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Nuciculture

Les expérimentations de taille des noyers menées par la Senura

La Senura procède à différents essais de taille dans ses vergers de noyers pour déterminer les pratiques qui s’avéreraient les plus efficaces. Des résultats émergent.
Les expérimentations de taille des noyers menées par la Senura

« La réponse n'est pas la même d'un arbre à un autre ». Sous-entendu, en matière de taille, les effets ne sont pas identiques d'une variété de noyers à une autre.

Car la même procédure peut aboutir à des résultats différents selon qu'il s'agisse d'un franquette ou d'un fernor. Le premier étant plus vigoureux que le second, il reprend plus rapidement sa place.

C'est justement pour identifier les pratiques de tailles permettant les meilleurs résultats en termes de volume et de calibre que la Senura (la station expérimentation nucicole en Rhône-Alpes) mène depuis plusieurs années des expérimentations dans ses vergers.

Une présentation de ces essais était organisée dernièrement dans les parcelles de la station à Chatte.

Calibres plus importants

Dans un verger de noyers de variété franquette, planté en 1999, complètement refermé (bois mort, enherbement difficile), qui avait accusé une baisse de rendement et de calibres, une expérimentation reposant sur trois essais (une taille d'entretien classique, une mécanique et une restructuration) a été mise en place pour identifier la technique permettant le plus de performance.

L'essai mécanique, initié durant l'hiver 2011-2012, a consisté à procéder à une taille sévère avec un lamier, un inter-rang sur deux.

L'autre côté a été réalisé le 16 février, sous le regard attentif des nuciculteurs venus assister à la démonstration.

L'essai de restructuration consiste, quant à lui, à supprimer un arbre sur deux, de façon à diminuer la densité de la parcelle (pour rappel, elle ne peut être supérieure à 100 arbres par hectare pour respecter le cahier des charges AOP « Noix de Grenoble »).

« Mais cela ne peut pas se faire en une seule fois, car cela conduirait à un chargement trop important pour les arbres restants dont les branches se casseraient », explique Daniel Delaigue, responsable d'exploitation de la Senura.

 

Daniel Delaigue, responsable d'exploitation de la Senura, montre comment procéder à une taille de restructuration.

 

Cela se fait donc en huit ans, en trois étapes. « Nous avons procédé, il y a trois ans, à une première taille très sévère « en peuplier » d'un arbre sur deux, de manière à donner du jour et à créer « une diagonale ». Nous reproduisons cette démarche aujourd'hui sur les mêmes arbres et, dans trois ans, nous les abattrons », ajoute Daniel Delaigue, installé dans une nacelle, une élagueuse en main,  pour montrer la technique. « Il ne reste pas grand chose de l'arbre. Il produira des grosses noix, mais en faible quantité », reconnaît le technicien.

« Même s'ils n'ont pas encore été menés à leur terme, ces essais ont déjà révélé quelques résultats », avance Marianne Naudin, chargée d'expérimentation à la Senura.

« Une baisse de rendement a été observée sur l'essai de taille mécanique durant les trois premières années. Ensuite, il est devenu  équivalent à celui d'une taille classique. Quant à l'essai de restructuration, nous n'avons, pour l'instant, pas constaté de baisse. En matière de calibres, ils sont plus importants sur les essais de taille mécanique et de restructuration », note la technicienne.

Fernor réagit plus lentement

La même démarche a été réalisée sur une parcelle de noyers de variété fernor, plantée en 1996.

La modalité de restructuration avec une taille « en peuplier » d'un noyer sur deux a été mise en place au cours de l'hiver 2001-2002.

La supression de cet arbre a été réalisée au cours de l'hiver 2009-2010.

La taille sévère au lamier a été faite au cours de l'hiver 2012-2013.

Depuis 2013, trois modalités de taille sont mises en œuvre : une taille d'entretien sur une partie de haute densité de plantation (3,5 mètres d'écart entre les arbres sur le rang et huit mètres d'écart sur l'inter-rang), une taille mécanique sur une partie de haute densité aussi et une de restructuration sur de la basse densité (sept mètres sur le rang et 8,5 mètres sur l'inter-rang). Les résultats s'annoncent plutôt encourageants.

« Au bout de cinq ans, après une totale restructuration, le rendement en basse densité est supérieur au rendement en haute densité », expose Marianne Naudin. « Mais, pour l'instant, cela n'est pas rentable. Les charges sont trop importantes par rapport à une taille classique. C'est une solution à envisager dans le long terme, car elle peut présenter un bénéfice sur un pas de temps de 15 à 20 ans », reconnaît-elle.

Isabelle Brenguier

Taille au lamier

 
La taille au lamier est impressionnante.
 
La taille au lamier peut surprendre. A regarder, elle est impressionnante et ne fait pas dans le détail.
Les nuciculteurs venus assister à la démonstration proposée par la Senura ne sont d'ailleurs pas restés indifférents.
« Cela va plus vite et c'est plus facile qu'à la perche. Mais je trouve que c'est assez agressif », note Jean-Claude Matras, nuciculteur à Saint-Romans. « C'est sûrement une bonne pratique. Il faut voir comment les nouvelles variétés réagissent », ajoute-t-il.
Ces tailles sévères peuvent être difficiles à accepter par les producteurs. Pascal Blunat, producteur de noix à L'Albenc, le reconnaît : « Nous avons toujours peur de trop couper. Mais cela peut sûrement s'avérer être une solution dans certains vergers ». 
Le lamier pèse dix tonnes. Il peut monter jusqu'à dix mètres si la surface est plate.
« C'est une solution à envisager quand un verger est refermé car il permet de faire une coupe sévère nécessaire pour l'aérer », explique Marianne Naudin, chargée d'expérimentation à la Senura.
La taille au lamier représente un coût de 1 200 euros à l'hectare, sans la gestion du bois.
Le temps de travail est estimé à 36 heures à l'hectare. A noter, qu'il s'agit d'une estimation correspondant au travail réalisé dans les conditions de la station, qui sont différentes de celles des nucicuteurs, où les contraintes sont plus importantes et nécessitent parfois l'intervention de deux techniciens, notamment quand l'un d'eux doit monter dans une nacelle.
IB