Salon de l'agriculture
Les villardes dans leur salon

Isabelle Doucet
-

Depuis 13 ans, les vaches villardes entraînent tout le Vercors au Salon de l’agriculture. Paul Faure, le président de la coopérative Vercors lait est un habitué qui monte cette année avec vache et fromage.

Les villardes dans leur salon
Orientale et son éleveur Paul Faure. La villarde en plein exercice de marche pour apprendre à se déplacer avec calme dans le ring du SIA.

Orientale est plutôt gentille. Si on lui laisse faire ce dont elle a envie.
Cette vache de cinq ans fait partie des six villardes qui représenteront le Vercors lors du Salon de l’agriculture, à Paris, du 25 février au 5 mars.
Elle est née chez Bernard Idelon et Catherine Duboucher et vit depuis chez Paul Faure, au Gaec des Verts sapins, à Autrans. De race mixte, la bête de près de 500 kg n’est pas une des plus grandes laitières. Loin de là.
C’est comme ça avec les villardes, certaines produisent du lait, d’autres moins. Il faut dire que le cheptel est encore confidentiel : moins de 500 mères et une douzaine de taureaux.
Mais les éleveurs du  Vercors ont à cœur de promouvoir cette jolie vache à la robe froment, qui leur ouvre les portes du Salon de l’agriculture. On pourra les retrouver dans l’espace du Collectif des races de massif (Coram), dans le Pavillon 1.


Les villardes au SIA, lundi 27 février.

Comme tous les ans, le rassemblement des races à petits effectifs de la région (tarines, abondances, villardes) s’est effectué à La Motte-Servolex. Orientales est accompagnée de ses congénères des fermes de la Pierre de l’eau et Lionel Gaillard à Méaudre, du Gaec des Quatre vents à Villard-de-Lans, de la Ferme des Villardes à Izeaux et de la famille Gaillard à Corrençon-en-Vercors.
Sur place, ce sont les jeunes éleveurs qui prennent soin des bêtes et les conduisent pour leur présentation sur le ring, seules ou avec les chevaux du Vercors de Barraquand.
Les six vaches ont été sélectionnées pour leur morphologie parmi une douzaine de candidates.
Ce ne sont pas toujours les mêmes qui montent à Paris, mais certaines ont en plus de jolies cornes en lyre. « Nous serons placés juste à côté de l’égérie, commente Paul Faure, qui en est à sa 13e édition du SIA. Ce qui marche bien, c’est lorsque nous avons des vaches sur le stand. Beaucoup de monde s’arrête, notamment les télévisions. »

Carte de visite

Le président de la coopérative Vercors lait est en charge de l’acheminement des meules de bleu du Vercors-Sassenage à Paris. Il est un des rares à avoir le permis poids lourd.
« Je le charge avec mon épouse le jeudi soir et nous partons à 4 heures du matin pour Paris. Je fais habituellement le lancement du salon et la mise en place du stand. Je redescends le lundi et une nouvelle équipe prend le relais. »
L’affaire est désormais rodée. « Ce stand, c’est une très belle carte de visite pour le Vercors. Si le bleu du Vercors-Sassenage a désormais atteint sa vitesse de croisière, il faut continuer à mobiliser les jeunes, insiste Paul Faure. Il se crée une belle chose autour du salon en rassemblant les agriculteurs, l’office du tourisme, le parc naturel régional et les jeunes éleveurs. Cela crée une ambiance. Il y a de la relève, un engouement ! »
Il le rappelle : « C’est la villarde qui monte le Vercors au salon et nous ouvre les portes du hall 1. »
Alors les éleveurs essaient de lui rendre ce privilège. En 2020, le cahier des charges de l’AOP Bleu du Vercors-Sassenage a imposé 3 % de race villarde dans les troupeaux sous signe de qualité.
Chez Paul Faure, parmi les 90 montbéliardes, on retrouve trois villardes et deux génisses. « Cela permet d’avoir plus de femelles et un travail plus fin d’un point de vue génétique. Mais cela prendra plusieurs décennies pour la faire progresser la race. Il faut être économiquement lucide. Il y a quelques beaux spécimens, mais faut tomber dessus », déclare l’éleveur laitier. Tout le dilemme d’une race mixte. « Mais c’est notre identité, notre carte postale. »


