Prédation
« Moins d’attaques mais plus de victimes »

Morgane Poulet
-

Le 23 janvier, lors d’une conférence de presse organisée à la préfecture de l’Isère, le bilan loup 2022 a été annoncé.

« Moins d’attaques mais plus de victimes »
De gauche à droite : Stéphan Pinède, directeur de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP), Xavier Céréza, directeur de la Direction départementale des territoires (DDT), Laurent Prévost, préfet de l'Isère, Jean-Paul Celet, préfet en charge du dossier loup et élevage au niveau national, Sébastien Mollet, inspecteur de l'environnement et chef de département de l'OFB.

A la suite d’un comité de pilotage sur le loup qui s’est tenu à la préfecture de l’Isère, à Grenoble, en compagnie de nombreux acteurs, dont la FDSEA de l’Isère et la Chambre d’agriculture de l’Isère, en vue du futur Plan loup, le préfet de l’Isère, Laurent Prévost, a tenu une conférence de presse pour faire un bilan de 2022.
 
Moins d’attaques
 
L’année 2021 avait été marquée par une baisse d’environ 15% du nombre d’attaques de loups par rapport à 2020, en Isère. En 2022, la tendance est stable : il y a moins d’attaques, mais plus de victimes. En effet, 375 attaques ont été déclarées pour 1 140 victimes constatées. 316 attaques ont été indemnisées pour 1037 victimes. 265 tirs de défense ont quant à eux été autorisés.
« Nous comptons désormais 22 meutes en Isère, dont 8 interdépartementales, explique Laurent Prévost. La présence d’une meute d’au moins trois individus a été confirmée dans la Chartreuse et il nous reste à prouver que le loup est également présent dans les Chambarans et dans les Bonnevaux ».
Et si le nombre d’attaques n’a pas considérablement augmenté en 2022, cela est dû à la mobilisation plus forte des louvetiers. Ils sont en effet intervenus à 312 reprises, soit deux fois plus qu’en 2021. Pour rappel, le plafond d’élimination des loups est fixé en France depuis 2020 à 19% de la population totale. Auparavant, il était fixé à 10%. Depuis juin 2022, il est estimé qu’environ 921 loups sont présents en France. 169 loups ont été abattus l’année passée sur 174 autorisés, dont 8 braconnés et un au cours d’une chasse. 70% des tirs ont été donnés par des louvetiers. En Isère, 16 loups ont été éliminés, dont 6 par collision.
Et en tout, environ 300 000 euros ont été indemnisés aux éleveurs.
 
Un protocole graduel
 
Actuellement, le Plan loup prévoit, à l’échelle nationale, de protéger les troupeaux tout en respectant le statut d’espèce protégée du loup. Un protocole national de dérogation a été mis en place de manière graduelle.
Tout d’abord, il est possible d’effectuer un tir d’effarouchement. Il s’agit d’un tir non létal non soumis à autorisation.
Il est ensuite possible de réaliser un tir de défense simple, c’est-à-dire qu’un seul tireur, posté à proximité d’un troupeau protégé, peut tirer sur le loup en cas d’attaque.
Un tir de défense renforcée peut ensuite être effectué, c’est-à-dire que jusqu’à dix tireurs peuvent être postés à proximité d’un troupeau protégé et tirer sur le loup en cas d’attaque.
Enfin, un tir de prélèvement peut être réalisé : il s’agit d’une action de recherche du loup encadrée par un lieutenant de louveterie, en présence de troupeau mais sans notion de proximité.
 
Pistes du comité loup
 
De 2024 à 2029, un nouveau Plan loup devra être établi en France, d’où la réunion d’un comité loup à la préfecture de l’Isère. « Le loup est une espèce protégée depuis la convention de Berne, rappelle Jean-Paul Celet, préfet référent du plan national loup. Le Plan loup doit donc maintenir le bon état de cette population tout en contribuant à faire diminuer la prédation ». Et de préciser qu’un principe doit être respecté : tirer sur un loup uniquement s’il est proche d’un élevage. « Un individu ne peut être abattu que si les dégâts qu’il cause sont importants et que tous les autres moyens ont déjà été mis en œuvre », ajoute-t-il.
Le comité loup, réuni le jour-même, a évoqué quelques pistes pour l’avenir. Il s’agirait tout d’abord de respecter les délais d’indemnisation : les louvetiers souhaitent en effet que les délais entre le constat d’une attaque et la réaction soient diminués. Il faudrait en effet les abaisser de 48 heures à 24 heures.
Selon une étude réalisée dans la Matheysine, pour faire diminuer la prédation, des pistes envisagées seraient par exemple de renforcer la solidarité entre éleveurs, mais aussi de diversifier les races au sein des troupeaux de bovins.

Morgane Poulet