Accès au contenu
Recherche

La noix ne compte que sur elle-même

La station de recherche expérimentale sur la noix Senura ne doit son équilibre économique qu'à la production de son verger.
La noix ne compte que sur elle-même

Après 23 années de co-présidence de la Senura, Jean-Luc Revol laisse la place à Christian Mathieu, associé du Gaec des Ferrières à L'Albenc.

Jean-Claude Darlet, également co-président, a reconnu en son ex-homologue l'artisan de « l'essor d'un pôle agricole à Chatte ». La station Senura doit beaucoup à Jean-Luc Revol, pour la sagesse de sa gestion et pour ses qualités de visionnaire.

A l'heure du bilan, l'activité de la station expérimentale demeure stable même si le budget prévisionnel 2016 accuse un léger déséquilibre.

« Comme pour toutes les stations, la situation est difficile », constate Christian Mathieu. Les incertitudes en matière politique ne favorisent pas la conduite d'un programme d'expérimentations sur le long terme. Là où il y aurait besoin de sérénité, les équipes reconnaissent passer beaucoup de temps dans la recherche de cofinancements.

Mutualiser

Lors de l'assemblée générale, qui s'est déroulée a Chatte le 20 mai dernier, Jean-Luc Revol a évoqué l'audit national confié à Hervé Piaton sur les stations partenaires du CTIFL et la mission régionale sur le niveau de mutualisation des quatre stations rhônalpines *.

La remise en cause n'est pas à l'ordre du jour, car il n'existe que deux stations de recherche sur la noix en France, à Chatte en Isère et à Creysse en Dordogne. Et ce n'est pas trop.

 

Le verger de la Senura assure l’équilibre budgétaire de la station.

 

S'il faut encore mutualiser et optimiser le fonctionnement des stations régionales, la Senura est prête à jouer le jeu. A condition que les collectivités en fassent de même. Car la station vient juste d'être échaudée par une expérience malheureuse. Elle a répondu à un appel à projet sur une expérimentation variétale impliquant un financement conjoint de la région Rhône-Alpes et Midi-Pyrénées. Or, le désengagement de cette denrière a sonné le glas du projet.

50% des producteurs ne cotisent pas

« Pour autant, la Senura est une station stable financièrement, grâce à la récolte des noix, à la valorisation de nos produits et aux cotisations professionnelles », reprend Florence Reiner, la nouvelle directrice de la station qui succède à Jean-Paul Jullien, lequel a fait valoir ses droit sà la retraite.

La station affiche un budget de 630 000 euros. Son principal poste de recettes est la vente des noix grâce à un verger de 27 hectares qui a produit 60 tonnes cette année, garantissant 170 000 euros de revenu.

A cela s'ajoute la prévision de récolte, réalisée pour le compte du comité interprofessionnel de la noix (CING) d'un montant de 30 000 euros.

Le soutien aux programmes de recherche est le deuxième poste de financement. En 2015, FranceAgriMer a versé (ou devrait verser car certains financements de 2014 n'ont pas encore été débloqués) 86 000 euros, la région Rhône-Alpes, dans le cadre du PEP, 53 000 euros.

Le département de l'Isère a été particulièrement présent cette année en doublant son budget pour le porter à 32 000 euros afin de soutenir le programme d'irrigation de la station. Enfin, les cotisations professionnelles représentent 19% du budget soit 128 000 euros.

Jean-Luc Revol peste contre les 50% de producteurs qui ne cotisent pas pour la station. « Souvent par méconnaissance car ils pensent le faire par l'intermédiaire du CING, ce qui n'est pas le cas ».

Là où les fonds manquent le plus, c'est surtout pour l'investissement. Les outils de la station, créée dans les années 80, sont vieillissants. Mais la noix, qui représente pourtant le deuxième verger de France, intéresse peu de partenaires.

Isabelle Doucet

*Sefra, Senura, Ratho et Serail

 

Des pistes de recherches mutliples

Chargée de répondre aux questions du terrain, la Senura emploie une douzaine de personnes qui veillent à la conduite et à l'état sanitaire du verger.
Les derniers travaux sur la bactériose, en parternariat avec le CTIFL, ont mis l'accent sur le coletotrichum, afin d'améliorer la connaissance du champignon. Une appel à projet dans le cadre d'un PEI (partenariat européenne pour l'innovation) devrait permettre de financer la recherche pendant quatre ans. Les autres recherches portent sur le stress hydrique et la résistance au cuivre.
Le matériel végétal fait également l'objet d'un suivi continu. La variété fernor, plantée il y a 20 ans, s'offre ainsi un bilan plutôt satisfaisant en dépit de certaines exigences du terrain. Les scientifiques examinent également les nouveaux hybrides plantés en 2010 qui donneront cette année une première récolte significative. Les variétés autoracinées ont quant à elles confirmé leur potentiel.
Des avancées significatives sont également à signaler dans la lutte par confusion sexuelle contre le carpocapse. Le nombre de confuseurs a été aujourd'hui abaissé à 400 par hectare (Ginko ou Rac3), mais l'été 2016 devrait voir l'homologation d'un système ne nécessitant que 100 diffuseurs à l'hectares (Ginko Ring).
Par ailleurs, un étudiant en thèse, dans le cadre d'un partenariat avec l'université belge Gembloux, s'intéresse de près à la mouche du brou. Même si elle n'est plus une espèce de quarantaine, sa pression pose toujours problème. Les chercheurs veulent mettre en place un système de « push-pull » visant à repousser les mouches du verger avec des phéromones et à les attirer dans des pièges à l'aide de composés organiques volatils du brou. Les essais en laboratoires sont intéressants, le terrain devra corroborer.
L'ensemble de ces recherches nécessite cependant la mise à disposition de parcelles de la part des nuciculteurs. La station lance donc un appel en direction de ses adhérents, notamment pour une étude dans le cadre du contrat de rivière pour l'amélioration de la qualité de l'eau. L'objectif est de limiter les intrants sans toucher au revenu du producteur.
ID
 

 

Voir aussi :

- Demande expresse de reconnaissance pour la noix de Grenoble

- Des investissements au service de la qualité

- Noix : Quelle pratique cultural pour améliorer l'état du verger ?

- La noix va-t-elle faire exploser sa bulle ?