Écologie
Les communes rurales au cœur de l’action

Morgane Poulet
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Les maires ruraux de France ont tenu un atelier de la transition écologique pour redéfinir la place des communes rurales dans les politiques gouvernementales.

Les communes rurales au cœur de l’action
Châtel-en-Trièves fait partie des communes rurales de l'Isère.

« Lorsque je suis arrivée à la vice-présidence de l’Association des maires ruraux de France (AMRF) en charge de la transition écologique, en septembre 2021, j’ai souhaité que nous structurions les choses car je me voyais mal porter un discours commun national alors qu’il y a une diversité territoriale importante1 », explique Fanny Lacroix, maire de Châtel-en-Trièves.
Un grand atelier de la transition écologique a donc été construit par une centaine de maires ou d’adjoints de toute la France et sera présenté lors du Congrès de l’AMRF, le 30 septembre. Des mois de février à juillet, ce groupe de travail a œuvré pour qu’une place plus importante soit accordée aux communes rurales dans le cadre de travaux nationaux.
 
Montée en compétences
 
L’objectif du grand atelier était de former les élus à la transition écologique. « La qualité de cette formation était très élevée, car nous avons rencontré les plus grands experts du climat, comme des représentants du GIEC », ajoute Fanny Lacroix. Un échange avec l’apport d’une pensée scientifique a pu avoir lieu.
Des repérages de terrain ont été organisés : « Beaucoup de choses se font dans les communes rurales et les ‘pépites’ que nous avons trouvées servent d’exemple et de base de discussion », précise la maire de Châtel-en-Trièves.
Un bureau d’études spécialisé dans l’intelligence collective a également été mandaté pour permettre au groupe de trouver des idées et des solutions. Les élus ont en effet la conviction que la transition écologique parle à tous mais qu’elle est souvent trop urbaine et technique. D’autant plus que les espaces, comme les forêts, les alpages ou encore les rivières ne sont pas assez pris en compte dans les réflexions. A ce titre, un travail important avec la FNCofor a été mené et sera officialisé pendant le congrès. « La forêt est un sujet qui ressort de nos discussions comme étant essentielle », confirme la maire.
 
Des sujets phares
 
Des sujets sont revenus lors de la tenue du grand atelier et seront présentés au congrès. En matière de transition énergétique, les participants proposent d’imposer les communes rurales dans l’élaboration d’un discours politique national. « La ruralité a de la force et constitue 80 % du territoire national. Elle sera donc actrice de la transition », explique Fanny Lacroix, pour qui les retombées économiques devront également se faire dans les territoires concernés et pour les communes, ce qui leur permettrait d’être dynamisées. « Pourquoi ne pas installer des éoliennes et d’ainsi aider au financement d’une maison médicale », s’interroge l’élue.
Les maires demandent également la création d’une dotation d’aménités rurales. « Il faut considérer la notion d’espaces dans le fonctionnement républicain, car on ne prend en considération que le nombre d’habitants », ajoute-t-elle. Ils souhaitent une prise de conscience de la part de la population, car le monde rural fourmille de biodiversité et est le cœur de l’agriculture, qui nourrit la population.
Enfin, cet atelier est également l’occasion de rappeler que les communes rurales seront les actrices de la transition écologique, car il faudra que les actions menées concernent les citoyens au plus près. « Nous voyons que les petites communes arrivent à faire des choses importantes, c’est pourquoi nous souhaitons que l’État change de regard sur elles. Nous demandons plus de moyens, mais aussi plus de reconnaissance quant au rôle très important des communes rurales qui créent du lien avec les citoyens », conclut Fanny Lacroix.

Morgane Poulet

1L’association des maires ruraux de France regroupe 12 000 maires. Est considérée comme rurale toute commune comptant moins de 3 500 habitants.

Citoyenneté active

Châtel-en-Trièves fait partie des exemples de citoyenneté active évoqués lors du grand atelier. « Nous avons constaté que la petite taille d’une commune pouvait être une plus-value lorsqu’il est question de porter des mutations citoyennes, explique Fanny Lacroix, les habitants ‘font village ensemble’ ».
Concrètement, un café-épicerie associatif a été monté, de même qu’une série de lieux dédiés à la citoyenneté active. « La notion de ‘bien commun’ émerge lorsque l’on pense aux communes rurales, car ces dernières ont peu de moyens et pas beaucoup d’agents, mais on peut parler à une population qui se reconnaît et ainsi contribuer activement à la vie de sa commune », ajoute-t-elle. Le centre-bourg de Châtel-en-Trièves a ainsi été revitalisé grâce au dynamisme citoyen.