Gel

Les arbres fruitiers de nouveau victimes du gel

Dans la nuit du 3 au 4 avril, une vague de gel a parcouru la vallée rhodanienne. Afin d’estimer jusqu’à quel point les cultures ont pu être touchées et pour permettre le futur déclenchement d’aides, la Direction départementale des territoires (DDT) de l’Isère ainsi que la Chambre d’agriculture de l’Isère se sont rendues dans différentes exploitations.

Pessimisme chez les arboriculteurs

Stéphane Jay, arboriculteur au Gaec Maison Colombier, à Villette-de-Vienne, se montre pessimiste quant à la récolte 2022. Ses sept hectares de poires William ont été très touchés par le gel. « Nous faisons du jus de poire, de la compote, de la confiture et surtout de l’eau de vie », explique-t-il. « En 2021, nous avions récolté seulement 50kg de poires, ce qui est inférieur à la quantité qui reste habituellement sur les arbres après une récolte normale. »
Alors que les stations météorologiques de l’agglomération Vienne-Condrieu ont relevé une température de -3,1 degrés au moment le plus froid de la nuit et de -2,4 degrés à 4h30, les arboriculteurs sont pessimistes quant à leur récolte à venir. « En 2020, il n’y a eu qu’une seule nuit à -3 degrés et pourtant, nous avons perdu environ 80% de nos récoltes », explique Stéphane Jay.
Dans les exploitations, de nombreux bourgeons sont déjà tombés. Il y avait pourtant de belles fleurs sur les branches alors que rien ne s’était passé comme prévu. La floraison s’est en effet faite sous la neige et le temps a été très sec. Le climat n’a ainsi pas permis à la sève de monter dans les arbres fruitiers, ce qui a provoqué la chute d’une quantité conséquente de bourgeons.
Le Gaec Maison Colombier estime avoir perdu environ 80% de ses fleurs. Dans le meilleur des cas, les poires sont porteuses d’anneaux de gel, ce qui n’est pas dramatique pour faire de l’eau de vie, même s’il y a des pertes de rendement, mais qui rend le reste des activités plus difficile. Néanmoins, Stéphane Jay pense que ses fruits avec anneau tomberont car ils ont pour la majorité des pépins marron, signe qu’ils ne grandiront probablement pas.
Et dans les vergers environnants, les agriculteurs ont dû allumer des bottes de paille et faire brûler du bois afin de sauver le plus de fruits possibles.

Une anticipation difficile

En 2020, les stations n'avaient pas prévu de gel aussi important et la Chambre d’agriculture de l’Isère a ainsi eu du mal à faire reconnaître les calamités. Les agriculteurs ont finalement pu être indemnisés en septembre 2021.
Les arboriculteurs estiment que les stations météorologiques annoncent toujours deux degrés de plus que la température réelle. Les agriculteurs de l’agglomération de Vienne-Condrieu souhaitent donc mettre en place leur propre station afin que les données collectées soient plus précises et leur permettent de mieux anticiper les caprices de la météo. Ce projet ne sera néanmoins pas facile à mettre en place car il faut que les analyses de la station soient reconnues.
Bénédicte Bernardin, adjointe à la cheffe du service responsabilité unité foncier et vie des exploitations à la DDT, a annoncé aux agriculteurs qu’une nouvelle mission d’enquête serait organisée avant que les récoltes aient lieu, ce qui permettra d’estimer au mieux le pourcentage de perte dans les exploitations et donc de déclencher des aides adéquates.
Un nouveau fonds d’urgence à hauteur de 5 000€ sera également bientôt mis en place pour les agriculteurs ayant subi de grandes calamités.

Morgane Poulet