« Le contexte géopolitique et économique demeure instable. N’étant pas hors-sol, le Crédit Agricole Sud Rhône Alpes subit les incertitudes qui en découlent, de même que de lourdes réglementations et administrations », indique Jean-Pierre Gaillard, le président de la Caisse régionale, à l’occasion d’une conférence de presse organisée le 11 février à Grenoble.

Pour autant, malgré cet environnement « risqué », il affiche un état d’esprit « enthousiaste » et une « volonté assumée d’en découdre, permise par la solidité financière et la grande capacité de résilience de la banque. Non seulement nous avons maintenu notre cap en 2024, mais également dépassé nos objectifs. Aujourd’hui, nous sommes prêts à relever les défis qui se présentent à nous, pour accompagner les projets de nos territoires, prêts à investir dans l’économie et dans la transition. Certes, compte tenu des difficultés évoquées, de nombreuses entreprises sont dans la peine, mais nous sommes à leurs côtés. Il faut que nous arrivions à passer ce cap difficile, que nous retrouvions de la performance économique et de la dynamique collective », assure-t-il.

Les défaillances d’entreprise ont coûté à la banque 45 millions d’euros l’an dernier. « La hausse est significative, mais, en tant que banque prudente, le risque est calculé. Nous avons suffisamment provisionné pour faire face », estime Jean-Pierre Gaillard.

Solidité de fonds propres

Rebondissant sur les annonces du président de la République Emmanuel Macron, à l’occasion du Sommet sur l’intelligence artificielle organisé à Paris les 10 et 11 février, le président de la caisse régionale assure que la neuvième banque mondiale sera au rendez-vous des data centers (centres de données) de Grenoble.

« Nous sommes une banque qui investit dans les territoires, parce que nous sommes convaincus que notre destin est là. Nous sommes sur une trajectoire de progression. Nous avons une solidité de fonds propres, avec un ratio de solvabilité (égal à 21,52 %), hors norme par rapport à ceux des autres banques françaises et étrangères et bien supérieur aux exigences réglementaires. Il nous permet de continuer à soutenir des projets sur lesquels plus personne ne va », avance-t-il.

De ce fait, malgré ce contexte de hausse du coût du risque ⁽¹⁾, la banque a fait le choix de continuer à investir dans l’immobilier, le capital investissement ⁽²⁾ et les énergies renouvelables. En interne, elle a aussi investi 2,7 millions d’euros en 2024 pour poursuivre -et presque terminer- la rénovation de ses agences, et elle a aussi recruté 116 nouvelles personnes.

Epargne élevée

Avec un produit net bancaire à 421,8 millions d'euros, en hausse de 2,2 % par rapport à 2023, et malgré une marge d'intermédiation de -13,8 %, la banque affiche des résultats favorables. En 2024, elle a réalisé 2,19 milliards d'euros de crédit ⁽³⁾, en légère baisse par rapport à 2023.

« Il ne s’est pas passé grand-chose au premier semestre, mais nous avons constaté le retour d’une dynamique lors du second, qui semble se maintenir pour 2025 », souligne le directeur, Pierre Fort.

Corroborant l’idée que les Français étaient actuellement très épargnants, le taux d’épargne du Crédit Agricole Sud Rhône Alpes est élevé. Son montant est de 27 milliards d’euros.

Evoquant l'activité assurantielle de la banque portée par la marque Pacifica, les responsables font état du renforcement de leur modèle, avec 44 % des clients désormais équipés d’un contrat d’assurance avec plus de 542 000 contrats en cours, dont 44 % signés avec des clients issus de la banque.

S’agissant de la question de la sinistrabilité qui augmente eu égard au changement climatique, le directeur de la caisse régionale a assuré que l’établissement resterait présent. Mais mécaniquement, « qui dit sinistrabilité élevée, dit augmentation des primes les années suivantes », explique Pierre Fort. « C’est pour cela aussi que nous voulons être aux côtés des agriculteurs et les aider à investir dans des projets en lien avec l’irrigation pour faire face aux sécheresses ou dans des mécanismes de défense permettant de sécuriser les productions, tels les filets anti-grêle », ajoute Jean-Pierre Gaillard.

Isabelle Brenguier

(1) Hausse des défaillances d’entreprise et du nombre de situation de surendettement

(2) Investissement dans des entreprises du territoire pour accompagner leur développement, en complément de leurs propres financements

(3) 140,5 millions auprès des agriculteurs