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L’économie régionale en repli

Le quatrième trimestre de 2020 a été marqué par les nouvelles mesures de restriction (confinement national et couvre-feu). Un énième coup d’arrêt pour l’économie de la région Auvergne-Rhône-Alpes (Aura).

L’économie régionale en repli
Conséquence directe de la mise à l’arrêt des activités touristiques hivernales, l’emploi salarié a perdu 24 500 membres du personnel au quatrième trimestre 2020.©P.Maillet-Contoz aura tourisme

L’année 2020 restera dans les annales. Après un premier épisode de confinement au printemps entraînant de lourdes conséquences sur l’économie de la région Aura, le deuxième confinement (novembre et décembre) n’a pas vraiment éclairci la situation. Et pour cause, fin 2020, l’emploi régional se repliait de nouveau, et plus fortement que l’ensemble de la France. Conséquence directe de la mise à l’arrêt des activités touristiques hivernales, l’emploi salarié a perdu 24 500 membres du personnel au quatrième trimestre 2020. Une baisse de 0,8 % plus élevée que la moyenne française hors Mayotte (- 0,1 %). En l’espace d’un an, la région compte 52 000 salariés en moins. Les entreprises privilégient le recours à l’intérim pour ajuster leur effectif à l’activité parfois fluctuante. L’emploi intérimaire a ainsi augmenté de 5,2 % dans la région au dernier trimestre 2020. L’Ain, le Cantal, la Loire, le Puy-de-Dôme et la Haute-Savoie ont connu une hausse de 7 %.

Le secteur hébergement-restauration replonge

Globalement, la Savoie est l’un des départements les plus touchés par les restrictions sanitaires (- 7,9 % de ses effectifs salariés), suivie par la Haute-Savoie (- 2,9 %). L’Isère, le Puy-de-Dôme et le Rhône s’en sortent mieux, avec une perte estimée à 0,3 %. Dans sa note de conjoncture publiée en avril 2021, l’Insee rappelle que l’emploi dans le tertiaire marchand (hors intérim) est le plus gros secteur employeur de la région, principalement pour des activités d’hébergement, de restauration et de loisirs. Forcément, l’impact de la crise sanitaire est fort dans les zones où le tourisme hivernal est prépondérant : Savoie, Haute-Savoie. « En Auvergne-Rhône-Alpes, la branche hébergement-restauration perd 21 800 salariés au dernier trimestre 2020, soit une baisse inédite de 16,4 %, niveau non comparable à celui de la France (- 4,9 %) », souligne l’institut national.

Une baisse du chômage en trompe-l’œil

Paradoxalement, le taux de chômage régional est en baisse (7 % de la population, soit un point de moins que fin septembre) et retrouve un niveau égal à 2019. Des chiffres à prendre avec prudence puisque l’Insee rappelle que cette baisse s’explique par la définition du taux de chômage au sens du bureau international du travail (BIT) : être en recherche active d’emploi et disponible dans les deux semaines. Or, les recherches actives ont été limitées par le deuxième confinement. En parallèle, le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A (sans emploi) est en baisse de 1,7 % lors du dernier trimestre 2020 (hormis la Savoie + 5,8 % et la Haute-Savoie + 0,7 %). Enfin, au quatrième trimestre, 28 700 entreprises ont été créées dans la région (deux tiers d’entre elles sont des micro-entreprises), soit un recul de 1,6 % par rapport au troisième trimestre, qui s’explique par un repli du commerce et des services.
Du côté des logements, les autorisations de constructions ont baissé de 13,8 % en 2020 sur l’ensemble de la région (- 14,8 % au niveau national). Les replis sont davantage marqués dans le Puy-de-Dôme (- 33,1 %), en Savoie et dans l’Isère (- 29,5 %). Dans ce contexte, seules la Haute-Loire et l’Ardèche restent dans le vert. Le renforcement de certaines mesures restrictives (couvre-feu avancé, confinements locaux puis confinement national, fermetures de centres commerciaux, etc.) lors de ce début d’année 2021, aura certainement une nouvelle fois limité la reprise de la consommation. Il est donc encore trop tôt pour faire le bilan de la facture économique de la crise sanitaire.

Amandine Priolet