Feu vert pour Méthanisère

L'ICPE en poche, c'est-à-dire l'autorisation d'exploiter pour les installations classées, le méthaniseur d'Apprieu a fini par franchir tous les obstacles qui s'opposaient à sa sortie de terre.
Le collectif d'agriculteurs porteur du projet, qui a pourtant reçu le soutien du président du conseil départemental et de la préfecture, n'en est pas moins amer en raison de l'opposition locale toujours acerbe.
En cause, un recours déposé par la mairie d'Apprieu sur le permis de construire, qui porte sur la forme et non sur le fond.
Cette action n'est pas de nature à stopper le projet, mais pourrait obliger les porteurs à procéder à des aménagements, voire à modifier le dossier.
Ce serait aussi un signal fort de non-acceptation sociale. « Si le recours de la mairie gagne, alors, il n'y aura pas un seul méthaniseur en Isère », prévient Lionel Thermoz-Bajat, agriculteur à Apprieu et président de Méthanisère.
Une réunion de la dernière chance a eu lieu entre le collectif d'agriculteurs et le maire, Dominique Pailler, début janvier, afin de lever ce recours pour que le chantier démarre sur des bases sereines, mais en vain.
Des agriculteurs à Apprieu
« Nous ne pouvons pourtant pas faire mieux », objecte Lionel Thermoz-Bajat.
Pour que le projet soit le plus cadré possible, les agriculteurs ont été conseillés par la chambre d'agriculture et ont fait appel à un cabinet spécialisé dans l'accompagnement à la maîtrise d'ouvrage.
« L'Ademe, la Région, le préfet et le Département ont donné leur accord, reprend l'exploitant agricole, mais il y a des enjeux fonciers qui dépassent le projet. »
Les agriculteurs ont dû justifier du moindre détail lié au fonctionnement de la future installation productrice d'énergie renouvelable, avec le sentiment que tout était fait pour barrer la route à leur projet.
« Le maire nous a reprochés de ne pas être assez précis quant au nombre de rotations quotidiennes de tracteurs, se désole Lionel Thermoz-Bajat. Quatre, six ou huit tracteurs par jour, cela ne change rien au projet, surtout si on le compare aux 15 000 véhicules quotidiens qui passent à Apprieu. »
Les agriculteurs s'interrogent : « Veut-on toujours des agriculteurs dans la commune ? ».
Ils dénoncent les inégalités de considération. « On accepte des industriels qui installent des bâtiments avec des dizaines de quais de déchargement, mais le méthaniseur, non ! ».
Pendant plus d'un an, le collectif a participé aux réunions publiques, pour expliquer en détail ce projet à vocation uniquement agricole.
« Nous avons organisé, en février dernier, une visite d'installation pour rassurer les riverains quant aux odeurs, mais le maire n'était pas là. Du coup, il a toujours des doutes », reprend Lionel Thermoz-Bajat.
Début des travaux en mars
Pour autant, le méthaniseur, d'une capacité de 15 000 tonnes de matières, sortira de terre.
Les premiers coups de pelle devraient être donnés au mois de mars, dès lors que les banques auront donné leur accord de financement. Le montant total de l'enveloppe s'élève à 4,5 millions d'euros, en fonds propres, emprunts et subventions.
La consultation du public, qui s'est déroulée durant les mois de septembre et octobre 2016, a donné lieu à 74 observations.
Lionel Themoz-Bajat fait le calcul. « Il faut retrancher les 14 signatures des associés qui sont pour ». Restent 60 signatures dont une bonne partie des membres du conseil municipal, « bref à peine 1% des 3 200 habitants d'Apprieu, se sont prononcés », constatent les agriculteurs.
« C'est un projet nouveau, il y a eu beaucoup de ragots, qui ont pu mettre le doute dans l'esprit des riverains, c'est dommage », déplore le président.
Isabelle Doucet
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