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Viticulture

Des vendanges marquées par un faible volume

Entre le gel du printemps, la grêle et les oiseaux, les vignobles isérois ont souffert. Si la qualité est au rendez-vous, la quantité fait défaut.
Des vendanges marquées par un faible volume

Les vendanges s'achèvent en Isère sur une campagne mi piaf, mi raisin.

« Il y a eu beaucoup de pertes dues au gel dans le Nord-Isère, déclare Wilfrid Debroize, le président du syndicat des viticulteurs de l'Isère. Le volume de la récolte sera de moins 30% par rapport à l'an dernier. Dans la vallée du Grésivaudan, nous avons eu un peu de gel, mais beaucoup de problèmes avec les oiseaux qui ont causé de gros dégâts. »

La pression des oiseaux s'explique par un mois de juillet sec qui a grillé les baies sauvages. A la recherche d'eau et de nourriture, les oiseaux se sont reportés sur la vigne. « Ce qui nous a obligés à commencer les vendanges plus tôt », reprend Wilfrid Debroize.

Pour se protéger les viticulteurs ont tenté d'installer des effaroucheurs, des filets, « mais cela représente un coût financier. Nous essayons de couvrir les zones qui sont les plus proches des arbres », explique le vigneron.

Trois semaines d'avance

La récolte a donc commencé début septembre dans la vallée du Grésivaudan avec presque trois semaines d'avance sur les gamays, lesquels « n'ont pas pu prendre tous les degrés en alcool » attendus.

Pour autant, la vendange est de belle qualité en Isère « avec de beaux arômes, une belle acidité et de jolis degrés en alcool », estime pour sa part le viticulteur du Grésivaudan.
Les Balmes dauphinoises ont aussi été impactées par le gel et par les blaireaux au moment de la récolte.

« On mesure les impacts climatiques et je pense que nous allons vers des périodes de grand désordre, constate Wilfrid Debroize, c'est à l'agriculteur de s'adapter et de travailler différemment. »

Il souligne l'avantage du vignoble isérois planté majoritairement de cépages autochtones « qui présentent une bonne résistance cryptogamique et qui bénéficient d'une sélection végétale sur nos propres bois et sont donc moins soumis à la pression des maladies. »

Ces cépages de « deuxième époque » sont censés être vendangés à partir de mi-octobre. Aujourd'hui, l'effet du réchauffement climatique tend à porter le raisin à maturité dès le mois de septembre. « Les cycles végétatifs sont perturbés », estime Wilfrid Debroize qui observe « des débourrages précoces qui rendent les vignobles sensibles au coup de gel ».

Les oiseaux

Dans le Trièves, le territoire isérois où la vendange s'effectue le plus tard en raison de l'altitude, la récolte s'est achevée dans la semaine. « On a vite terminé car le gel a beaucoup impacté la production », déclare Samuel Delus, vigneron à Prébois.

Le vignoble a aussi souffert de l'attaque en règle des oiseaux. Le viticulteur a cependant réussi à limiter les dégâts de blaireaux en installant des parcs électriques.
« J'aurai les mêmes volumes que l'an passé alors que je devais avoir une entrée en production significative », reprend Samuel Delus qui a effectué un très gros travail de sauvegarde et de conservation dans le Sud Isère, avec de jeunes vignes qui ont beaucoup souffert des caprices climatiques.

« Un plant entier de persan planté en 2016 a gelé », se désole-t-il. Il espère que le secteur sera classé en calamité suite au gel.

Les blancs semblent avoir mieux résisté. Tout est question de date de débourrage et de taille pour les viticulteurs. « Les pinots gris sont plus adaptés à l'altitude car ils débourrent tard et murissent tôt », constate Samuel Delus. Heureusement il prévoit une belle qualité avec un degré d'alcool déjà élevé.

Isabelle Doucet