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Viticulture

Des abymes d'or et d'argent

Beaucoup de savoir-faire et un peu de chance. Julien René, viticulteur à Chapareillan est revenu auréolé d'argent de la dernière édition du Concours général agricole, qui s'est déroulé pendant le salon de l'agriculture, pour son vin blanc abymes, dans la catégorie vins de Savoie.
Des abymes d'or et d'argent

Ses plus hautes vignes culminent à 450 mètres, sans doute les plus élevées du vignoble savoyard et isérois. A Chapareillan, Julien René représente la quatrième génération de viticulteurs. « Je croyais être le premier médaillé d'or de la famille au Concours général agricole, mais non, mon arrière-grand-mère en avait déjà décroché une en abymes », annonce le jeune viticulteur. Il présente ses échantillons au Concours général agricole depuis trois ans. La chance du débutant ? En 2013 tombe la médaille d'or en abyme, du premier coup. Rien à Paris en 2014, mais une médaille de bronze en apremont lors du concours du Comité interprofessionnel des vins de Savoie (CIVS) et l'argent de nouveau en abyme en 2015. Le talent se confirme. « Un vin frais, fruité, une belle minéralité, un vin typique de l'appellation », telle a été la sentence du jury parisien pour couronner ce vin blanc poli dans la pierre.

 

Le vins des abymes de René Julien s'est distingué lors du dernier concours général agricole.

Une histoire millénaire

Julien René a repris l'exploitation familiale en 2001. Il travaille seul, sa mère venant lui donner un coup de main de temps à autre. Là, directement dans les éboulis du mont Granier, l'agriculteur tire le meilleur parti de ce sol calcaire qui donne le goût si particulier du cépage jacquère avec lequel il fait les abymes et l'apremont. Des cailloux qui valent de l'or. « Les anciens ont façonné le coteau, ramassant les pierres, laissant les autres, construisant des murets, des talus. C'est un travail extraordinaire pour au final avoir de belles vignes », raconte le viticulteur. Cette histoire millénaire du Granier confère aux vins tirés de ses flancs leur typicité. « Et puis, il y a le soleil levant, qui sèche la rosée, évite la pourriture... » Julien René est un passionné. « J'ai beaucoup appris des vins avec la maison Vacher aux Marches, en Savoie ». Le terrain, le travail des vignes et la vinification sont, pour lui, les trois piliers d'un vin qui se distingue. Depuis 2014, toutes ses vignes sont enherbées. Un peu plus stressées, elles gagnent en degrés. En fonction de ses objectifs de qualité, il vendange ses vignes à la main ou mécaniquement. Les abymes sont récoltés à la machine, « qui fait presque le tri toute seule et cela va plus vite qu'à la main, ce qui permet d'éviter l'oxydation des mous », détaille le viticulteur. Apremont et rouges sont ramassés à la main. « Le meilleur moment de l'année, c'est après les vendanges. On arrive à voir très rapidement ce qui va sortir. Puis il faut attendre l'hiver. S'il y a trop d'acidité, on ouvre les portes pour que le froid précipite l'acide tartrique », confie le vigneron. Il n'en dira pas plus.

 

Viticulteurs depuis quatre générations.

Avantage commercial

Sur quatre hectares, Julien René produit des abymes, de l'apremont, du rouge et de la roussette. « Les abymes sont mon préféré, reconnaît-il, c'est le cru d'ici, sur les éboulis ». D'années en années son expertise se confirme. Les médailles sont une reconnaissance et un avantage commercial. « Mais le plus dur, ce n'est pas de faire du vin, c'est de le vendre ! ». Forcément beaucoup moins passionnant. Il produit 20 000 bouteilles de vins de Savoie par an. Ses clients sont des restaurants, des grossistes ou des stations de sport d'hiver. Il y a aussi une bonne part de vente directe, « des clients qui descendent du Granier », des habitués. Le vigneron pourrait se développer, « C'est difficile de tomber sur de belles vignes, j'aimerais bien trouver de l'apremont et je vais planter un peu d'altesse cette année, car la roussette est un vin qui rencontre un certain succès, notamment auprès des femmes. C'est un vin vieilli en fût, qui présente une certaine rondeur ». Parce qu'il aime échanger avec les autres et qu'il est curieux de ce qui se fait en vin dans la région, Julien René envisage de participer à des concours locaux, pourquoi pas celui des vins de l'Isère. Il a également beaucoup apprécié d'être membre du jury, cette année, lors du Concours général agricole, sur les vins allobroges. « C'est intéressant de voir ce que les autres font ». Surtout, il reconnaît que les vins de Savoie ont beaucoup évolué.

Isabelle Doucet