Forêt

Les Chambaran à la fête

La 9^e édition de la Fête de la forêt et du bois des Chambaran se tiendra à Thodure le week-end des 2 et 3 septembre.
La manifestation se tient alternativement en Isère et dans la Drôme et revient cette année après 7 ans de pause ⁽¹⁾.
« Notre objectif est de réunir le monde de la forêt dans un moment de convivialité, explique Jacques Dumont d’Ayot, le président l’Association pour le développement forestier des Bonnevaux-Chambaran (ABC), coorganisatrice avec l’Association de la Drôme des Collines forestières (ADCF). C’est une grande manifestation, qui attire plusieurs milliers de personnes. Elle est organisée par deux associations de propriétaires fonciers présentes au cœur du même massif, en partenariat avec les collectivités locales sans lesquelles elle ne pourrait pas avoir lieu. »
Les propriétaires forestiers, les professionnels de l’exploitation forestière et bien entendu la grand public sont invités à participer à ces deux jours de fête, de conférence, de démonstrations et d’animations.
Pour le président d’ABC, les messages que portent les forestiers sont multiples. « Plus que jamais ils concernent les inquiétudes quant à l’avenir de la forêt, les problématiques du changement climatique, le développement des maladies, des scolytes sur les résineux, le dépérissement du frêne ou encore la maladie des mille chancres du noyer. On voit se multiplier les problèmes sanitaires et, confrontés à l’évolution climatique, les propriétaires comme les techniciens se demandent quel type de peuplement privilégier pour les décennies à venir. Nous nous interrogeons aussi sur les modes d’exploitation et les orientations que nous souhaitons donner à la forêt. »

Des interrogations

Le rôle de la forêt est aussi au centre des interrogations des propriétaires forestiers : « Lieu de ressourcement pour l’ensemble de la population, on voit se développer une fonction de forêt loisir à concilier avec une bonne exploitation. Nous faisons face à des problèmes de cohabitation et sommes également confrontés au risque incendie », ajoute le président d’ABC. Or, la forêt des Chambaran est composée d’une myriade de petites propriétés privées, souvent de moins d’un hectare, donc difficiles à exploiter, sans accès, ni plages de dépôt.
« Nos deux associations privilégient la mutation des forêts de taillis en futaies irrégulières, favorisant les autres modes de gestion que la coupe rase en effectuant des prélèvements réguliers, mais moins conséquents, de façon à conserver un couvert continu », explique Jacques Dumont d’Ayot.
C’est pourquoi l’association œuvre au regroupement des petits propriétaires en associations syndicales, afin de pouvoir exploiter des tènements de 2 à 4 hectares.

Expérience pilote

Le président soulève aussi la question des biens vacants sans maître, « un handicap pour la gestion forestière ».
Cependant, « une expérience pilote est menée dans le territoire de Bièvre Isère communauté pour mettre fin à ces parcelles sans propriétaire et les attribuer aux communes ⁽²⁾ après enquête, lesquelles ont la possibilité de les rétrocéder ».
Le président d’ABC rappelle aussi que les cotisations aux associations – calculées en fonction des surfaces - permettent aux propriétaires forestiers d’être couverts en responsabilité civile. « Car la RC habitation ne couvre pas les bois, prévient-il. Les propriétaires forestiers ne sont donc pas assurés pour les dégâts causés à un tiers et quand un arbre tombe sur une ligne électrique, c’est 10 000 euros ! »
Autant de sujets qui seront abordés samedi dans le cadre de l’assemblée générale de l’Union des Forestiers privés de l’Isère (UFP), mais aussi dans les différentes conférences.

Isabelle Doucet

(1) Cette fête se tient tous les quatre ans. Mais son rythme a été bousculé par le covid. La dernière édition aurait dû se tenir à Roybon en 2020.
(2) L’expérience est menée au Mottier, à Longechenal et Porte des Bonneveaux.