BIOGAZ
Didier Saussier (AFG) : « Parmi les régions les plus dynamiques de France »
L’Association française du gaz (AFG) Auvergne-Rhône-Alpes a tenu son assemblée générale le 28 avril dernier. Parmi les sujets abordés, l’essor de la méthanisation a occupé une part importante des débats. Le point avec le président de l’AFG Auvergne-Rhône-Alpes, Didier Saussier.
En quelques mots, qu’est-ce que l’Agence française du gaz (AFG) ?
Didier Saussier : « L’AFG, c’est une association nationale qui regroupe l’ensemble des syndicats professionnels et la plupart des entreprises du secteur gazier. L’AFG nationale se divise en huit AFG régionales, dont celle de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Notre objectif à l’AFG Auvergne-Rhône-Alpes, c’est de contribuer au développement du gaz vert, de soutenir la filière industrielle tant par rapport aux enjeux de recrutement que de formation ou par la facilitation de projets. Au sein de notre association régionale, nous avons des entreprises historiques comme Engie, GRT Gaz, ERDF ou Gaz et électricité de Grenoble mais aussi des entreprises prometteuses comme Prodeval, passée en quelques années de 6 à 250 salariés, ou Waga Energy, qui après sept ans d’existence vient de rentrer en bourse. Nous représentons par ailleurs des entreprises qui n’en sont pas encore à ce stade de développement comme Deltalys mais aussi des entités territoriales comme Biogaz Vallée ou le Pôle de compétitivité Tenerrdis. »
Quelle est la place de la région Auvergne-Rhône-Alpes dans le développement du biogaz ?
D.S. : « Nous sommes parmi les régions les plus dynamiques de France, même si les Hauts-de-France ou encore le Grand Est sont aujourd’hui plus performants que nous. Nous avançons à un rythme très prometteur, avec plusieurs dizaines de sites déjà construits qui méthanisent et injectent du biogaz dans le réseau, et une centaine de projets qui pourraient aboutir dans les prochaines années. Le développement du biogaz est aussi inhérent au type d’agriculture présent sur le territoire en question. En Auvergne-Rhône-Alpes, notre agriculture est moins céréalière qu’ailleurs, c’est pourquoi nos sites de méthanisation sont en moyenne deux fois plus petits qu’au niveau national. Chez nous, c’est plutôt l’élevage qui représente le plus grand nombre de sites et de projets. Il peut arriver qu’un agriculteur seul se lance dans un projet de méthanisation mais comme il faut généralement atteindre un minimum d’intrants, c’est donc plus simple à plusieurs. Rappelons d’ailleurs que la fourchette d’investissement pour un site de méthanisation, c’est de trois à dix millions d’euros. »
Les dispositifs de soutien pour les porteurs de projets sont-ils aujourd’hui suffisants ?
D.S. : « Au niveau régional, il existe aujourd’hui une véritable politique d’incitation pour le développement de projets de méthanisation. Au total, entre vingt et trente millions d’euros ont été mis sur la table au cours des quatre ou cinq dernières années. Pour chaque projet, cela représente entre 5 et 15 % de l’investissement total qui est financé par la Région. Au niveau national, les dispositifs de soutien ont pas mal évolué il y a deux à trois ans ce qui a permis d’aider à monter de nombreux projets. Notons aussi qu’aujourd’hui, les fournisseurs de gaz passent des contrats encadrés par l’État sur quinze ans en contrepartie d’un engagement à proposer un certain volume de gaz verts. Cela les incite donc à aller directement au contact des producteurs, notamment des agriculteurs. Néanmoins, j’attire l’attention sur le fait qu’après s’être bien développés, les dispositifs de soutien manquent aujourd’hui d’ambition ce qui inquiète de nombreux acteurs gaziers. »
Quels leviers comptez-vous actionner pour accroître l’essor du biogaz à l’avenir ?
D.S. : « Il existe aujourd’hui un vrai enjeu autour de la mise en lumière des métiers de la filière gazière. Il y a deux ans, nous avons par exemple lancé avec l’Institut des ressources industrielles de Lyon une nouvelle formation de technicien biogaz qui répond bien aux besoins des entreprises. Nous montons aussi avec Pôle Emploi l’opération « La route du gaz », qui consiste à amener des personnes sans qualification vers des cursus basés sur l’immersion en entreprise. C’est ce type d’approches innovantes qui nous permettront de mieux faire connaître le biogaz à l’avenir et de mobiliser tout un écosystème autour de son développement. »