Accès au contenu
Nuciculture

De nouveaux moyens de lutte contre le Carpocapse apparaissent

Coopenoix a organisé une journée technique pour faire découvrir les dernières innovations en matière de nuciculture. Plus de 140 producteurs ont répondu à l'invitation et se sont intéressés aux moyens de lutter contre le carpocapse.
De nouveaux moyens de lutte contre le Carpocapse apparaissent

C'est en nombre que la profession nucicole a répondu à l'invitation lancée par Coopenoix le 9 mars à Beaulieu pour parler des nouveautés en nuciculture.

A l'initiative de son groupe technique, la matinée avait pour objectif de faire découvrir aux nuciculteurs les nouveautés qui pouvaient les intéresser en matière de lutte contre les ravageurs et de matériel.

« Ce n'est pas parce que nous travaillons une production qui a des valeurs de tradition et de terroir que nous devons rester à la traîne des innovations. En tant que première structure de commerce de noix au niveau européen, nous nous devons d'encourager nos producteurs à mettre en œuvre des pratiques qui répondent à leurs attentes en matière d'évolutions techniques et sociétales », explique Yves Renn président de la coopérative Coopenoix.

D'où le choix du groupe technique de présenter les méthodes de lutte contre le carpocapse, un papillon qui a causé d'importants dégâts cette année (au moins 10 % de perte de récolte selon Clémence Bazus, technicienne de la coopérative).

Technique prometteuse

Développée depuis plusieurs années, la confusion sexuelle est une solution non-chimique intéressante qui vient en complément des traitements, puisqu'elle permet d'éviter certains passages.

Au lieu de s'attaquer aux œufs et aux larves, on cherche à éviter les rencontres - et donc les accouplements - entre les adultes pour arrêter le cycle du ravageur avant son stade nuisible.

La technique consiste à placer des diffuseurs contenant des phéromones de synthèse, dont le pouvoir attractif est équivalent à celui de la phéromone naturelle émise par la femelle pour désorienter les mâles.

La méthode étant préventive, les diffuseurs doivent être posés avant le début du premier vol.

Si la technique est prometteuse (elle n'est pas soumise au risque de lessivage, elle n'est pas toxique pour l'agriculteur, l'environnement et les autres auxiliaires), elle est confrontée au problème d'installation dans les noyers.

Car, pour qu'elle soit efficace, il faut que les diffuseurs soient placés dans le tiers supérieur des arbres, une difficulté pour les nuciculteurs.

De nouvelles techniques ont été mises au point récemment.

Des nouveaux diffuseurs

 

Benjamin Sterlin, ingénieur cultures spécialisées chez BASF, présente « le Rak3 Super ».

 

 

 

BASF propose une nouvelle gamme de petits diffuseurs « le Rak3 Super » accrochés en ribambelle de six que les nuciculteurs peuvent directement placer dans le noyer, à l'aide d'une nacelle ou d'une perche.

« Nous préconisons une densité de 500 diffuseurs par hectare, ce qui permet d'assurer une couverture continue pendant 150 jours. Ces diffuseurs inodorants sont discrets dans la végétation une fois posés dans des parcelles de plus de deux hectares, mais restent repérables par l'arboriculteur. Ils résistent au temps, notamment au vent et aux passages des pulvérisateurs, qu'ils soient accrochés sur rameaux ou sur fil de fer », explique Benjamin Sterlin, ingénieur cultures spécialisées chez BASF. Leur coût est de 220 à 230 euros l'hectare.

 

Sumi Agro France vient de mettre au point le « Ginko Ring » qui assure une protection efficace avec seulement 100 diffuseurs par hectare.

 

Sumi Agro France vient de mettre au point le « Ginko Ring » qui assure une protection efficace avec seulement 100 diffuseurs par hectare (contre 500 pour le « Ginko »).

Sa grande taille (sous forme de cordelette) facilite son installation en vergers de noyers.

Pour qu'il soit efficace, il ne doit pas être utilisé dans une parcelle de moins de quatre hectare.

Le diffuseur assure une libération passive des phéromones de façon optimale et homogène durant toute la saison jusqu'à fin octobre.

Le temps de pose se situe autour d'1h30-2h à l'hectare et le coût est de 220 euros à l'hectare.

Il est actuellement testé par la Senura (Station expérimentale nucicole Rhône-Alpes).

Ces deux types de diffuseurs doivent être placés dans le tiers supérieur des arbres autour de la mi-avril.

Il n'est donc pas possible de les installer en même temps que les pièges à mouches du brou, plutôt installés en juin.

 

Equipé d'un système électronique avec minuteur, le

 

Le concept de l'aérosol proposé par De Sangosse est différent.

Il ne s'agit pas d'un relargage passif mais actif.

Equipé d'un système électronique avec minuteur, il diffuse des phéromones tous les quarts d'heure de 17 heures à 5 heures du matin (il n'y a pas de diffusion dans la journée car les carpocapses ne s'accouplent pas durant cette période.

Un aérosol assure 180 jours de diffusion et couvre 75 mètres de large et 250 mètres de long.

On préconise une densité de deux diffuseurs à l'hectare.

Les « puffers » doivent être placés selon un plan de pose dépendant du parcellaire, dans le sens des vents dominants.

Ils peuvent être fixés sur des cordes ou des poteaux paragrêle, mais pas directement sur les arbres.

Livrés prêt à l'emploi, ils doivent aussi être installés mi-avril.

Ils sont enlevés en fin de saison et retournés à l'entreprise.

Le coût de cette technologie est de 225 euros à l'hectare.

Son fonctionnement mérite d'être étudié entre voisins.

