Conduite d'exploitation
De l'agriculture raisonnée à la HVE 3

Isabelle Brenguier
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Préoccupé par les questions environnementales depuis son installation, Michaël Muguet a franchi le cap de la certification HVE 3 l'année dernière.

De l'agriculture raisonnée à la HVE 3
Installé en céréales à Penol, Michaël Muguet, poursuit, année après année, son engagement en faveur de l'environnement. Ici, il est devant ses bandes enherbées fleuries.

Une conduite raisonnée de son exploitation pendant de nombreuses années. Des bandes enherbées fleuries dans le cadre d'un PSE (Paiements pour services environnementaux). Des plantations de haies avec la société de chasse du secteur. Une adhésion au groupe Dephy *. Et maintenant, une certification HVE 3. 

Michaël Muguet, installé en céréales à Penol, poursuit, année après année, son engagement en faveur de l'environnement. « Ce n'est pas un plaisir d'appliquer des produits sur nos cultures. Alors, tous ceux qui ne sont pas indispensables, je m'en passe de façon à avoir une production la plus saine possible », assure l'exploitant, qui s'est fait certifier en HVE 3 (Haute valeur environnementale) en fin d'année dernière. 


Sensibles à ces questions depuis longtemps, Michaël Muguet est accompagné de près par la Chambre d'agriculture de l'Isère, qui le conseille au niveau des applications d'herbicides et de fongicides ainsi qu'en matière d'apports d'engrais. Cette année, il a la fierté de ne mettre ni insecticides, ni herbicides sur ses colzas, et « ça marche », confirme-t-il, enthousiaste. Les abeilles butinent ses bandes enherbées fleuries et quand il va resemer à la mi-août, les altises (coléoptères appartenant à l’ordre des chrysomèles) préféreront les fleurs à la culture. 

Pas trop contraignant

Grâce à ces pratiques, son IFT (indice de fréquence de traitement) a diminué, ce qui lui a permis de s'engager pour obtenir la certification HVE 3, sans devoir apporter trop de changements dans sa conduite d'exploitation. « Cette certification s'inscrit de façon cohérente dans mon parcours. Et elle répond aux attentes de marchés de la maison François Cholat, à qui je vends ma production et qui a besoin de produits certifiés pour les cantines scolaires. En plus, je n'ai pas trouvé que le cahier des charges à respecter était trop contraignant. Je pense qu'il est plus adapté pour moi que celui de la bio. Car, en HVE, si la situation le nécessite, on a quand même la possibilité de faire des rattrapages avec certains produits. C'est une sécurité », précise l'agriculteur. 

Valorisant

Ces changements de pratique ont eu comme conséquence une petite diminution des volumes produits. Mais ils sont compensés financièrement grâce à une meilleure valorisation. Le céréalier apprécie. D'autant que c'est plus valorisant pour lui de travailler ainsi. 

Pour réaliser le dossier d'engagement, Michaël Muguet a été accompagné par Christelle Chalaye, conseillère à la chambre d'agriculture. « Je n'ai pas géré la paperasserie. Christelle s'est occupée de tout, et notamment de tous les calculs liés à l'IFT. C'était très bien », indique l'agriculteur, qui espère pouvoir continuer longtemps dans cette démarche.

Carrossier de métier, Michaël Muguet s'est installé à Penol en 2014, en rassemblant les fermes de son père et de son beau-père. Sa démarche lui a permis de créer une structure viable de 102 hectares de céréales.

* Dephy, pour « Démonstration, Expérimentation et Production de références sur des systèmes de culture économes en produits pHYtosanitaires »

Isabelle Brenguier

Certification naturelle
Le Gaec de Belle Étoile, dans le massif de Belledonne, vient de se faire certifier HVE en mai dernier.
Pratiques respectueuses

Certification naturelle

Le Gaec de Belle Étoile, dans le massif de Belledonne, vient tout juste de se faire certifier HVE. Ses associés s'en réjouissent. 

Une reconnaissance de leurs - bonnes – pratiques. Un moyen de montrer aux consommateurs qu'ils sont soucieux de l'environnement et de leurs bêtes et que leur manière de travailler est en adéquation avec cet intérêt. Telles sont les raisons qui ont conduit Benoît, Benjamin et Alexandre Marouby, les trois associés du Gaec de Belle Étoile, à Theys, dans le massif de Belledonne, à s'engager dans la démarche HVE 3 (Haute valeur environnementale) en mai dernier.

