FILIÈRE ÉQUINE
Éleveurs de chevaux et centres équestres à la peine

Sébastien Duperay
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Mise à l’arrêt pendant le confinement, la filière équine régionale peine à redémarrer. Le point avec son représentant à la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes, Jacques Talagrand.

Éleveurs de chevaux et centres équestres à la peine
Jacques Talagrand, représentant de la filière équine à la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes et membre du conseil d’administration à la FNC (éleveurs de chevaux, FNSEA).

Les activités équines régionales sont frappées de plein fouet depuis le début de la crise sanitaire. Pour les élevages de chevaux, le confinement a eu des répercutions sur les saillies des juments. La circulation des personnes a été interrompue pendant la période, voire très limitée, pour autant « il y avait quand même des possibilités de se déplacer pour certaines activités, explique Jacques Talagrand. Résultat : un tiers des juments n’ont pas été saillies ce printemps ». Autre conséquence de la crise : l’arrêt net des ventes de chevaux. « Pour les éleveurs, il faut avoir les reins solides », commente le représentant de la filière équine à la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes et membre du conseil d’administration à la FNC (éleveurs de chevaux, FNSEA).

Les ventes de chevaux de loisirs ont repris dernièrement, annonce l’éleveur installé en Ardèche. « On sent un besoin de chevaux de loisirs plus important que d’habitude. Mais combien de temps cela va durer ? Il est vrai qu’il y a eu moins de saillies ces dernières années », analyse-t-il. Il voit également naitre un mouvement de société, où des personnes cherchent à investir dans des activités nature. L’élevage de chevaux de compétition risque, en revanche, de « souffrir dans les mois qui viennent », les grands rendez-vous équestres s’annulant les uns après les autres.

De 25 à 30 % de pertes 

En ce qui concerne les centres équestres, ils ont été durement affectés par la fermeture administrative qu’ils ont dû appliquer de mi-mars à mi-mai. En plus, « tous n’ont pas pu rouvrir au 15 mai, témoigne Jacques Talagrand. Il fallait que les cavaliers soient autonomes pour que les activités puissent reprendre. Or dans le tourisme équestre, ça ne se passe pas comme ça. » Beaucoup de ces centres orientés sur les activités équestres de tourisme n’ont rouvert que fin juin, accusant trois mois de manque à gagner et une perte de chiffre d’affaires estimée, pour l’instant, entre - 25 % et - 30 % depuis le début de l’année.

La reprise des activités a été timide au début de l’été, avant un emballement en juillet et surtout en août. « On s’est fait envahir. Les gens avaient vraiment besoin de partir en vacances, beaucoup de touristes sont restés en France, on a eu une clientèle nouvelle et au mois d’août, on n’arrivait plus à satisfaire la demande », se désole l’éleveur. Retour au calme ensuite, avec une rentrée sportive qui démarre de nouveau « timidement ». « On s’attend à de nouvelles pertes de chiffre d’affaires cet automne, même s’il est difficile de les quantifier pour l’instant. »

« Jamais on n’a été autant aidés »

Plusieurs dispositifs ont été mis en place pour venir en aide aux acteurs de la filière équine. Au niveau national, l’aide de l’IFCE (institut français du cheval et de l’équitation) permet de percevoir 100 euros par cheval ou poney de travail, plafonné à 36 animaux. La Région Auvergne-Rhône-Alpes accorde une aide exceptionnelle forfaitaire en investissement de 2000 euros par centre équestre ayant connu une perte de chiffre d’affaires. Environ 2000 euros sont également apportés dans le cadre de soutiens aux activités d’agritourisme. « Jamais on n’a été autant aidés », reconnait Jacques Talagrand. Ces aides vont permettre de soutenir des clubs en manque de trésorerie, mais qu’elles ne vont combler que « 15 à 20 % du trou », estime-t-il.

Sébastien Duperay