Usage du drone

Pour faire face au problème d'installation de ces équipements dans les noyers, l'usage du drone est en cours de mise au point.

 

Pour faire face au problème d'installation de ces équipements dans les noyers, l'usage du drone est en cours de mise au point.

Des essais sont menés par le pôle châtaignes de la station expérimentale de la filière fruits et légumes en Nouvelle Aquitaine.

Confrontés au même problème de carpocapse et de pose des diffuseurs dans les arbres, les arboriculteurs de ce secteur réfléchissent avec une entreprise spécialisée à l'opportunité de la pose aérienne.

Si la machine, équipée d'outils cartographiques, survole le verger pour larguer les diffuseurs, cette opération est assurée manuellement de façon très précise par un technicien muni de lunettes 3D.

Le système fonctionne, mais de nouvelles automatisations doivent être intégrées pour encore gagner en rapidité, vu le coût de la technique (autour de 400 euros l'hectare, en incluant les diffuseurs).

Le système est au point pour les châtaigners de Nouvelle Aquitaine, mais pour répondre à la demande croissante des nuciculteurs isérois, de nouvelles démonstrations devraient être organisées prochainement dans le département.

Isabelle Brenguier

Echanges d'expériences / Un groupe technique à Coopenoix

La coopérative Coopenoix a créé un groupe technique composé de jeunes nuciculteurs pour réfléchir à de nouvelles orientations en matière de recherche sur la conduite des vergers.
Un groupe de jeunes passionnés de technique nucicole qui donne les orientations sur les recherches à mener pour mieux répondre aux besoins et aux attentes des producteurs. Telle est la vocation du groupe technique de Coopenoix. Constitué de sept membres nuciculteurs et de deux techniciens (Franck Michel et Clémence Bazus), il vise à « acquérir des références pour apporter des solutions aux problématiques rencontrées dans les vergers des adhérents », précise Franck Michel, en charge de la coordination du groupe.
Expérience et nouvelles techniques
Car il en existe des sujets sur lesquels se pencher pour améliorer la conduite des vergers. Est-ce que les engrais foliaires peuvent être intéressants pour les noyers ? Avec quel volume d'eau est-il plus probant de traiter ? Quels sont les comportements et les rendements des nouvelles variétés hybrides, telles que la Ferbel, la Feradam ou la Ferouette ? Quel peut être leur intérêt selon la zone géographique, le type de sol, les conditions pédo-climatiques, ou même l'orientation du marché ? Comment mieux connaître et lutter contre la mouche du brou, le colletotrichum et le carpocapse ?
Pour répondre à ces questions, des essais sont réalisés pendant des périodes de trois à cinq ans dans les vergers de l'ensemble de la zone de production de noix, du Diois, jusqu'aux frontières de la Savoie, chez des nuciculteurs adhérents à Coopenoix. Certains de ces travaux sont menés conjointement avec la Senura (Station expérimentation nucicole en Rhône-Alpes). D'autres font même l'objet de partenariats avec la Senura, mais aussi avec l'Inra (l'Institut national de la recherche agronomique) et le CTIFL (Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes). Comme l'indique Stéphane Masset, nuciculteur à La Buissière, dans la vallée du Grésivaudan, à l'origine de la création du groupe technique en 2009, « ce dernier n'a pas vocation à se substituer à la Senura. Il vient compléter leurs travaux et répondre à certaines questions que se posent les adhérents de la coopérative nucicole ». Bertrand Quincieux, jeune nuciculteur installé à Beaulieu depuis 2010 apprécie la démarche. « Participer à ce groupe est très instructif. Il rassemble des nuciculteurs qui ont de l'expérience et des jeunes qui sortent de l'école avec de nouvelles techniques. C'est intéressant, car c'est important de ne pas rester dans son coin », estime l'agriculteur.
IB

 

L'arrivée des trieurs optiques

La révolution mécanique de la récolte de noix n'est pas terminée.
Après les ramasseuses, les laveuses-écalleuses et autres séparateurs, ce sont les trieurs optiques qui font leur apparition sur le marché nucicole, pour pallier le manque de main-d'œuvre familiale à venir dans les exploitations.
S'il n'y a encore que peu de machines installées dans les stations, les prototypes se multiplient chez les concessionnaires.
Les stratégies sont différentes d'un constructeur à un autre.
L'entreprise AMB Rousset, implantée à Beaulieu, travaille sur la conception d'un modèle pouvant répondre à la diversité des demandes des nuciculteurs isérois.
L'entreprise AMB Rousset met au point un nouveau trieur optique.
« Nous cherchons à mettre au point une machine plus petite et plus abordable, la plus simple possible d'utilisation, pour les nuciculteurs isérois. Avec un débit pouvant varier de 500 kilos à deux, quatre ou six tonnes à l'heure, elle fonctionne avec la noix sèche et vise à trier selon quatre critères (la couleur, les tâches, la taille et la forme). Nous avons fait ce choix, car nous estimons que les producteurs sont déjà équipés d'autres matériels qui permettent d'enlever les noires et les vides », explique l'un  de ses concepteurs.  
Du coté de Récolt'concept à Chatte, le choix a été différent.
Ils ont préféré installer une machine à la sortie de la laveuse, estimant « qu'il n'était pas utile de sécher des noix qui ne seraient pas valorisées ».
Leur machine sépare les bonnes des noires et tâchées, des cassées et des vertes, qui sont redirigées vers la laveuse-écalleuse.
Son débit varie de quatre à huit tonnes à l'heure, selon les canaux.
Elle fonctionne grâce à un système d'éclairage infrarouge qui différencie les contours.
Son prix se situe aux environs de 50 000 euros mais dépend de l'installation.
IB