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Produits régionaux

Le " Génépi des Alpes ", attend son IGP

La distillerie séculaire Cherry Rocher ne campe pas sur ses acquis. Le travail effectué pour l'obtention d'une IGP " Génépi des Alpes " transfrontalière avec l'Italie est la dernière stratégie mise en œuvre pour conserver l'assise gagnée au fil du temps.
Le " Génépi des Alpes ", attend son IGP

Un même nom pour la plante et la liqueur qui en est issue. Le Génépi est un symbole des montagnes alpines.

Ramassés dans le massif alpin, entre 1 500 et 2 000 mètres d'altitude au mois d'août au moment de sa floraison, ses brins sont utilisés, selon des procédés ancestraux de macération ou de distillation pour la fabrication de la liqueur, qui est, selon Eric Pinoncely, directeur général de la société Cherry Rocher, implantée à Bourgoin-Jallieu, « un vrai bon produit régional ».

D'où l'idée qu'ont eu les entreprises de spiritueux qui le fabriquent et le commercialisent de s'associer pour obtenir une IGP (Indication géographique protégée) « Génépi des Alpes » et ainsi ancrer encore plus ce produit dans son territoire.

Crédit photo : Cherry Rocher
Le Génépi des Alpes est dans l'attente de son IGP.

IGP bi-nationale

Une petite dizaine de sociétés d'alcools (dont Cherry Rocher, Bigallet, Delin, Meunier) s'est regroupée depuis trois ans pour travailler sur ce projet d'IGP, qui a comme particularité d'être bi-nationale, puisque les entreprises produisant du Génépi en Italie font partie intégrante de la démarche.

La production labellisée devra donc être issue des départements français des Alpes, du Piémont et de la Vallée d'Aoste, en Italie.

« A l'heure où l'Europe est sur toutes les lèvres, cette démarche s'inscrit comme un partenariat concret et sympa. C'est un vrai clignotant de l'Europe », souligne Eric Pinoncely.

Et d'ajouter : « Notre objectif est de raisonner au niveau de l'ensemble de la filière.

C'est la raison pour laquelle nous avons aussi associé les producteurs de Génépi », révèle Eric Pinoncely.

Constituées en Organismes de défense et de gestion (ODG), les entreprises ont élaboré un cahier des charges incluant différentes notions telles que les plantes et le degré d'alcool autorisés dans le mélange, qui a été déposé à l'Inao (l'Institut national des appellations d'origine).

Un premier enregistrement a été réalisé au niveau du Journal officiel.

La démarche est maintenant en cours d'examen au niveau européen.

Elle devrait être validée d'ici quelques mois.

« Emblématique de notre région »

L'obtention de l'IGP, ce label européen qui désigne un produit issu d’un territoire précis avec une qualité, une réputation, des spécificités liées à une origine géographique, est intéressante pour les entreprises intégrées dans le projet.

Même si chacune restera attachée à sa recette et à son produit, ce signe de reconnaissance garantira sa qualité.

« Nous espérons que ce label nous permettra de séduire un plus grand nombre de consommateurs, mais aussi qu'il suscitera un plus grand engouement des producteurs de plantes et des fabricants de liqueurs pour participer au développement de ce produit emblématique de notre région », souligne Eric Pinoncely.

Sans être une production confidentielle, le Génépi ne représente pas d'importants volumes.

Il est question de quelques dizaines de milliers de bouteilles, mais c'est un produit « qui répond à une demande régulière.

C'est un souvenir de nos régions. Au même titre que la gentiane et l'Absynthe, il fait partie de nos classiques », analyse le directeur de Cherry Rocher.

Isabelle Brenguier

 L'innovation, la clé de renouvellement de l'entreprise Cherry Rocher

si besoin
Conserver la tradition et développer la modernité, c’est la difficile combinaison que réalise la société Cherry Rocher, installée à Bourgoin-Jallieu.
Attachée à garder les produits traditionnels et régionaux tels que les liqueurs, les guignolets et autres crèmes de fruits qui ont fait sa renommée, la société est aussi à la recherche « de toutes les innovations pour plaire au plus grand nombre et répondre aux nouvelles attentes des consommateurs », indique Eric Pinoncelly, directeur général de l'entreprise.
Aussi, développe-t-elle de nouvelles gammes de produits prêts à l'emploi et faciles d'usage. C'est le cas des liqueurs modernes et des cocktails pétillants prêts à boire qui sont développés depuis quelques années.
« Les cocktails sont à la mode. Tout le monde veut en offrir à ses invités. Mais à la maison, il manque toujours un ingrédient pour le réaliser. Les recettes que nous avons mises au point sont prêtes à la consommation », explique le dirigeant.
Si l'innovation des produits est sans cesse privilégiée, la recherche d'un packaging original n'est pas oubliée pour autant. 
« Il faut savoir innover et se différencier pour toucher toutes les tranches d'âge et toutes les tendances de consommation », précise Eric Pinoncely.
Ainsi, les cocktails pétillants, en plus d'être vendus en bouteilles, ont été déclinés en fût. De la même façon, des sérigraphies spéciales ont été réalisées. 
« Par exemple, nous jouons sur la 3D ou sur des petits détails tels que du bronze à chaud pour rappeler les cuisines anciennes. Nous travaillons avec des agences spécialisées sur des emballages révolutionnaires. Notre objectif est de créer l'envie d'acheter grâce au packaging », dévoile le directeur. 
11,5 millions de chiffre d'affaires
La société Cherry Rocher est issue de trois entreprises.
L'usine historique de La Côte-Saint-André réalise les étapes de macération et de distillation des produits et accueille le musée des liqueurs.
Le site de Ruy, à coté de Bourgoin-Jallieu, rassemble le deuxième stade de fabrication, les opérations d'embouteillage, de contrôles qualité et d'expédition, le laboratoire de recherche et développement à l'origine de la création des nouvelles recettes, ainsi que le siège social.
Et la distillerie de l'Hermitage, créée à Saint-Genis-Laval, qui a rejoint le groupe en 1986, mais qui continue de commercialiser ses produits sous cette dénomination.
L'entreprise qui emploie 42 salariés réalise un chiffre d'affaires de 11,5 millions d'euros.
Sa production est segmentée en trois grands marchés : les sirops et liqueurs sur ses propres marques, et sur des marques distributeurs, ainsi que les produits à base d'alcool pour l'industrie agro-alimentaire.
Mais sa stratégie est de développer sa production haut de gamme, son cœur de métier.
La commercialisation est organisée sur l'ensemble du territoire mais assume une forte volonté de développement à l'export vers l'Europe, le Canada, les Etats-Unis et l'Asie (notamment le Japon, Taiwan, la Chine et l'Indonésie). 
IB