Syndicalisme
« Attirer des jeunes vers les métiers de l’agriculture »
Les Jeunes Agriculteurs d’Auvergne-Rhône-Alpes ont tenu leur congrès annuel à Méaudre le 15 avril. Le renouvellement des générations a été au cœur des discussions.
Certains départements, comme l’Isère, ont été pionniers dans la mise en place des pôles de transmission pour les départs à la retraite. Et pourtant, comme dans toute la région, il reste difficile de renouveler les générations. C’est ce qu’on constaté les Jeunes Agriculteurs d’Auvergne-Rhône-Alpes (JA Aura) lors de leur congrès annuel, ce 15 avril à Méaudre. Pour eux, permettre une bonne transmission et des installations passe par l’apport d’une vision sereine de leur futur aux jeunes agriculteurs.
Offrir une vision aux jeunes
« Des études nous disent que nous perdrons 25% de la production agricole française dans les cinq prochaines années », annonce Jean-Claude Darlet, président de la Chambre d’agriculture de l’Isère. D’où de longues discussions sur l’installation des jeunes et l’attractivité du métier lors du Sommet de l’élevage 2021.
L’installation de jeunes agriculteurs permet le renouvellement de jusqu’à 50% des actifs, ce qui justifie le fait que « les JA [aient] le devoir de promouvoir leur activité pour attirer des jeunes vers les métiers de l’agriculture ». Selon lui, il y aurait également un « gouffre entre les compétences demandées dans le métier et les compétences apprises dans les écoles », d’où l’importance de favoriser l’apprentissage dans les exploitations. « Il faut que nous en soyons les vecteurs, les porteurs, car il est très intéressant de mêler la théorie à la pratique », d’autant plus que cela permet aux jeunes de mieux se rendre compte des réalités du métier et de compléter leurs connaissances.
La loi Egalim dans le viseur
La loi Egalim, pour Etats généraux de l’alimentation, a pour objectif de mettre en place des prix justes afin que les agriculteurs vivent de leur travail et de les aider à faire évoluer leurs modèles de production. Or, les agriculteurs attendent encore sa pleine application pour s’assurer un avenir serein.
Dans l’Ain, le contexte géopolitique actuel inquiète, de même que l’augmentation des charges opérationnelles et structurelles et de matériel.
Dans l’Allier, même son de cloche : alors que le nombre de vaches allaitantes s’élevait à 220 000 il y a cinq ans, il est désormais de seulement 160 000. Dans la Loire, le contexte actuel pose également des problèmes quant à l’augmentation des charges. « Si la loi Egalim n’est pas respectée, nous ne savons pas comment nous pourront continuer d’installer des jeunes », explique Nicolas Lenoir, président des JA de la Loire.
Miser sur le local
En France, les dépenses accordées à l’alimentation se placent en troisième position derrière celles des transports et du logement. Le Covid a montré que la France n’était pas suffisamment autonome en alimentation – il faut compter plus de 20% d’importations, excepté pour les vins et les céréales – et donc pointé une nécessité de redévelopper la production locale.
En Isère, des initiatives se sont déployées. Céline Jeannin, responsable des services forêt et agriculture dans le parc naturel régional du Vercors, explique que l’agriculture est au cœur de l’identité du parc. Les Fermes du Vercors ont été créées pour faire connaître les agriculteurs et pour sensibiliser les habitants et les touristes. « Nous avons créé la marque Valeur Parc afin de jouer sur l’image et sur la qualité des produits de ce territoire », précise-t-elle. Il s’agit aussi d’aider les collectifs, comme Bleu du Vercors, à se structurer pour les rendre visibles.
Dans le département, « 96 collèges sont gérés par le département pour plus de 5 millions de repas pris par an », explique Fabien Mulyk, vice-président du Conseil départemental de l’Isère. Pour que les enfants accèdent à un repas à 2€ au lieu de 8€ dans les cantines iséroises, la collectivité a pris en charge la différence. « L’objectif est d’avoir tous les jours un repas de qualité mais également d’éduquer les enfants à une alimentation vertueuse : 24% des produits sont bio et 36% sont locaux », précise Fabien Mulyk.
Et pour que le reste des habitants mange local, le Pôle agroalimentaire a permis l’émergence de marques locales, comme Ishere, commercialisées en GMS afin de créer une confiance entre le consommateur et le producteur.