La simulation pour gérer l'apport d'azote

« Parfois, les plantes sont en excès d'azote et parfois en déficit. On s'est demandé comment obtenir une trajectoire optimum de l'azote », explique Thibaut Ray, animateurs filière chez Arvalis.
L'institut a développé le modèle de culture CHN afin de connaître au quotidien les stocks de matière organique, d'azote et d'eau présents dans les sols ainsi que les stress possibles de la plante en azote et en eau.
Le modèle simule des stocks et des flux, par jour, et par tranche d'un centimètre.
Ce dernier est basé sur la notion d'indice de nutrition azoté (INN).
L'azote permet l'augmentation de la biomasse ainsi que de la teneur en azote de la plante. Jusqu'à un certain point.
Malgré l'ajout d'azote, la quantité de biomasse n'augmente plus à partir d'un point d'inflexion de la courbe. L'INN compare le pourcentage d'azote mesuré par rapport au pourcentage d'azote optimal. Si ce rapport est supérieur à 1, la trajectoire de fertilisation serait jugée optimale. Inférieure à 1, un nouvel apport azoté serait nécessaire.
« Il ne faut jamais être en dessous de 0,7 à 0,9 d'azote. Avec le modèle, le but est que la plante ne soit jamais en difficulté d'azote. »
Afin de connaître l'INN de sa parcelle, il faut prendre la mesure dans des conditions favorables c'est-à-dire de bonnes conditions météorologiques et sans apport dans les 15 jours précédents.
« Il faut avoir les données météo les plus fiables possibles. Certains agriculteurs ont de petites stations météo », explique l'animateur.
Un fin calcul protéique
Arvalis ne s'est pas uniquement intéressé à l'azote.
Le modèle analyse aussi la teneur en protéines. « Les variétés n'ont pas les mêmes teneurs en protéines à la dose d'azote optimale pour le rendement », confirme Thibaut Ray.
Le choix de la variété entre donc aussi en compte.
Le pilotage intégral de l'azote permet ainsi de recentrer les doses totales autour du niveau optimal de l'azote. « On gagne 0,7% de protéine et on est 7% plus efficace en engrais... les résultats des essais sont hautement significatifs », félicite Thibaut Ray.
Selon les d'essais menés depuis plusieurs années, le modèle permettrait « une stratégie beaucoup plus rationnelle » et une augmentation de la protéine.
La finesse d'analyse du modèle pourrait être un frein à son utilisation, mais le but du modèle est de pouvoir être utilisé sur les outils de pilotage classiques.
Le modèle fonctionne grâce à des capteurs et une application mobile qui permettra un suivi quotidien des parcelles.
Les essais doivent encore se poursuivre pour livrer un modèle d'ici 2021.
Changer de plan
Actuellement, la gestion de la fertilisation azotée est basée sur le calcul d'une dose prévisionnelle d'apport azoté, ajoutée dans le plan de fumure prévisionnel.
Or, selon Arvalis, ce modèle a plusieurs limites. « Il est compliqué d'atteindre le potentiel de la parcelle chaque année quand le besoin d'azote est basé sur l'historique parcellaire. Et piloter le dernier apport pour adapter l'année est aussi difficile », explique Thibaut Ray.
En utilisant un outil de pilotage, il serait possible d'appliquer le modèle CHN basé sur le fameux INN.
Pour Sylvain Lemaitre, conseiller réseau Déphy Cholat, présent à la journée, « c'est une changement radical de la façon de penser les apports azotés. Au lieu d'appliquer des doses prévisionnelles en trois apports, on fait un suivi quotidien ».