Mercredi 13 mars, s’est tenue la conférence : « La gestion territoriale de l’eau : le rôle des chambres d’agriculture », présidée par Jean-Pierre Royannez, président de la chambre d’agriculture de la Drôme et avec les interventions de Sébastien Loubier, chercheur à l’Inrae et Nicolas Bonnefous, vice-président de la chambre d’agriculture de l’Allier.
Lorsque la loi sur l’eau de 2006 a commencé à cadrer les quantités d’eau prélevables bassin par bassin sur tout le territoire français, cela a posé de nombreux problèmes dans le monde agricole. Les agriculteurs ont dû revoir leur modèle de production alors même que leurs investissements s’appuyaient sur un tout autre modèle. Quelques années plus tard, les projets territoriaux de gestion de l’eau (PTGE) sont nés.
Une dynamique d’irrigation qui s’accroît
Au regard de changements climatiques qui s’accentuent au fil des années, les agriculteurs et les territoires tentent de s’adapter au manque d’eau par un choix de cultures plus résilientes. L’irrigation devient pourtant de plus en plus incontournable, pour entretenir certaines cultures. « La région est un territoire très diversifié », a expliqué Sébastien Loubier. « La vigne, le maraîchage, sont de vrais atouts, tout comme le maïs qui continue d’être une culture importante. Mais ces cultures sont vulnérables quant à leur dépendance en eau », a-t-il affirmé. L’irrigation des vignes dans le secteur de la Drôme a explosé, tandis que le maïs représente encore actuellement 36 % de la surface irriguée, suivi de près par les protéagineux. En Auvergne-Rhône-Alpes, Sébastien Loubier rapporte donc une forte dynamique régionale en matière d’équipement en irrigation. En 2020, une exploitation sur cinq est équipée : c’est 21 % de plus qu’en 2010. Dans l’ensemble, les exploitations équipées résistent beaucoup mieux, tandis que 25 % des exploitations non équipées ont disparu ces dix dernières années.
Créer le dialogue entre politique et agriculture
Compte tenu de cette conjoncture, Jean-Pierre Royannez le certifie, les chambres d’agriculture de la région ont un rôle fondamental à jouer en matière de gestion de l’eau. Pour les responsables, il faut tout d’abord analyser un territoire et ses caractéristiques, « nous aurons tous des gestions différentes », a assuré Jean-Pierre Royannez. Pour Nicolas Bonnefous, chargé de la questions « eau » dans l’Allier, il est indispensable d’éviter la rupture entre le monde politique et les professionnels de l’agriculture : « Très souvent, lorsqu’il s’agit de projets importants comme les PTGE, on ne parle plus technique. On plonge dans l’idéologie politique », a-t-il déploré. C’est ici que les représentants interviennent. Les PTGE étant particulièrement complexes et chronophages à mettre en place, il est nécessaire que des professionnels de terrain travaillent de concert avec les politiques, afin de s’assurer de la viabilité des projets et que tous les risques pris ne soient pas vains. En outre, les chambres doivent accompagner au mieux les agriculteurs des multiples filières et territoires, les conseiller, tout en poursuivant le développement de la recherche et de la valorisation des filières agricoles.
Charlotte Bayon