Paul Faure exploite la ferme familiale avec son frère Éric. Les laitières produisent 550 000 litres, ce qui en fait la plus grosse ferme apporteuse de la coopérative Vercors lait. Avec les génisses, il y a 150 bêtes.
Si bien que le bâtiment, en logettes et caillebotis pour les laitières et aire paillée pour les génisses, a été agrandi à plusieurs reprises.
L’exploitation fonctionne selon un schéma montagnard. La SAU de 116 ha est destinée à la fauche et à la pâture autour de la ferme, de mai à novembre.
« Nous ne produisons pas de céréales, explique Paul Faure. L’inconvénient, c’est que le premier poste du Gaec, c’est l’achat d’aliments qui a beaucoup augmenté. »

Agriculture et tourisme

La ferme est largement ouverte aux visiteurs, notamment ceux qui passent dans le hameau pour découvrir le lavoir en toit de chaume réhabilité par le PNR.
Il y a aussi des groupes du centre de vacances de l’Escandille ou les résidents du gîte que la famille Faure vient d’ouvrir.
« Faut oser faire les choses », déclare Paul Faure, président de Vercors lait depuis 2007, conseiller municipal durant de longues années et qui ne se départit pas de l’envie de mener des projets.
Même « si ici tout est compliqué », comme il le reconnaît, dans le jeu des équilibres qui font le caractère du Vercors, entre développement touristique et préservation de l’agriculture. Les deux allant de pair.
C’est un territoire où même une création d’alpage peut être source de tracas. « Il faut travailler intelligemment », déclare Paul Faure qui fait valoir les aménités environnementales du jardinage et des ouvertures de paysages apportées par l’élevage.
Isabelle Doucet

Le programme du Vercors au Salon de l'agriculture

Les races locales du Vercors en présentation
Sur le grand ring - Mardi 28 février à 14 h 00
Présentation des races locales du Vercors : la vache Villard-de-Lans et le cheval du Vercors de Barraquand.

La vache Villard-de-Lans
Sur le ring de présentation - samedi 25 février à 15 h 30, dimanche 26 à 14 h 30, lundi 27 février à 13 h 30, jeudi 4 mars à 17 h 00.

Le cheval du Vercors de Barraquand
Sur le ring équins - presque tous les jours
Au Concours général agricole, le Trophée national des chevaux et poneys de races reconnues
Dimanche 26 : Épreuve maniabilité montée spéciale de 12 h 40 à 13 h 50
Lundi 27 : Épreuve de travail en main de 14 h 00 à 15 h 00
Mercredi 1er : Épreuve de saut d’obstacles de 13 h 20 à 13 h 30 et 16 h 30 à 17 h 20
Mercredi 1er : Épreuve de maniabilité attelée de 18 h 00 à 18 h 50

Le bleu du Vercors-Sassenage
Dégustation de la vercouline (le bleu du Vercors-Sassenage fondu sur une tranche de pain). Sur le stand de la Villard-de-Lans, village du Coram, Hall 1, tous les jours à 10 h 30 et à 16 h 30 et le samedi 25 février à 9 h 30 sur le stand de la Drôme Hall 4.

Fabrication en direct
Samedi 25 février à 9 h 30 sur le stand de la Drôme Hall 4. Sur le stand de la Villard-de-Lans : tous les jours du dimanche 26 février au vendredi 3 mars à 14 h 30 et le samedi 4 mars à 10 h 30.
Sur le stand de la région Auvergne-Rhône-Alpes (village du Coram - Hall 1)
Vendredi 3 mars à 10 h 00 et à 13 h 30, présentation de la Villarde & présentation, dégustation du bleu du Vercors-Sassenage ; à 15 h 30 une fabrication en direct en plus des présentations et dégustations.
Présentation des bleus de caractère : bleu du Vercors-Sassenage, bleu de Gex et fourme de Montbrison : mercredi 1er mars à 10 h 30.

Pratiques agro-écologiques prairies et parcours au Concours général agricole
Vendredi 3 mars à 14 h 00
Deux lauréats locaux du Vercors : Élodie et Zacharie Belle, de la Bergerie de la Rouye à Bouvante, concourent dans la catégorie « Prairies de fauche », et Anne et Sébastien Revol, ferme de la Cîme du Mas, installés à La Chapelle-en-Vercors, dans la catégorie « Prairies pâturées ». 

Préparation avant de monter à Paris : opération rasage pour la villarde.