Apiculture
Miel : retour à la normale pour la récolte 2020

Malgré une météo capricieuse en juin et quelques aléas, la récolte 2020 s’annonce être un soulagement pour les apiculteurs isérois.
Miel : retour à la normale pour la récolte 2020

Après une récolte catastrophique en 2019, les apiculteurs reprennent espoir cette saison. « Je devrais atteindre les huit tonnes de miel d'ici mi-août : c'est la quantité nécessaire pour que mon entreprise soit rentable », évalue Gilles Roche, apiculteur à Saint-Christophe-en-Oisans, dans le massif des Ecrins. Pour lui, si « la saison n'a rien d'exceptionnel », elle est tout de même bien meilleure que la précédente. « Pour une bonne récolte, la météo doit alterner entre beau temps, pluie et sécheresse », explique-t-il. 

Une miellée compliquée

Selon l'association ADA Aura*, la récolte de miel d'acacia dans le département a été décevante : environ 5 kg par ruche pour les professionnels. « Pour une trentaine de ruches, j'ai récolté 180 kg d'acacia », précise Olivier Courtois, apiculteur à Saint-Marcel-Bel-Accueil, près de Bourgoin-Jallieu. « Il a manqué trois ou quatre jours de beau temps pour l'acacia, qui fleurit début mai », regrette-t-il. Les récoltes de châtaignier et de tilleul ont suivi, moyennes elles aussi. En cause, la météo capricieuse du mois de juin.
Cette année, la récolte est marquée par la présence de miellat, liquide sucré excrété par des insectes parasites et recueilli par les abeilles. Yann Bresson, apiculteur bio à Lancey, l'a constaté dans sa production et a subi quelques pertes. « Le miellat rejeté par les plantes est facile à extraire, mais celui produit par les pucerons est compliqué, voire impossible à enlever. » De ses 300 ruches, il a récolté deux tonnes de miel et en attend quatre d'ici mi-août.

Un printemps pourtant prometteur

La saison avait toutefois très bien commencé. La météo estivale du mois d'avril a coïncidé avec la floraison de la nature, donnant lieu à une « très belle récolte de miel de printemps » pour Olivier Courtois. « Le début de saison était prometteur, j'ai récolté 420 kg en mai ». Le taux de mortalité des abeilles durant l'hiver n'a pas explosé comme l'année précédente, et s'est maintenu à 10% de perte pour l'apiculteur. « Ceux qui disent que le confinement est la cause des bonnes récoltes n'ont rien compris », commente-t-il.

Par ailleurs, pendant la crise du Covid-19, les ventes de miel en magasin sont restées stables. Avec 360 ruches en production, Gilles Roche produit cinq types de miel, ainsi que du pollen et de la propolis. Le confinement l'a privé des marchés et foires, qui représentent habituellement la moitié de son chiffre d'affaires. Néanmoins, il reste satisfait de l'impact de la période sur sa production : « J'ai vendu un peu plus en demi-gros aux magasins, et j'ai pu me concentrer sereinement sur l'élevage, la gestion des colonies et la mise en production ».

La récolte n'est pas encore achevée pour le miel de montagne. Pendant l'été, Olivier Courtois transhume ses ruches de sapin dans la Loire, puisqu'elles ont besoin de fortes chaleurs. Malgré cela, la météo instable et les orages récents ont quelque peu abîmé les fleurs. « La production de miel de montagne est trop aléatoire pour prévoir, elle peut varier de 0 à 500 kg », relate l'apiculteur. En septembre, les ruches seront ramenées à leur terrain d'hivernage pour des vérifications et traitements anti-acariens, contre le varroa notamment et autres ravageurs de ruches.

Coline Mollard

*Association pour le développement de l'apiculture en Auvergne-Rhône-Alpes