« Nous étions à la recherche d'une certification qui validerait la qualité de nos pratiques quand nous avons été contacté par la Chambre d'agriculture de l'Isère qui proposait une action collective de certification HVE. Quand nous avons examiné les exigences requises par ce label, nous avons constaté qu'elles correspondaient tout à fait à nos pratiques. Nous n'avons pas eu besoin de changer quoi que ce soit. C'est ce qui nous a amené à nous faire certifier », explique Julie Gimer, la compagne d'Alexandre Marouby. 

Production de qualité

Installés à 850 mètres d'altitude sur une surface de 76 hectares, les trois agriculteurs élèvent un troupeau de 120 bêtes, dont une cinquantaine de vaches laitières, et produisent 300 000 litres de lait. Ils en commercialisent 270 000 litres à la coopérative Sodiaal et transforment le reste en yaourts, fromages blancs et autres crèmes desserts, qu'ils vendent à des grandes surfaces implantées à proximité et à des structures collectives telles qu'Ehpad, hôpitaux et cantines scolaires. 

Julie Gimer estime que la certification HVE leur permet de montrer aux clients qu'ils ont déjà qu'en plus d'acheter des produits locaux, ils achètent aussi des produits de qualité reconnus. La jeune femme pense aussi qu'elle leur permettra de conquérir de nouveaux clients qui, dans le cadre de la Loi Egalim, sont en recherche de produits HVE. 

Toute récente, leur certification s'est faite « naturellement » dans la continuité de leurs pratiques agricoles respectueuses de l'environnement, et grâce à l'accompagnement de la chambre d'agriculture. « C'était rassurant d'être ainsi soutenus dans les démarches administratives. Comme le dossier est assez compliqué, nous étions sûrs de ne pas commettre d'erreur », ajoute-t-elle. 

Isabelle Brenguier

Au plus près des besoins

Accompagnement consulaire /

Identifiée comme structure porteuse de démarche collective en matière d'HVE, la Chambre d'agriculture accompagne les agriculteurs du département dans leur démarche de certification. Les exploitants intéressés doivent se faire connaître rapidement.

 

La Chambre d’agriculture de l'Isère accompagne les agriculteurs dans leur parcours de certification HVE (haute valeur environnementale) sur les niveaux 1 (mise aux normes réglementaires de la conditionnalité PAC) et 3. En effet, si les exploitants gardent la possibilité de réaliser leur dossier par eux-mêmes, ils peuvent se faire aider d'un organisme tel que la chambre d'agriculture, de façon individuelle ou collective. 

Composition administrative

Lui-même certifié comme structure porteuse de démarche collective en matière d'HVE, l'établissement consulaire vient d'accompagner 29 exploitations agricoles iséroises. En procédant ainsi, elles ont profité d'un parcours simplifié, puisque l'organisme certificateur a analysé seulement la structure porteuse et un échantillon d'exploitations pour vérifier que tout était conforme. Dans cette situation, la chambre d'agriculture s'occupe de toute la composition administrative du dossier et vérifie que les conduites des exploitations sont conformes aux exigences requises par la certification, notamment en termes d'enregistrement de pratiques et de calcul d'IFT (indice de fréquence de traitement). Elle est aussi présente lors des audits réalisés par l'organisme certificateur et poursuit ce suivi durant les trois années pour lesquelles la certification est délivrée. Le montant de la prestation est variable selon les situations, entre 800 et 1 500 euros. Mais dans le cadre du dispositif France relance, un crédit d’impôt de 2 500 euros est possible si la certification est obtenue avant la fin de l'année. Les agriculteurs intéressés doivent se rapprocher des services de la Chambre d'agriculture de l'Isère pour commencer la démarche au plus tard le 1er septembre. 

Temps de suivi

Conseillère à la Chambre d'agriculture de l'Isère, Mélanie Hovan suit de près le dossier HVE. Elle constate que les agriculteurs s'engagent dans la démarche HVE pour plusieurs raisons. Certains parce qu'ils veulent intégrer la marque IsHere et que cette certification fait partie des pré-requis. D'autres parce qu'ils ont des pratiques proches des exigences demandées et que sans faire trop d'efforts, ils peuvent obtenir la labellisation et satisfaire une demande des consommateurs. D'autres, parce qu'ils ont reçu une obligation de leur collecteur. D'autres encore parce qu'ils sont en bio et que la double certification leur semble intéressante parce que les deux ne couvrent pas les mêmes domaines. Pour autant, Mélanie Hovan prévient : « Comme toute démarche de certification, la HVE impose des temps de suivi. Et même si dans certaines situations, les agriculteurs profiteront d'une meilleure rémunération, cela ne sera pas forcément le cas. Bien sûr, dans certaines filières intervenant sur des marchés de niche, cela peut être un atout supplémentaire, mais il ne faut pas que ce soit la seule motivation », explique-t-elle. 

IB