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800e foire de Beaucroissant

Dans les coulisses de la ferme Isère

Avant les discours et l'inauguration de la foire de Beaucroissant, les élus aiment bien faire un petit tour dans les allées d'Agrivillage. L'occasion, pour le monde agricole isérois, de glisser un mot sur une initiative ou de mettre en lumière un projet.
Dans les coulisses de la ferme Isère

Ambiance bon enfant, ce matin, sous le chapiteau d'Agrivillage. Dès 7 heures, Jean-Pierre Barbier, président du Département, accompagné de Laurent Wauquiez, son homologue régional, a entamé une visite quasi privée, qui a donné lieu à de nombreux échanges informels. Pour le monde agricole, c'est l'occasion de glisser un mot en faveur d'une filière, d'évoquer un projet, une attente, un problème technique. Dans les allées, ça parle consommation locale, outils de transformation, démarches commerciales, bugs informatiques, mix énergétique, développement durable : l'agriculture d'aujourd'hui, quoi.

Eric Rochas explique comment l'abattoir de Grenoble a réussi à redresser la barre.

Sur le stand du Pôle viande coopératif, on échange sur la situation des abattoirs - à commencer par celui de Grenoble - et on évoque les premiers succès de la marque Is(h)ere lancée l'an dernier. « Allez, on va voir vos clients ! », lance Jean-Pierre Barbier en se tournant vers les stalles des charolais. Là, les Eleveurs de saveurs iséroises brossent un tableau plutôt encourageant de la démarche amorcée il y a trois ans. « Nous avons vendu 14 bêtes la première année, nous en avons commercialisé 280 en 2018 », annonce avec fierté Yannick Bourdat, éleveur de limousines et président de l'association. Mais ça n'a pas été simple : « Nous avons bataillé avec la grande distribution, explique l'éleveur. Leurs centrales voulaient qu'on aille faire abattre nos bêtes en Bretagne plutôt qu'à Grenoble. On y aurait gagné financièrement, mais on a tenu bon. Ce problème-là, on le retrouve tout le temps. Après ils nous parlent du bien-être animal. Mais une bête qui part de Marcilloles et se retrouve une demi-heure plus tard à l'abattoir de Grenoble, elle a zéro stress ! Nous avons besoin de l'aide des élus dans ce combat-là aussi ! »

Roland Bouvier et Jean-François Gourdain, président des Eleveurs ovins de l'Isère, présente les races et le travail des éleveurs aux élus.Petite toilette charolaise avant le concours.

« Allez, on va voir les moutons ? », lance Jean-Pierre Barbier. Sous le chapiteau, tout nouveau, tout beau, les éleveurs ovins font une rapide présentation des races et des différentes pistes de valorisation mises en œuvre, notamment Agneaux des alpages et Agneaux de nos fermes. Laurent Wauquiez se montre très intéressé par la démarche. Le président des éleveurs ovins de l'Isère, Jean-François Gourdain, invite ensuite les élus à venir visiter le stand des Antonins où sont présentés les métiers d'antan.

Charte de bon voisinage

Entre cardage et fabrication du pain, les discussions vont bon train. Au nom de la FDSEA, Jérôme Crozat et André Coppard interpellent Jean-Pierre Barbier au sujet de la charte du bon voisinage. « J'entends ce que vous dites, mais la société a complètement changé en trente ans, objecte le président du Département. La seule solution aujourd'hui, c'est d'expliquer. Votre charte rappelle la loi. Mais la loi va sûrement évoluer. Je n'ai pas de désaccord sur le fond avec la charte, mais ce n'est peut-être pas le bon moment pour signer. Attendons de voir ce qui va sortir de la concertation. » Même réaction du côté du préfet.

Pour Jean-Pierre Barbier, président du Département, il faut attendre la fin de la consultation sur les produits phyto avant de signer la charte de bon voisinage élaborée par la FDSEA. Jérôme Crozat, président de la FDSEA 38, détaille à Laurent Wauquiez les actions engagées pour développer la consommation de produits locaux.

Revenus sous le chapiteau d'Agrivillage, les élus poursuivent leur déambulation. Echanges de cartes de visite d'un côté, de poignées de main de l'autre. On parle irrigation, alpages, loup, BVD, adaptation au changement climatique, nécessité de soutenir les projets d'agro-foresterie ou renouvellement des générations. Sur le stand de la MSA, Laurent Wauquiez prend connaissance du projet Fast porté par les JA et la MSA Alpes du Nord pour favoriser la transmission des exploitations. Le président est emballé. « Il faut que ce soit opérationnel à la prochaine Beaucroissant », décrète-il. Et voilà son directeur en charge du dossier.

Méthanisation

A deux pas de là, sur le stand du comité départemental de pilotage de la méthanisation, le témoignage de Dominique Ronzon, le président d'Agrométha, met du baume au cœur aux élus, peu habitués à se voir encensés. « Les 200 000 euros de subvention du Département, c'est le prix de notre indépendance, explique l'agriculteur. Les aides publiques sont indispensables pour nous permettre de garder le contrôle de nos installations. C'est un bon investissement que fait la collectivité pour son territoire. » Jean-Pierre Barbier, qui se voit ainsi conforté dans son action, n'en est pas moins conscient de la nécessité de faire de la pédagogie. « Il faut être très vigilant sur la qualité des projets pour garantir leur acceptabilité », prévient-il.

Dégustation du lait Is(h)ere sur le stand de la chambre d'agriculture de l'Isère.Dégustation du lait Is(h)ere qui sera commercialisé en septembre 2020.

Il est 9h30 : il commence à faire soif. Le verre de lait offert sur le stand de la chambre d'agriculture de l'Isère tombe à pic. C'est un produit de la marque Is(h)ere, issu d'une démarche collective en cours de structuration. « Si on arrive à faire ça, ce sera un gros marqueur de notre action », déclare Pascal Denolly, président du Pôle agroalimentaire isérois. Les premières briques de lait devraient être commercialisées en septembre 2020... Un produit local qui n'a pas grand chose à voir avec les « spécialités Accords UE-CETA », présentées un peu plus loin, sur le stand des JA.

Marianne Boilève