Filière lait
Les simmental restent sur les cimes de Saint-Sulpice

Isabelle Brenguier
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Installé depuis 2019 à Saint-Sulpice-des-Rivoires, Maxence Meunier-Carus a repris et fait évoluer la ferme laitière familiale. En s’appuyant sur l’existant, ses connaissances et son expérience. 

Les simmental restent sur les cimes de Saint-Sulpice
Maxence Meunier-Carus élève à Saint-Sulpice-des-Rivoires un troupeau de 45 simmental.

Partir pour mieux revenir. C’est ainsi que l’on peut décrire le parcours suivi par Maxence Meunier-Carus, jeune éleveur installé à Saint-Sulpice-des-Rivoires, petite commune de la Valdaine. Si la reprise de l’exploitation familiale n’a jamais été une évidence, l’idée lui était toujours restée dans un coin de la tête. Il l’a concrétisée en avril 2019, suite à son diplôme d’ingénieur obtenu à l’Isara à Lyon en 2013, et après avoir travaillé comme conseiller laitier pour Sodiaal dans la Loire.

L’envie de revenir à Saint-Sulpice-des-Rivoires là où il a grandi, s’installer dans la maison de ses grands-parents, exercer le métier d’agriculteur, et être à son compte, sont les raisons qui l’ont motivé à marcher dans les pas de ses parents, Pascale et Michel Meunier-Carus. A leur départ à la retraite, il a ainsi transformé leur « EARL Meunier-Carus », en « EARL des Sim’ », puis tout récemment en « Gaec des Sim’ », Sim pour simmental, la race de ses vaches, et parce que l’exploitation est située sur les cimes du village.

« le bio, une bonne option »

Son exploitation est composée de 75 hectares, (principalement des prairies, avec cinq de maïs et autant de céréales) qui servent à nourrir ses 45 vaches laitières. Son lait (300 000 litres par an) est vendu en filière longue à Sodiaal. Il est certifié bio depuis 2021. « Ayant vécu la crise du lait conventionnel de 2015-2016 comme conseiller, j’avais constaté que le marché bio était resté inébranlable. Cette stabilité m’a rassuré. Et même si je venais régulièrement aider mon père à la ferme, je n’avais jamais manipulé les produits phytosanitaires. Je n’ai pas eu envie de m’y essayer. En plus, comme je reprenais seul l’exploitation, mais que j’avais envie de gagner rapidement ma vie, le bio m’est apparu comme une bonne option. Cela m’a incité à lever le pied sur la production. J’ai fait avec 10 vaches en moins par rapport à mon père, et en fait, si l’on considère le bâtiment, c’était plus cohérent comme ça. Il faut dire aussi que les changements à mettre en œuvre n’étaient pas très importants », explique le jeune éleveur.

Pâturage tournant dynamique

Le fonctionnement en libre-service mis en place pour nourrir les bêtes est resté le même que celui de ses parents. Les vaches continuent d’accéder directement aux silos de maïs et à l’ensilage d’herbe. Maxence a simplement fait varier les proportions. Contre les 14 hectares de maïs qu’exploitait son père, il n’en fait plus que cinq. Si son passage en bio lui a fait connaître une baisse de rendement, elle a été conforme à ses prévisions. Grâce à des aides de conversion de la Pac et de celles d’un PCAE (Plan de compétitivité et d'adaptation des exploitations agricoles), il a été bien accompagné dans ses achats en matériel de désherbage mécanique (une bineuse et une herse étrille).

Parmi les changements de conduite d’exploitation mis en place, Maxence Meunier-Carus a augmenté ses surfaces d’herbe et a surtout organisé un pâturage tournant dynamique. La configuration de l’exploitation – la ferme implantée au milieu des prairies, sans route à traverser – pourrait presque faire figure de cas d’école. Le jeune éleveur en a profité. Il a créé un chemin central qui avance dans son pâturage, et de chaque côté, il a installé des paddocks. Les vaches restent dans chacun d’eux une journée et une nuit, puis il les change d’emplacement. S’appuyant sur la règle « un are par vache », il constitue chaque année entre 20 et 25 paddocks de 40 ares. Il a mis en place ce fonctionnement pour la simplicité du travail qu’il représente et pour l’optimisation de l’utilisation de l’herbe qu’il permet. Il constate également que le système évite les piétinements. « Quand on est en bio, il ne faut pas tourner le dos au pâturage », estime-t-il, considérant que, si son exploitation se prête très bien au pâturage tournant dynamique, c’est aussi parce que son père et lui ont fait le choix de ne pas mettre les parcelles plates et attenantes à la ferme en maïs.

Qualité de vie

Maxence Meunier-Carus n’a pas voulu tout transformer de la ferme familiale. « J’essaie de faire au mieux avec l’outil que mon père m’a transmis, sans pour autant hésiter à apporter les innovations possibles », indique-t-il. L’expérience acquise durant ses années de travail chez Sodiaal, quand il tournait dans plus de 250 fermes, lui sert aussi. « J’ai beaucoup appris pendant cette période, que ce soit au niveau des connaissances de la filière que des techniques de travail. Cela m’aide dans mes prises de décision », souligne-t-il.

Quatre ans après son installation, le jeune éleveur considère que « l’exploitation tourne à la hauteur de ses espérances ». Attaché à conserver sa qualité de vie, souhaitant avoir du temps pour sa famille, il ne se sent pas « dépassé par le boulot ». Si ses premières années en tant que chef d’exploitation ont tout de même été denses parce qu’il a eu beaucoup de choses à mettre en place, et que, dans le même temps, il a accueilli son premier enfant et rénové sa maison, son bilan est, selon lui, « plutôt positif ». Il considère qu’il sera certainement en transition pendant encore un an ou deux. Le temps que le « Gaec des Sim’ » qu’il vient de créer avec Florian Chauvet, son nouvel associé, soit en rythme de croisière. « L’exploitation est configurée pour deux personnes. Je voulais trouver une solution pérenne à l’éloignement progressif de l’exploitation de mon père. Jusqu’à maintenant, il était encore salarié à temps partiel. Cela allait bien. Mais cela ne pouvait pas continuer dans la durée », souligne le jeune éleveur.

Isabelle Brenguier

Système simplifié et avantageux
Maxence Meunier-Carus a fait installer une fabrique d'aliments dans son bâtiment d'élevage.
Alimentation des bovins

Système simplifié et avantageux

L’alimentation du troupeau de simmental de Maxence Meunier-Carus est constituée, en plus de ses fourrages de maïs et d’herbes distribuées en libre-service, de foin et de céréales. Depuis qu’il est passé en bio, le jeune éleveur de Saint-Sulpice-des-Rivoire fait des mélanges avec du méteil et du pois. Cela l’aide dans ses apports de protéines. Pour ne plus manipuler ses céréales à la main, il a investi dans une fabrique d’aliments à la ferme avec stockage et aplatisseur, qui alimente son Dac (distributeur automatique de concentré).

Ainsi, il peut facilement faire ses mélanges de céréales auxquelles il ajoute du tourteau de soja. Le système est simplifié, avantageux en termes de temps de travail et lui évite d’avoir besoin d’une désileuse.

« L’EARL des Sim’ » a reçu le Prix de l’excellence agricole et rurale organisé par Terre Dauphinoise dans la catégorie « Autonomie alimentaire et protéique », décerné par Adice.

IB