" Le compost, c'est plus qu'un simple engrais "

« Avec la plupart des systèmes, il est possible de produire des composts de bonne qualité, mais avec tous les systèmes, il est aussi possible de produire des composts de mauvaise qualité ou vecteurs d'agents pathogènes », affirme Jacques Fuchs, agronome, chercheur au Fibl (Institut de recherche de l'agriculture biologique), à l'occasion d'une journée technique sur les matières organiques et les composts, organisée par la Senura, le 22 juin à Chatte.
« Ce qui est important pour le succès du processus, estime-t-il, fort de son expérience, c'est le mélange de départ. Il faut que les intrants soient de qualité et qu'il y ait le moins possible d'éléments indésirables (métaux lourds, plastiques...). Car, contrairement aux matériaux qui font le compost, ils ne se dégradent pas et, de ce fait, leur proportion devient bien plus importante qu'elle ne l'était au départ ».
Théoriquement, tous les résidus organiques peuvent être compostés.
C'est le cas des fumiers, des déchets horticoles, des restes maraîchers, des déchets du conditionnement des produits maraîchers, des déchets ligneux.
En revanche, les ordures de l'industrie agro-alimentaire, les coquilles d'œufs ou les déchets de poisson et de viande sont inappropriés.
Pour réaliser un bon mélange de départ, Jacques Fuchs préconise l'apport d'un tiers de bois grossier (de bois défibrés), important pour former un humus durable dans le sol, d'un tiers de produits fibreux moyennement fins (branches broyées, fibres de bois, paille, feuilles, roseau de Chine) et d'un tiers de produits fins (épluchures, fumier, coupes de gazon, contenu de panses, restes de légumes...).
A ce mélange, il est possible d'ajouter des additifs tels que des argiles, des enzymes, des micro-organismes ou des fertilisants, mais ils ne sont pas nécessaires, si le mélange initial est satisfaisant.
Le compost ne peut être réussi que s'il est homogène et brassé régulièrement.
Le brassage ne sert d'ailleurs pas qu'à permettre une bonne oxygénation du tas, mais il est aussi utile pour l'activation biologique du processus.
Les questions d'humidité et de température ne doivent pas non plus être négligées.
Le compost doit être suffisamment humide pour permettre aux micro-organismes d'envoyer leurs enzymes à l'extérieur.
Pour s'assurer de la bonne humidité d'un compost, Jacques Fuchs détaille la « règle du poing ».
Il s'agit d'en prendre une poignée, issue du centre du tas, dans sa main. Si de l'eau coule, il est trop mouillé.
S'il se forme des « serpentins », il est trop sec.
Il est optimal quand il ressemble à du terreau.
La température doit également être régulièrement contrôlée car c'est ce qui garantit la destruction des pathogènes.
Une fois réalisé, le compost doit être stocké dans de bonnes conditions.
Car comme le précise Jacques Fuchs : « c'est un produit vivant. S'il n'a pas d'oxygène, il meurt. Pour lui en procurer, une aération simple suffit ».
Fortification
En termes de fertilité et de vie du sol, le compost tient, selon le chercheur, un rôle important car « il permet de réintégrer dans le sol les substances nutritives et organiques que les cultures en tirent, et ainsi de refermer le cycle naturel des matières ».
Le compost permet l'apport d'éléments nutritifs, de matière organique stable et il a des effets sur la structure du sol et sur son Ph.
Il facilite aussi la pénétration et la rétention d'eau, et réduit l'érosion.
Cependant, un sol qui est déjà de bonne qualité ne sera pas amélioré par l'apport de compost.
Celui-ci n'aura d'effet que sur des sols qui en ont besoin.
Mais son effet sur la physique du sol ne pourra être observé qu'au bout de quatre à cinq ans.
Son impact est également important sur la santé des plantes.
Jacques Fuchs estime en effet qu'« un compost de qualité est plus qu'un simple engrais ».
De nombreux travaux de recherches montrent qu'il a un effet de fortification des plantes et un effet suppressif des maladies telluriques.
Des composts introduits dans des terreaux de culture tamponnent le sol microbiologiquement, empêchent l'invasion des pathogènes, réduisent l'incidence des maladies et protègent les jeunes plants.
En arboriculture, les chercheurs ont constaté une meilleure reprise des arbres qui ont bénéficié d'un apport.
« Mais il est important de ne pas l'implanter pur. Il faut le mélanger (à hauteur de 50%) avec de la terre issue du champ », stipule Jacques Fuchs.
Isabelle Brenguier
ExpérimentationsApport de fumier de chèvres dans les noyers
