Exposition
« Calligraphies alpines », traces d’une nature sauvage

Jusqu’au 15 novembre, le musée de l’Ancien Evêché à Grenoble présente le travail du peintre Eric Alibert dans l'exposition « Calligraphies alpines », témoignage de la diversité naturelle de l’Isère.
« Calligraphies alpines », traces d’une nature sauvage

A l'aide de ses peintures et aquarelles, Eric Alibert offre un témoignage sensible sur la fragilité du monde alpin et de la nature. Anciennement illustrateur d'ouvrages animaliers, il se consacre aujourd'hui à son travail de création autour du thème de la montagne. Dès le lever du jour, il arpente les hautes vallées alpines pour observer la parade nuptiale de tétras-lyres, l'envol d'un lagopède ou la fuite d'un lièvre variable...
Le plasticien se remémore notamment l'une de ses premières ascensions : le Grand-Veymont dans le Vercors, où il a pu contempler bouquetins et marmottes. « Je veux témoigner de l'impermanence du monde, comprendre le lien entre l'animal, la plante et le nuage », décrit l'artiste. En sillonnant parcs naturels et massifs accidentés, il étudie les animaux, les insectes, la flore et les paysages. Ses œuvres mêlent de façon harmonieuse la poésie et le réalisme. « Je m'efforce d'être attentif au monde qui m'entoure, de lâcher prise tout en restant le plus près possible de la réalité », raconte-t-il.

Montrer, cacher

Les créations en noir et blanc d'Eric Alibert reflètent des rencontres, des émotions et perceptions. « Les nuances de gris sont la couleur dans mes œuvres », sourit-il. « Ce sont les jeux de lumière qui font ressortir le vivant. » Ses écritures alpines renvoient à la technique de peinture chinoise du paysage dit « de montagne et d'eau » : il y questionne le lien entre le monde visible et invisible.
Touché par le côté insondable de la nature, il tente de garder « une part de mystère et d'infini » dans son travail, très épuré. « Nous vivons au milieu d'une diversité que nous connaissons au final très peu. Nous sommes plus observés que ce que l'on observe », réagit-il. Ses calligraphies, parfois abstraites, jouent avec les formes, l'ombre et la lumière. « L'idée est de montrer certaines choses et d'en cacher d'autres. » Souvent d'ailleurs, l'animal ne s'offre pas au premier regard dans ses compositions mais fait partie d'un tout. Chaque œuvre est peinte à l'encre de Chine sur du papier Japon, avec plus ou moins d'eau pour un effet de flou naturel.
L'exposition regroupe plus de 60 œuvres réalisées sur 30 ans, du petit au grand format. Les peintures et aquarelles sont accompagnées de croquis et de matériel de terrain (équipement optique et graphique). C'est l'écrivain Farid Abdelouahab qui a composé les textes qui jalonnent l'exposition, divisée en trois salles : mammifères, paysages et oiseaux. « Calligraphies alpines » se tiendra jusqu'au 15 novembre au musée de l'Ancien Evêché, dans le cadre de la manifestation culturelle Paysage-Paysages.

Coline Mollard