SYNDICATS
Autour des feux de la colère, les élus régionaux

En fin de semaine dernière, Fabrice Pannekoucke, président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, s’est rendu sur des exploitations agricoles. L’occasion d’échanger sur les difficultés d’un monde en colère, et dont les mobilisations, à l’appel du réseau FNSEA et Jeunes agriculteurs, ont repris il y a une quinzaine de jours.  

Autour des feux de la colère, les élus régionaux
Le Jeudi 21 novembre, Fabrice Pannekoucke, président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et Laurent Wauquiez, conseiller régional spécial et député de Haute-Loire, sont venus sur une exploitation laitière à Saint-André-la-Côte (Rhône). ©MCSB

La colère gronde dans les campagnes. Les feux de la colère brûlent partout en région Auvergne-Rhône-Alpes, symboles d’un monde agricole qui attend encore du concret, notamment sur la simplification administrative, ou encore un signe fort de l’État pour une agriculture française et européenne souveraine. Une colère entendue par les hommes politiques régionaux qui ont pris la route pour deux exploitations agricoles, en fin de semaine dernière.

FCO-8 : les bovins aussi

Jeudi 21 novembre, Fabrice Pannekoucke, président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, accompagné de Laurent Wauquiez, conseiller régional spécial et député de Haute-Loire, s’est rendu sur une exploitation laitière à Saint-André-la-Côte (Rhône). À deux pas, à Saint-Martin-en-Haut, les bovins ont été touchés de plein fouet par la FCO-8. « 80 % des exploitations de bovins lait ont été impactées. Quarante-deux vaches sont mortes de la FCO-8 à l’échelle de la commune, et nous ne parlons pas des conséquences induites comme les avortements, la mortalité des veaux et des génisses ou encore la baisse de la production », a commenté Didier Bonnard, éleveur laitier de Saint-Martin-en-Haut et président du syndicat local FDSEA. Une détresse entendue du côté des élus régionaux qui ont affirmé travailler étroitement avec la profession agricole pour accompagner les éleveurs sur la recapitalisation. Au-delà de cela, tous s’accordent à dire qu’il faut dès maintenant « protéger les troupeaux pour la saison prochaine », en ayant des vaccins disponibles et une incitation vaccinale performante. Le 23 novembre, le président de Région et Olivier Amrane, vice-président en charge de l’agriculture, se sont déplacés en Isère pour rencontrer les trois associés du Gaec du Veyrand touchés par la crise du bio. Ils exploitent 32 ha de noyers, une quarantaine d’hectares de céréales et élèvent des poules.  « Ils ont fait le choix de segmenter les choses pour ne pas avoir tous leurs œufs dans le même panier. Toutefois, ils n’ont malheureusement pu toucher aucune aide du fait de leur diversification », a rapporté Jérôme Crozat, président de la FDSEA de l’Isère, espérant voir la France retrouver du bon sens.

« On va devenir transparent »

Les arboriculteurs aussi s’enflamment de colère. Bruno Ferret, arboriculteur à Chabannière dans le Rhône, a témoigné, empreint d’émotions, de l’évolution de sa filière où l’écologie prend de plus en plus de place. Pour l’exploitant, qui s’est installé en 2006, plus le temps passe, plus les agriculteurs sont démunis face à la l’interdiction de produits phytosanitaires sans alternative technique viable. « Nous sommes là pour soigner nos plantes. […] Avec le retrait du Karaté Zéon, par exemple, vous n’entendrez bientôt plus parler des filières cerises, abricots, pêches… Nous ne serons plus là. Il nous reste un an. » « À vouloir laver plus blanc que blanc on va devenir transparent », a clamé l’un des agriculteurs. Alors pour Michel Joux, président de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes (Aura), qui était présent le 23 novembre à Saint-Romans en Isère, il faut instaurer « un pacte de confiance entre les agriculteurs et la société. Des indicateurs doivent évidemment être mis en place, et ces derniers doivent être par moment contrôlés, mais la confiance est primordiale. L’agriculture doit être reconnue d’intérêt général majeur, comme cela a été promis au début de l’été. Il y a urgence. »

Projet viable et vivable

Une reconnaissance indéniable pour le monde agricole que la Région a réaffirmé lors des deux visites. « L’agriculture que nous voulons demain est un sujet fondamental », a souligné Fabrice Pannekoucke, avant de rappeler que la Région sera toujours aux côtés des agriculteurs, « pas une virgule budgétaire ne sera retouchée concernant les plans de filière », a-t-il affirmé. Le président a rappelé que la Région soutiendra des projets agricoles viables et vivables où les questions de la production et de l’alimentation demeurent centrales.

Marie-Cécile Seigle-Buyat

Sur le terrain

Fabienne Buccio rencontre les agriculteurs

Vendredi 22 novembre, Fabienne Buccio, préfète de la région Auvergne-Rhône-Alpes et du Rhône, s’est rendue sur une exploitation de bovins lait de Saint-Just-d’Avray (Rhône). Un déplacement considéré comme un signe encourageant par Michel Joux, président de la FRSEA Aura : « Le fait qu’une représentante de l’État vienne à notre rencontre prouve que nos revendications sont prises au sérieux ». L’occasion pour les agriculteurs de faire remonter leurs inquiétudes quant à l’indemnisation des éleveurs face à la FCO-8. « Les mortalités sont également importantes en bovins et les éleveurs concernés ne toucheront, pour le moment, que le Fonds national agricole de mutualisation du risque sanitaire et environnemental (FMSE). Les indemnités tomberont au mieux dans un an. C’est inacceptable », a tempêté Élise Michallet, présidente de la FDSEA 69 et membre du bureau de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes. Autre préoccupation soulevée par Rémy Longefay, l’un des associés du Gaec de la prairie qui a rejoint l’exploitation de Françoise et Emmanuel Ronzon il y a peu : la simplification. « Rémy a fait part de son incompréhension quant à la nécessité de fournir aux contrôles des structures toutes les autorisations d’exploiter quand on rejoint un Gaec déjà existant. Cette situation inquiète les propriétaires et alourdit les démarches d’installation », rapporte la présidente de la FDSEA 69, qui prône l’installation d’un coffre-fort numérique pour chaque exploitation et ainsi faciliter les démarches administratives.