminés sur l’ensemble de l’alpage et campagnes de prévention auprès des touristes, les bons gestes à adopter semblent commencer à être intégrés par les personnes qui fréquentent les alpages, remarquent les éleveurs.
Cette année, la communauté de communes a aussi recruté deux jeunes en service civique pour les missions de communication. 

Isabelle Doucet