Prônée par le CGAAER il y a quelques mois dans le cadre de la transition énergétique, la fin progressive du tarif réduit sur le gazole non routier (GNR) agricole a été citée par Bruno Le Maire parmi les pistes de baisse de la dépense publique à horizon 2027. Sa réduction devrait être proposée par le gouvernement dès 2024. Une décision incompréhensible pour la FRSEA et Jeunes agriculteurs Auvergne-Rhône-Alpes.
À l’occasion des Assises des finances publiques le 19 juin, le ministre de l’Économie a indiqué qu’il avait identifié plusieurs pistes pour trouver « au moins 10 milliards d’économies » d’ici 2027, et qui seront proposées dès le projet de loi de finances (PLF) pour 2024. Parmi elles, le logement, la santé et… les carburants, dont le gazole non routier (GNR) agricole. « Nous devons réduire les dépenses fiscales sur les carburants, a déclaré Bruno Le Maire. Cela concerne les tarifs réduits d’accises sur les transports routiers, sur le gazole non routier non agricole et sur le gazole non routier agricole. » Le ministre promet une « bascule progressive d’ici 2030 » et « des mesures de compensation ». À terme, il s’agit de supprimer la défiscalisation, confirme-t-on à Bercy.
« Inadmissible »
Une position « inadmissible » pour la FRSEA et Jeunes agriculteurs Auvergne-Rhône-Alpes qui dénoncent, dans un communiqué commun diffusé le 21 juin, un « nouveau coup de poignard du Ministre de l’Économie dans le dos des agriculteurs français ». « Le ministre de l’Économie a annoncé la fin du quoi qu’il en coûte et compte le faire payer aux agriculteurs alors que nous n’en avons pas ou peu bénéficier. Pendant les différents confinements, nous avons continuer à nourrir les Français. C’est inadmissible », explique le président de la FRSEA, Michel Joux. L’agriculteur aindinois dénonce par ailleurs une décision précipitée sans alternatives à la traction lourde. « Nous n’avons aucune visibilité sur les alternatives comme l’hydrogène ou l’électrique. Nous ne sommes pas contre nous passer des énergies fossiles pour la traction lourde, mais nous sommes dans une impasse technique, explique Michel Joux. Économiquement, ce n’est pas jouable et c’est une perte de compétitivité assurée. » En effet, le communiqué de presse rappelle qu’à « terme, c’est aussi bien la pérennité de nos exploitations que notre souveraineté alimentaire qui sont menacées. Il faut le rappeler, la défiscalisation permet d’atténuer la distorsion de concurrence dont souffre une grande partie des agriculteurs français. Elle accompagne aussi le remplacement, quand il est possible, de l’utilisation des produits phytosanitaires par des solutions agronomiques et mécaniques ».
Agra Presse et Marie-Cécile Seigle-Buyat