Tech&Bio
Marc Fesneau : « Donner au bio les moyens de son avenir »
Le 21 septembre à Bourg-lès-Valence (Drôme), le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, a visité le Salon Tech&Bio. Pour surmonter la crise du secteur bio, il propose des moyens pour stabiliser le marché et communiquer auprès des consommateurs. Et pour aider les producteurs bio, il entrouvre des portes.
« Je viens ici pour dire que le bio a de l'avenir et qu'on lui donne les moyens de son avenir », a assuré Marc Fesneau lors de sa visite du Salon Tech&Bio, le 21 septembre à Bourg-lès-Valence (Drôme). Questionné sur la crise que connaît le secteur bio, le ministre de l'Agriculture a ainsi mis l'accent sur les aides d'urgence (60 millions d'euros) mises en œuvre par l'État « pour passer un cap » difficile. Sur l'éventualité d'un abondement de l'enveloppe, Marc Fesneau ne ferme pas la porte. « On va déjà faire en sorte de consommer les 60 millions puis on regardera les demandes complémentaires qu'il pourrait y avoir », a-t-il dit. Par ailleurs, la lecture du critère de trésorerie a été assouplie. Autre point : la demande de revalorisation de l'éco-régime spécifique aux exploitations bio (nouveautés de la politique agricole commune 2023-2027) à son niveau maximum de 145 €/ha/an. « On va faire le bilan de l'année et on verra », a indiqué le ministre, entrouvrant ainsi une possibilité. Quant au retour de l'aide au maintien de la bio, c'est non. « Par la défiscalisation (crédit d'impôt, NDLR) nous avons choisi d'aider au maintien des exploitations bio et par la Pac (éco-régime bio) de soutenir la conversion, a-t-il justifié. Pour ceux qui sont déjà convertis, on a surtout besoin de stabiliser un marché chahuté. »
Des moyens pour booster la consommation
Pour cela, Marc Fesneau avance le chiffre de « 100 à 120 M€ de commandes publiques » pour la restauration collective qui dépend de l'État. Cela sera-t-il suffisant pour atteindre l'objectif fixé par la loi Égalim d'au moins 20 % de produits bio dans les cantines ? Le ministre assure ne pas vouloir donner « d'injonction » du fait de « circonstances locales techniques » pouvant empêcher d'atteindre les 20 %. Il compte davantage sur la « volonté politique ». « 20 % est un objectif et on a vu que c'est compliqué de le faire partout. Dans la Drôme (ici les collégiens ont déjà 45 % de produits locaux et/ou bio dans leur assiette, NDLR) où le nombre de producteurs bio est important, c'est sans doute plus facile. » Autre point évoqué par le ministre de l'Agriculture : la communication. « Il faut repositionner le bio dans sa pratique, dans sa territorialité et dans ses valeurs pour que les consommateurs ne se disent pas que le bio n'est pas pour eux », a-t-il déclaré. Marc Fesneau a promis 15 M€ sur trois ans pour la communication. De plus, un abondement du Fonds avenir bio de 5 M€ supplémentaires par an a été annoncé pour « accompagner l'effort de structuration dont les filières bio ont besoin pour consolider leur marché ». Enfin, le ministre de l'Agriculture demande aux enseignes de la grande distribution de « remettre de la visibilité » sur les produits bio dans les magasins et de réduire leurs marges : « Je ne comprends structurellement pas pourquoi la marge serait supérieure sur un produit bio que sur un produit conventionnel ».
Christophe Ledoux
Le critère de trésorerie assoupli
Dans le cadre de son dispositif de 60 M€ d'aides d’urgence pour la bio, le ministère de l’Agriculture a assoupli sa lecture du critère de trésorerie. Au premier jour de Tech&bio, le 20 septembre, il a mis à jour la foire aux questions (FAQ) publiée sur le site de FranceAgriMer. La dernière version (V5) indique que les situations présentant des éléments exceptionnels (absence de versement de salaire, injection de trésorerie personnelle...) « doivent être évaluées par le comptable » au vu de « sa connaissance de l’entreprise ». Quant à l'exercice comptable admissible à l'indemnisation, il doit être clôturé entre le 1er juin 2022 et le 31 mai 2023.
Marc Fesneau « prudent »
Alors que la Commission européenne propose le renouvellement du glyphosate pour une durée de dix ans, Marc Fesneau se montre prudent sur la position de la France. « Nous avons besoin d'éléments complémentaires car une réautorisation sur dix ans nous paraît trop lointaine, dit-il. L'Europe pourrait s'inspirer de ce que nous avons fait en France où nous avons décidé de ne pas mettre les agriculteurs dans des situations d'impasses sur le glyphosate et, en même temps, on en a réduit l'utilisation de 30 % depuis 2018. On est le seul pays à l'avoir fait. »
« Le plan loup n'est pas la loi »
« Pour la première fois en Europe, on s'est mis sur le chemin de la révision du statut du loup en tant qu'espèce strictement protégée, a déclaré Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture, lors de sa visite de Tech&Bio. Maintenant, il faut se mettre au travail avec les collègues européens pour savoir dans quelle mesure il faut réviser et obtenir une unanimité. Évidemment, tout cela s'inscrit dans un temps long. » Par ailleurs, « le plan loup n'est pas la loi, il donne des intentions. Maintenant, il faut qu'on le décline en décrets, en arrêtés, a précisé Marc Fesneau. Je demande à être jugé sur les actes. »