Hausse des intrants : urgence
Quelques conseils stratégiques pour réagir face à la hausse du prix des intrants.

Les simulations des hausses d’intrants montrent un impact très fort sur les trésoreries des éleveurs laitiers de l’ordre de 60 à 70 euros/1 000 l. Si la hausse attendue des produits lait et viande peut en compenser une partie, il faudra trouver néanmoins des économies et renforcer l’efficacité des intrants. Revue de détail, propositions concrètes et journées d’échanges en perspective avec Adice.
Hypothèses de simulation et méthodologie :
Données issues des Coûts de production
Élevages bovins lait réalisés cet hiver par Adice
80 élevages, comptabilité 2020-2021
Calcul atelier lait
Ne tient pas compte d’ajustements techniques
Simulation année pleine
Tous les systèmes et élevages impactés de 60 à 70 €/ 1 000 l
Que l’on soit en AOP (Vercors), IGP saint-marcellin, en bio ou en conventionnel, l’impact est fort de 59 à 69 € / 1 000 l en moyenne.
L’analyse des quartiles montre une faible dispersion : 50 euros à 80 euros.
Si on ramène cet impact au volume produit, cela représente de 15 à 40 000 euros pour l’atelier bovin lait.
Heureusement les éleveurs ont pu acheter, notamment l’engrais, en morte-saison ou à un cours inférieur en 2021 pour une utilisation ce printemps. Pour certains intrants (exemple : urée ou GNR) au vu des capacités de stockage limité, l’impact sera rapide et fort. Si la situation venait à perdurer l’impact financier sur 2022-2023 est bien réel.
La hausse des concentrés pèse le plus fortement (20 à 35 euros selon les systèmes).
Le carburant impacte tous les élevages de l’ordre de 20 euros.
Pour les élevages AOP et surtout en Bio, l’impact « engrais » est faible voire nul.
Heureusement les produits progressent en ce début d’année
La hausse attendue des produits (prix du lait et viande) devrait permettre d’absorber la moitié des charges supplémentaires. En effet les cours de la viande (maigre ou engraissement) sont élevés. Les vaches partent à plus de 4 euros/kg. Avec un prix supérieur moyen de 20 %, 10 euros/1 000 l de gains supplémentaires sont attendus.
Enfin les annonces sur le prix du lait de ce 1° semestre sont plutôt bien orientées. A minima 20 à 30 euros sont attendus. Gare toutefois à l’inflation globale des produits qui pourrait restreindre les marges de manœuvre de négociation.
Des solutions à court et moyen terme pour réduire l’impact financier
Les éleveurs présents en formation « coût de production » cette fin d’hiver nous proposent déjà des solutions. Celles-ci complétées de l’expertise des conseillers sont à contextualiser et adapter au cas par cas.
Certaines solutions demandent quelques investissements ou sont à réfléchir à moyen terme. D’autres peuvent présenter quelques contraintes techniques.
Voici une liste non exhaustive à consommer sans modération :
Hausse des carburants/énergie
§ Pâturage
§ Système fourrager
§ Production d’énergie
§ Outils combinés
§ Raisonner les déplacements
§ Utilisation du bol mélangeur
§ Travail en commun
§ Simplification des itinéraires
§ Conduite économe / tracteur
Hausse de l’engrais
§ Implanter plus de légumineuses
§ connaître la valeur de ses effluents
§ Valoriser le plan de fumure
§ Privilégier le fumier / compost
§ Optimiser ses pratiques d’épandage par rapport à la météo
§ Faire des impasses PK si matière organique
§ Privilégier les apports ferti minérale sur les 1° coupes
Hausse des aliments
§ Valoriser au maximum le pâturage
§ Réformer les animaux improductifs
§ Récolter des fourrages de très bonne qualité
§ Privilégier les légumineuses
§ Privilégier les matières 1°
§ Comparer le coût du point de MAT des concentrés achetés
§ Peser les qté distribuées
§ Analyser ses fourrages
§ Calculer ses marges alimentaires
§ Piloter la ration avec les indicateurs urée
§ Complémentation individuelle
§ Viser l’efficacité alimentaire à la vache
Jean-Philippe Goron
Adice