Coopération internationale
Objectif coopératives en Côte d’Ivoire
L’Afdi Isère a effectué une mission en Côte d’Ivoire dans la région du Bélier pour évaluer les besoins des coopératives agricoles.
Quatre coopératives visitées, huit OPA(1) et de nombreux acteurs du monde agricole rencontrés : la mission du groupe Afdi (2) isérois dans la région du Bélier en Côte d’Ivoire, a été bien remplie.
Elle s’est déroulée du 5 au 18 décembre avec un objectif de (la suite réservée aux abonnés)
prospection sur le terrain, de collecte d’informations et d’échanges.
Ses membres, Yves François et Jean-Louis Didier, agriculteurs à la retraite, Henri Vebamba, animateur Afdi, Juliette Guichard, ingénieure agronome et Valérie Morier-Genoud, de la Chambre régionale d’agriculture, ont aussi participé au Carrefour des Terroirs à Abidjan.
Monter des programmes, cibler des actions, trouver des financements : les missions Afdi de prospection sont la base des échanges coopératifs.
Les quatre coopératives visitées par la délégation présentent des niveaux plus ou moins avancés de leur structuration.
Transformer le manioc
La première étape est celle de Bendressou, une coopérative créée en 2014, spécialisée dans la production de manioc (plants et transformation) et de produits vivriers.
Elle réunit 70 membres (dont quatre hommes). Ses besoins : acquérir un véritable outil de transformation notamment pour produire l’attiéké, cette semoule de manioc fermentée à forte valeur ajoutée.
« C’est la coopérative la plus avancée que nous avons rencontrée », indique Juliette Guichard. Les coopératrices ont même réussi à constituer un fonds d’investissement et de solidarité mobilisable selon les besoins.
À l’opposé, la coopérative Pierre Armand, découverte par les membres de la mission, en est à ses balbutiements.
Elle est portée par une dynamique familiale, entre Pierre Armand, élève du centre de formation de Raviart et porteur de projet, et son oncle, un colonel qui apporte des fonds.
L’objectif est de produire et de transformer du manioc. Celui-ci devrait être planté sous peu tandis que l’unité de transformation est déjà en place.
« Il y a un potentiel d’emplois, mais beaucoup d’incertitudes », souligne Juliette Guichard. Ce dont cette coopérative a surtout besoin, c’est de structuration.
Mécaniser l'agriculture
La troisième unité visitée est la coopérative Essike.
Créée en 2014, elle rassemble 200 membres (140 femmes et 60 hommes) qui produisent des cultures vivrières et maraîchères ainsi que du manioc qui est transformé.
Cependant, la structure manque de débouchés et n’a pas les moyens d’investir dans du matériel pour améliorer sa rentabilité.
Enfin, le groupe a rencontré la coopérative Comatrice, filiale d’Intermaïs.
C’est une petite structure de 25 membres, qui produit du maïs et des cultures vivrières.
Sa présidente, Joséphine Kondo, a fait part au groupe de ses ambitions de développement freinées par la faible mécanisation.
Ses propos font écho à ceux du président d’Intermaïs rencontré en début de séjour, pour qui « le futur de l’agriculture en Côte d’Ivoire, c’est la mécanisation, rapporte Jean-Louis Didier. Or, pour le moment, les gens travaillent encore la parcelle au piochon et à la machette ».
Aide matérielle et formation
Pour les membre de l'Afdi, ces visites interrogent sur la façon d’accompagner les agricultures paysannes.
Un questionnement d’autant plus saillant qu’ils ont constaté sur place que sur cinq tracteurs ayant fait l’objet d’un don, quatre étaient hors d’usage et un en réparation, un an après leur arrivée.
L’aide matérielle, pour qu’elle soit pérenne et au service du développement, nécessite un accompagnement en formation.
Mais sur place, les agricultrices et agriculteurs concernés ont le sentiment d’avoir déjà bénéficié de formations et attendent des aides concrètes.
La question est aussi celle du fléchage de l’aide, en direction d’une seule coopérative considérée comme moteur de développement dans la région du Bélier, ou bien deux établissements, ou les quatre en fonction de leurs besoins. « L’orientation de nos programmes sur l’agriculture et l’alimentation par le biais de la mécanisation et une vision que nous partageons avec les représentants locaux, la coopération de la Région Aura et l’Afdi », rappelle Jean-Louis Didier. Quels que soient les projets soutenus, l’accompagnement sera une condition du succès de ces programmes de coopération.
Reste à l’Afdi à structurer ces nouveaux engagements en Côte d’Ivoire et à trouver les partenaires financiers.
Isabelle Doucet
(1) Organisation professionnelle agricole
(2) Agriculteurs français et développement international
D’une région à l’autre
La région Auvergne Rhône-Alpes et celle du Bélier en Côte d’Ivoire entretiennent des longues relations de coopération.
Parallèlement à la visite des coopératives agricoles, la mission Afdi Isère a participé à plusieurs rencontres et manifestations.
Le premier jour, les membres de la délégation se sont associés à une conférence sur l’agroécologie dans le cadre de la coopération avec l’enseignement agricole, sous l’égide du ministère de l’Agriculture français.
Dans le cadre des échanges internationaux, une cinquantaine d’étudiants français séjournaient à ce moment-là en Côte d’Ivoire et travaillaient sur les transitions et l’agroécologie. Pionnier de l’agroécologie en Isère, Yves François était à son affaire.
Un autre temps fort a été la remise de diplômes au centre de formation de Raviart, qui clôturait le précédent programme de coopération Archipelago.
Cet établissement organise des formations décentralisées dans les villages avec pour objectif de toucher les femmes qui s’occupent des cultures vivrières.
« Ce centre de formation favorise l’employabilité des jeunes », insiste Valérie Morier-Genoud, qui en est repartie avec une chèvre en cadeau…
Exporter l’expertise
Enfin, le Carrefour des Terroirs, rendez-vous des agrotransformateurs à Abidjan, a été le point de convergence de la coopération régionale.
Les membres d’Afdi Isère ont été associés à la délégation de la région Auvergne Rhône-Alpes, en présence notamment de son vice-président Philippe Meuniez, de la Chambre régionale d’agriculture, avec son président Gilbert Guigan et de l’ambassadeur de France en Côte d’Ivoire. Ils étaient reçus par les présidents de la région du Bélier et de la Chambre d’agriculture de Côte d’Ivoire ainsi que plusieurs ministres ivoiriens.
Il a été question d’accès aux équipements, de création de valeur ajoutée, d’attractivité du métier d’agriculteur et du rôle des femmes.
« L’intérêt de la coopération internationale pour la région Aura est aussi d’apporter l’expertise des entreprises françaises car les entreprises ivoiriennes ont besoin de ces savoir-faire pour développer leur transformation », a souligné Yves François.
ID