Les producteurs de fruits de la vallée du Rhône sont allés à la rencontre des responsables de la grande distribution pour manifester leur désaccord quant à la faiblesse des prix pratiqués.
Les producteurs de fruits de la vallée du Rhône ne sont pas contents. La défense du pouvoir d’achat des Français pèse durement sur les exploitations et tend leur relation avec la grande distribution.
Samedi 18 juin, une délégation de la section régionale fruits de la FNPF (Fédération des producteurs de fruits) est allée à la rencontre des directeurs de magasin de Carrefour de Salaise-sur-Sanne en Isère et Hyper U de Romans dans la Drôme.
En cause, le non-respect des prix de vente détail négociés avec l’AOP abricot-pêche-nectarine dans le cadre de la semaine de mise en avant des fruits de saison, telle qu’elle est décidée tous les ans.
Envolée des coûts de production, baisse des rendements
« Le prix de vente au détail des abricots avait été fixé à 2,99 euros le kilo. Les producteurs souhaitaient davantage, mais l’année étant convenable en termes de volumes de production, nous pensions que cela permettrait de développer les ventes. Cependant, nous avons vu les coûts de production flamber de 41 % et avons subi la sécheresse qui a fait baisser le rendement de 30 % en abricots », témoigne Jérôme Jury, représentant de la section régionale fruits.
La semaine dernière, les producteurs ont eu la mauvaise surprise de découvrir que le supermarché Carrefour de Salaise-sur-Sanne affichait des prix de vente consommateur à 2,79 euros le kilo.
« Avec les marges obligatoires de 10 % depuis la loi Egalim et l’application de la TVA, cela fait un abricot à 2,35 euros au producteur », explique l’arboriculteur.
Un jour plus tard, c’est Système U, qui toujours sans concertation, proposait un prix consommateur à 2,59 euros, ce qui implique un prix d’achat au producteur à 2,15 euros le kilo.
Les producteurs subissent les conséquences
« Nous avons décidé de rencontrer les distributeurs dans le cadre de ces mises en avant, reprend l’arboriculteur. Les producteurs subissent les conséquences de la pression sur les prix bas sous prétexte de défendre le pouvoir d’achat des consommateurs. »
Ils ont demandé que leur désaccord soit remonté dans chacune des enseignes.
« Pour sauvegarder l’agriculture française, on n’a pas besoin de rogner sur les marges », commente encore le responsable, ulcéré par le message de communication affiché par les enseignes.
Parce que non, tout le monde n’est pas content. Et surtout pas les producteurs.
Le message véhiculé par le supermarché dans les rayons fruits et légumes est trompeur, dans la mesure où cette campagne promotionnelle ne soutient surtout pas le pouvoir d’achat des producteurs français.
Bien au contraire.
Isabelle Doucet