Méthanisation
Un pas vers l'indépendance énergétique

Morgane Poulet
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Après huit ans de préparation, le méthanisateur d’Eyzin-Pinet va enfin voir le jour pour contribuer à une production d’énergie verte et locale.

Un pas vers l'indépendance énergétique
Le chantier d'Agrometha, à Eyzin-Pinet, a démarré en octobre après huit ans de préparation.

« L’indépendance énergétique est plus que jamais d’actualité », ont scandé les agriculteurs à l’origine du projet de méthanisation à Eyzin-Pinet. Parce que les guerres mettent en péril l’accès aux énergies, ces derniers souhaitent faire prendre conscience à la population locale qu’outre le fait de participer à la transition énergétique des territoires, un méthanisateur permet aussi de gagner en indépendance.
Il s’agissait là du fond de leurs discours lors de l’inauguration du début du chantier du méthaniseur Agrometha, le 18 octobre. Alors qu’ils étaient en 2015 plusieurs dizaines à s’intéresser au projet, ils ne sont désormais plus qu’une équipe de dix pour un total de sept exploitations.
 
Transition énergétique
 
Coût de l’énergie, des engrais, utilisation d’intrants chimiques, obligation de diminuer son empreinte carbone, réchauffement climatique ou encore concurrence étrangère… Face à toutes ces difficultés, un groupe d’agriculteurs a choisi de s’unir pour créer Agrometha. Le gaz renouvelable produit sera injecté dans le réseau de ville et pourra même être consommé localement pour alimenter à la fois le chauffage de 1 545 logements neufs et 56 bus roulant au biométhane.
Et pour faire fonctionner le méthaniseur, les effluents d’élevage, les biodéchets ainsi que des cultures intermédiaires seront utilisés. Ces dernières seront plantées entre deux cultures alimentaires principales, sans pour autant entrer en concurrence avec elles. « Les cultures intermédiaires possèdent de nombreux avantages agronomiques, rappellent les porteurs de projet. Elles permettent de capter le carbone, d’améliorer la qualité des sols et d’allonger les rotations des cultures ».
Du digestat sera également engendré, c’est-à-dire qu’Agrometha produira un fertilisant naturel et inodore se substituant aux produits phytosanitaires. Il permettra de remplacer une partie des engrais de synthèse utilisés par les agriculteurs qui portent le projet. Et le contrat de 15 ans avec GRDF constituera un complément de revenu intéressant pour eux.
 
Indépendance renforcée
 
Agrometha représente ainsi un pas de plus vers l’indépendance énergétique, comme le rappelle Véronique Pinet, déléguée territoriale dans le Nord-Isère à GRDF. Alors qu’il y a douze ans, la France n’avait pas encore entamé sa production de gaz renouvelable, elle comprend aujourd’hui 600 méthaniseurs produisant l’équivalent de deux réacteurs nucléaires.
Des données encourageantes et qui vont dans le sens d’études menées par l’Ademe : la totalité du gaz utilisé dans le pays pourrait être renouvelable, avec un tiers issu de la méthanisation. Dans le cas d’Agrometha, 5 % de la consommation de gaz de Vienne Condrieu Agglomération seront couverts par le méthaniseur et pour les utilisateurs raccordés au réseau de gaz vert.
Sa mise en service en décembre 2024 constituera alors une parfaite illustration de « projet de territoire » faisant de l’agriculture française une agriculture « compétitive et verte », les félicite Christian Janin, le maire d'Eyzin-Pinet.

Morgane Poulet

Budget alloué au méthaniseur

Coût total : 7,5 millions d’euros
-       Région : 700 000 euros
-       Ademe : 500 000 euros
-       Département : 200 000 euros
-       Vienne Condrieu Agglomération : 185 000 euros et mise à disposition de tous les services techniques