Sécurité
Faut-il rendre l’arceau obligatoire sur les quads ?
Pratiques et ludiques, les quads sont chaque année à l’origine de nombreux accidents, souvent dus au retournement de l’engin. Afin d’éviter les drames, des règles de base sont à respecter par le pilote et différentes solutions de protection existent.
Les quads sont assez courants dans les exploitations agricoles car ils permettent de se déplacer rapidement et s’utilisent aussi pour des tâches spécifiques, comme les traitements phytos, les apports d’antilimace ou encore pour repousser les rations.
Même s’ils reposent sur quatre roues, ces engins restent dangereux, car ils sont dépourvus de structure de protection.
« En France, la MSA a recensé 13 accidents du travail mortels avec des quads depuis 2013, dont 12 non-salariés. Une soixantaine d’accidents du travail sont enregistrés par an avec ces engins, majoritairement chez les exploitants agricoles », précise Benoît Moreau de la Caisse centrale de la mutualité sociale agricole (CCMSA).
Une mauvaise appréhension de la situation, une vitesse excessive, un mauvais positionnement sur la machine ou encore la présence d’un obstacle (branche, pierre…) peut vite conduire au retournement du quad ou à l’éjection du pilote et/ou de son passager.
Les plus chanceux s’en tirent avec une belle frayeur et quelques égratignures, mais les cas plus graves font état, s’ils s’en sortent, de fractures, de traumatismes crâniens ou de dégâts à la colonne vertébrale.
Des engins interdits aux mineurs
« Les quads font partie des machines expressément citées dans le Code du travail comme étant interdites aux mineurs dans le cadre professionnel, sans possibilité de dérogation », rappelle Benoît Moreau.
Ces engins ne sont donc pas à mettre entre toutes les mains et il est indispensable d’être formé à leur conduite. « Il faut être particulièrement vigilant lors de l’utilisation d’outils, de machines ou de cuves embarquées sur les porte-bagages, car ces accessoires agissent sur le comportement et la stabilité. Certains travaux empêchent même d’avoir les deux mains sur le guidon, comme le désherbage à la lance sous les clôtures ou de ronds de mauvaises herbes », souligne le conseiller en prévention des risques professionnels.
La MSA Midi-Pyrénées Nord a, dans ce sens, édité une plaquette illustrée précisant les règles à respecter et intitulée « Conduire un quad en sécurité sur une exploitation agricole ».
Leur utilisation demande de rester vigilant et de respecter quelques consignes, en commençant par faire la démarche de l’assurance.
Le port d’un casque réglementaire doit être systématique, même si certains types d’homologation en dispensent, car il faut raisonner sécurité du pilote et non suivre scrupuleusement la loi.
Une visière, un masque ou des lunettes sont conseillés pour éviter les projections dans les yeux.
Il est également important de porter des gants, des vêtements couvrants les jambes et les bras, ainsi que des chaussures montantes ou des bottes adaptées pour protéger les chevilles.
Comme l’indique Polaris sur son site internet, en cas d’erreur de trajectoire, il est préférable de frotter un obstacle avec des bottes ou des chaussures de protection, plutôt qu’avec une paire de baskets !
Un arceau se déployant comme un airbag
Le retournement est la situation la plus redoutée pour un pilote de quad et, pour réduire le risque d’écrasement, la solution est de monter un arceau.
Ce type d’équipement est, par exemple, obligatoire en Israël depuis 1990, où ces engins circulent avec d’imposantes structures tubulaires. Il pourrait l’être prochainement en Australie. La France n’exige pas de dispositif particulier de protection, mais des firmes s’y intéressent.
Le concessionnaire de quads et équipementier Brard-et-Sarran vient, par exemple, de se lancer dans la commercialisation de l’arceau télescopique de la firme espagnole Air-Rops. Cet équipement de forme triangulaire, baptisé, AR-Quad, se déploie comme un airbag, dès que la stabilité est mise en défaut, empêchant le quad de faire un tonneau.
Facturé 1 500 euros HT, il se monte à l’arrière du quad et s’ancre en trois points, au niveau de la boule d’attelage et du porte-bagage. Ce dispositif est contrôlé par une unité électronique (ECU) intégrant un capteur tridimensionnel, qui avertit le pilote du danger de renversement à l’aide de signaux sonores et lumineux.
Si le quad dépasse la limite de basculement, le déploiement de l’arceau s’opère automatiquement, via des vérins à gaz, dans deux dimensions : hauteur et largeur.
Après déclenchement, cet équipement est réutilisable à la suite de l’inspection par un technicien et du remplacement de la réserve de gaz.
Une arche souple conçue pour préserver le pilote
La société néo-zélandaise Ag-Tech Industries propose deux types d’arceau en forme d’arche à fixer sur le porte-bagage arrière du quad.
Le premier, dénommé QuadGuard et vendu en Grande-Bretagne 546 livres sterling (636 euros), est rigide et en matériau composite. La forme de cette structure empêche le quad de se retourner complètement, offrant ainsi un espace plus important à l’opérateur pour éviter son écrasement.
Le second arceau, baptisé LifeGuard et facturé 845 livres sterling (984 euros), se caractérise par sa conception flexible. Il se déforme pour épouser les contours du corps ou des membres, afin d’éviter toute blessure grave s’il passe sur le pilote.
Ces deux solutions présentent les avantages de ne pas mobiliser la boule d’attelage et d’être compatibles avec l’ajout d’accessoires sur le porte-bagage arrière, mais ont l’inconvénient d’être encombrantes.
Autre montage, le plus simple, le système de la firme australienne QuadBar Industries se compose d’un tube vertical fixé en deux points à l’arrière du quad doté à son embase d’un ressort boudin.
Cet équipement repousse le quad du sol avant son retournement ou son basculement vers l’arrière. Le ressort hélicoïdal permet au bras de s’effacer en cas de rencontre d’un obstacle, tel qu’une branche.
Le QuadBar est facturé près de 600 euros au départ d’Australie et existe également en version spéciale tracteurs tondeuses, des engins qui font également plusieurs victimes par an en France.
David Laisney
Privilégier le SSV au quad
Vu les dangers encourus lors de l’utilisation des quads, Benoit Moreau, conseiller en prévention des risques professionnels à la CCMSA, incite les agriculteurs à se poser la question d’investir plutôt dans un SSV, surtout pour ceux où la largeur de l’engin ne constitue pas une contrainte.
Ces véhicules utilitaires légers sont, certes, plus imposants et nettement plus chers à motorisation équivalente, mais ils se révèlent plus stables et plus confortables.
Ils présentent l’avantage d’être dotés de base d’une structure de protection contre le retournement, de ceintures de sécurité (à boucler obligatoirement et correctement), de portes ou de filets latéraux de retenue, dispensant ainsi du port du casque.
Ils permettent de transporter de deux jusqu’à six personnes (modèles à double cabine) et affichent une capacité de traction souvent supérieure à celle d’un quad.