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Agro-écologie

Le succès de l'agro-écologie devrait reposer sur sa rentabilité

La nécessité d'atténuer les effet de l'activité humaine sur la planète est reconnue unanimement. Mais entre les belles intentions et la pratique il y a un fossé. Pour le franchir, des chercheurs proposent de donner une valeur marchande à la préservation de l'environnement.
Le succès de l'agro-écologie devrait reposer sur sa rentabilité

C'est un fait, il faudra produire plus pour nourrir les 9 milliards de personnes qui vivront sur la planète en 2050. Sans pour autant renforcer le phénomène de réchauffement climatique, s'accordaient à dire les scientifiques de l'Union européenne des académies d'agriculture (UEAA), réunis les 11 et 12 octobre à Paris.
Les pratiques agricoles ont considérablement évolué à la lumière des avancées scientifiques depuis le milieu du XVIIIe siècle, pour le meilleur et pour le pire.

À tel point que celles-ci, combinées aux autres activités humaines, ont modifié la géologie et le climat de la planète jusqu'à conduire à une nouvelle ère que certains scientifiques appellent Anthropocène.

Aujourd'hui, l'humanité, l'activité agricole notamment, fait face aux effets pervers qu'elle a elle-même causés. Dans ce contexte, les pratiques agricoles
doivent évoluer.

Si ce constat est partagé, la mise en application pose des questions au regard des impératifs économiques.
Denis Couvet, membre de l'Académie d'agriculture de France et professeur au Muséum national d'Histoire naturelle, spécialiste des relations biodiversité-société, a proposé des pistes de réponse et cherché à démontrer qu'une agriculture plus verte peut être rentable.

La carotte financière plutôt que le bâton législatif

Pour inciter les agriculteurs à tendre vers les pratiques agroécologiques, Denis Couvet suggère de rémunérer les services environnementaux. Car selon lui, l'incitation financière sera toujours plus efficace que des lois et des interdictions.

Denis Couvet, membre de l'Académie d'agriculture.

À New York, Pékin ou Munich par exemple, les agriculteurs qui contribuent à améliorer la qualité de l'eau sont payés pour ce service.

À Pékin, les agriculteurs peuvent voir leur revenu augmenter de plus de 50 % grâce à cette activité, selon Denis Couvet.

Les collectivités elles-mêmes peuvent tirer un véritable avantage économique de ce contrat « gagnant-gagnant » : à New York, rémunérer les agriculteurs qui préservent une eau
de qualité coûte 6 fois moins cher que de traiter artificiellement l'eau.
Pour les entreprises qui fournissent des biens aux agriculteurs, il faut « modifier les règles du business », indique Denis Couvet.

Au lieu de baser leur activité économique sur la vente de biens (type produit phytopharmaceutiques), les firmes devraient axer leur rentabilité sur la prestation de services aux agriculteurs. Ceux-ci paieraient alors pour être accompagnés et conseillés sur les modes de production plus verts.

Si l'ambition est séduisante, elle est également apparue un peu utopique à certains membres de l'UEAA sceptiques à l'idée de réussir « à convaincre des Bayer et Monsanto à vendre moins de biens ».

 

BB/Agra

 

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