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Cordonnerie

« Le cuir, c’est une matière vivante »

Nicolas est arrivé en septembre dernier à la maison de Saint-Egrève. Chez les compagnons depuis cinq ans, il se forme à la cordonnerie.
« Le cuir, c’est une matière vivante »

Assis à table devant son ordinateur, Nicolas, 25 ans, se repose après sa journée de travail. En troisième année de tour de France en tant que cordonnier, il travaille chez Paraboot.

« Je fabrique des bottes de moto pour les CRS », explique-t-il. Sorti de Bac L, il avait pensé à plusieurs options avant de passer la porte des compagnons du devoir.

« J'ai vu un jour un documentaire sur le chanteur de Motorhead. Il faisait faire une paire de bottes, ça m'a passionné », raconte-t-il. « Pourtant, je ne suis pas doué de mes mains », précise-t-il, souriant, en regardant ses mains cornées et entaillées par ses premières années de métier.
Après deux années d'apprentissage, il a commencé son tour dans une entreprise de Périgueux qui faisait du sur-mesure femme.

En deuxième année, direction la Bavière en Allemagne. « J'ai fait de la réparation et de la podoorthésie : je fabriquais les semelles et chaussures en fonction du diagnostic ».

Faire des chaussures sur-mesure

A chaque destination, ses nouvelles expériences. « En Allemagne, un compagnon travaillait avec une école de design. J'ai pu faire un partenariat avec une designeuse. J'aime donner un côté matériel à ses projets immatériels », raconte Nicolas.

Derrière le cordonnier, il a aussi un amour de la matière : « Le cuir, c'est une matière vivante, qui a vécu et continue de vivre. La façon dont elle a été traitée par le passé et dont on la travaille aujourd'hui, c'est jamais prévisible ».
Pour les prochaines années du tour de France, Nicolas a encore de nombreuses idées.

« J'aimerais aller à Saumur pour travailler avec le Cadre noir et fabriquer des bottes d'équitation. Mais il n'y a pas beaucoup de demandes de clients et donc peu d'entreprises... » ou encore dans un atelier parisien : « Dans le sur-mesure femme, il y a plus d'excentricité, de finesse et d'exigence ».
Cet amour du métier semble partager par les collègues, assis eux-aussi autour de la table. Pâtissiers, mécaniciens, chacun avait une bonne raison de passer la porte de la maison. « La vie en communauté, ce n'est pas pour tout le monde. J'ai quitté mon appartement pour entrer chez les compagnons et on s'y fait bien », raconte Nicolas.