Energies renouvelables
Le méthaniseur qui a essuyé les plâtres
Après huit années de combat, le méthaniseur agricole d’Apprieu est sorti de terre en 2019. Élus et porteurs de projets ont tiré les enseignements de ce difficile épisode.
Une énième réunion publique, le 18 mai 2016, provoquée par le sous-préfet de la Tour-du-Pin, a sans doute marqué un tournant pour que le projet du premier méthaniseur agricole de l’Isère se débloque enfin.
Les travaux n’ont été achevés que trois ans plus tard.
À Apprieu, Méthanisère a essuyé les plâtres. Ceux d’une acceptation sociétale qui peut se manifester avec véhémence pour peu que les habitants ne se considèrent pas comme suffisamment informés dès l’origine d’un projet.
Méthanisère, c’est un parcours du combattant de huit longues années, parsemé de recours et de manifestations, pour ce projet qui réunissait à l’origine 13 agriculteurs pour une production de biogaz par injection de 9,4 millions de KWh (l’équivalent de l’alimentation d’environ 500 foyers).
L’opposition locale, animée par NYMBY (1) exacerbé, a mis en émoi tout un conseil municipal et scindé la population.
En dépit de l’accord de l’Ademe, de la Région, du préfet et du Département, le projet est resté bloqué jusqu’à ce que ces enjeux prennent une dimension supra départementale : si ce méthaniseur ne sortait pas de terre, il y avait peu de chances que d’autres voient le jour en Isère.
Dans le département, les porteurs de projet reconnaissent à bas bruit avoir beaucoup appris du douloureux épisode d’Apprieu et du besoin de transparence.
Forts de cette leçon, les élus font désormais preuve d’anticipation, comme Bièvre Isère communauté qui a inscrit des espaces dédiés à la méthanisation dans son PLUI.
Pouvoirs publics et opérateurs ont désormais mis au point des stratégies de dialogue avec les parties prenantes des projets : élus locaux, habitants, associations, commerçants. Le but est de faciliter le processus d’appropriation, sésame de l’acceptation.
L’Isère compte désormais 16 méthaniseurs. C’est beaucoup, mais il pourrait y en avoir davantage. Deux projets ont échoué dans le Grésivaudan, toujours pour les mêmes raisons d’acceptation sociétale. Mais ça, c’était avant la crise de l’énergie.
Isabelle Doucet
(1) Not In My BackYard : pas dans mon arrière-cour