Fromages
Tout pour faire mieux connaître le saint-marcellin et le saint-félicien

Isabelle Brenguier
-

A l’occasion des dix ans de l’IGP saint-marcellin, et dans l’attente de celle du saint-félicien, l’interprofession multiplie les initiatives pour faire davantage connaître et consommer les deux produits.

Tout pour faire mieux connaître le saint-marcellin et le saint-félicien
En lien avec l'Inao, le saint-marcellin devrait voir son cahier des charges évoluer. Quant au saint-félicien, la procédure est lancée pour qu'il soit également reconnu comme IGP.

En cette année qui célèbre les dix ans de l’obtention de l’IGP (1) saint-marcellin, l’actualité du C2MF (2) est particulièrement chargée. Car, en tant qu’organisme de défense et de gestion, son action porte sur deux volets.
Il s’agit à la fois de faire avancer les travaux menés avec l’Inao (3) en matière de reconnaissance des fromages saint-marcellin et saint-félicien en IGP et aussi d’accroître la communication autour d’eux pour favoriser leur notoriété et leur consommation.

Même terminologie

« En septembre dernier, nous avons déposé deux dossiers auprès de l’Inao. L’un visait à faire reconnaître le saint-félicien en IGP. L’autre avait pour objectif de faire modifier le cahier des charges du saint-marcellin pour corriger quelques petits manquements et faire en sorte que, dans le domaine de la production, les méthodes soient identiques à celles du saint-félicien », expose Thomas Huver, conseiller filière lait à la Chambre d’agriculture de l’Isère, mis à disposition du C2MF. 
Les changements concernent la délimitation géographique de l’aire de production du saint-marcellin, l’alimentation des vaches et des questions relatives à la préservation de l’environnement et au bien-être animal. « L’idée est d’inclure les communes vertacomicoriennes d’Engins et de Saint-Nizier-du-Moucherotte, qui n’avaient pas été prises en compte initialement. Il s’agit aussi de permettre aux producteurs en limite de zone de s’approvisionner dans l'ensemble de leur SAU, sans que cela ne les empêche de respecter leur engagement en matière d’autonomie alimentaire. Il y a aussi la volonté de remplacer la demande de sortie des vaches au pré pendant au moins 180 jours, par une obligation de pâturage pendant 150 jours. Cette nouvelle écriture permettrait de mieux prendre en compte les contraintes de sécheresse liées aux évolutions climatiques. Et enfin, les produits sous signe de qualité étant souvent avant-gardistes, il est pertinent d’inclure les dimensions d’environnement et de bien-être animal, attendues par les consommateurs. Mais le propos est réfléchi. Il ne s’agit en aucun cas d’alourdir les procédures à respecter pour les producteurs », souligne Thomas Huver. 
S’agissant de la demande de reconnaissance du saint-félicien, le dossier suit son cours. Mais il faut avancer avec les producteurs ardéchois de caillé doux de saint-félicien qui ont aussi déposé une demande de reconnaissance en IGP. « Cette même terminologie sur les deux fromages pose problème à l’Inao. Il faut trouver un accord, sans quoi aucun des deux ne sera reconnu », précise le technicien.

Culinarité importante

Abordant la question des ventes, Thomas Huver indique que, depuis un an, les deux produits sont confrontés aux difficultés de pouvoir d’achat des consommateurs et souffrent tous deux d’un tassement des ventes.
Pour contrer ce phénomène, le C2MF entend bien accentuer la communication mise en œuvre autour de ces deux produits. Les dix ans de l’IGP saint-marcellin cette année ont permis l’organisation de nombreux évènements dans les fermes et les fromageries du territoire.
Pour Bruno Neyroud, président de l’organisme, « il y aura un avant et un après les 10 ans de l’IGP », car l’organisation de cet anniversaire a créé de nouveaux liens et a enrichi notre manière de communiquer en créant de nouvelles façons de se rencontrer et de nouvelles animations », avance-t-il.
La stratégie commerciale du saint-marcellin a été longuement réfléchie. « Nous avons travaillé sur un positionnement marketing qui nous a permis d’identifier les tendances de consommation du saint-marcellin, afin de définir nos futures cibles et les messages que nous souhaitons véhiculer. Ce travail nous a fait constater qu’il fallait que nous nous adressions davantage aux familles avec enfants, aux personnes âgées entre 35 et 45 ans. Car, avant, les gens ne sont pas spécialement sensibles aux produits locaux. Et après, ils en consomment déjà. Quant aux messages que nous souhaitons marteler, ils se résument à « l’IGP avant tout ». Les consommateurs ne sont pas très informés sur l’IGP. On a besoin de les sensibiliser sur ce label, sur les engagements pris par les producteurs et les fromagers pour le confectionner dans le respect de leur savoir-faire et du cahier des charges. Enfin, nous souhaitons davantage mettre en avant le fait que le saint-marcellin est un fromage qui dispose d’une culinarité importante. Que ce soit au restaurant ou à la maison, on constate que le plateau de fromage a de moins en moins le vent en poupe. En donnant des recettes, on aide le consommateur à aller vers ce type d’usage », expose[ID1]  Sylvie Colombier.
Pour autant, la communication autour des deux produits reste limitée par les moyens du C2MF. « Nous enregistrons un euro de cotisation auprès des producteurs pour le saint-marcellin et 0,3 euro pour le saint félicien. Pour une question d’équité, nous comptons la même chose pour les transformateurs. Pour autant, quand on enlève les charges de fonctionnement de la structure, cela ne nous laisse pas des possibilités aussi importantes que ce que nous souhaiterions. Nous dépendons beaucoup des aides régionales et départementales », explique Bruno Neyroud.

(1)   Indication géographique protégée

(2)   Comité du Saint-Marcellin et du Saint-Félicien

(3)   Institut National des Appellations d'Origine

Isabelle Brenguier

 

Dégustation sensorielle

Parmi les nouvelles animations créées par le C2MF figure la dégustation sensorielle. Cet outil pédagogique visant à former le consommateur à la dégustation du saint-marcellin, a été mis au point par Sylvie Colombier, chargée de mission pour le C2MF, et Roseline Izquierdo, membre de la confrérie du saint-marcellin.
« Notre idée était de simplifier la grille de critères utilisée pendant les commissions organoleptiques, de la rendre accessible au grand public pour lui montrer tout ce que les producteurs et les fromagers doivent respecter pour confectionner un véritable saint-marcellin IGP. Notre objectif est de mettre en avant le produit, de faire découvrir ses particularités, ses deux variantes (le sec et le coulant), de monter qu’il est de qualité et qu’il répond à un cahier des charges complexe, composé de différents critères gustatifs et visuels. Les consommateurs n’en ont pas forcément conscience. Cet outil permet de les initier », explique Roseline Izquierdo.

IB