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Sècheresse

Les prairies et les maïs souffrent

De façon très irrégulière mais certaine, les maïs ont souffert du manque d'eau sur les plateaux, de même que les prairies en hauteur.
 Les prairies et les maïs souffrent

Maïs rabougris, prairies desséchées : la DDT a effectué des visites de constatation des effets de la sècheresse dans plusieurs secteurs du département au début du mois d'août. Agriculteurs et fonctionnaires se sont retrouvés d'abord dans les secteurs de Crémieu et Vienne, puis dans les Bonnevaux et Chambaran, et enfin dans le Vercors et en Belledonne.
« Il a été constaté que les conditions de première coupe pour les prairies sont correctes. Mais elles étaient très sèches au moment où la visite a été effectuée, rendant le pâturage et la deuxième coupe impossibles. Dans certains secteurs, les éleveurs ne pouvant plus alimenter les bêtes ont entamé les stocks d'hiver. Pour les maïs non irrigués, la situation est très difficile par endroits », décrit Anne Tyvaert, chef de service à la DDT. Aujourd'hui, le montant des pertes ne peut être chiffré. Elles s'apprécieront en fin de campagne, de façon à estimer s'il y a lieu d'enclencher une procédure de reconnaissance de calamité agricole. Mais elle ne porterait de toute façon que sur des zones très délimitées, en hauteur et sur des terrains secs comme le plateau de Crémieu. « La DDT reste très attentive à la situation et continue le suivi », assure la chef de service.
Ces visites d'exploitations ont été déclenchées après que la chambre d'agriculture a signalé à la DDT des situations de souffrance sur les prairies et les maïs dans certains secteurs. La reconnaissance s'opère à partir d'un minimum de 30% de pertes et certains maïs étaient d'ores et déjà au-dessus. Le retour à des conditions climatiques plus clémentes avec des températures moins élevées et des précipitations devrait éviter que la situation ne se dégrade davantage.

Ensiler ou pas

Chez Jean Léon, à la ferme des Paletières en Belledonne, un des six points visités, le manque de fourrage dû à la sècheresse est criant. « Il y avait déjà deux-tiers en moins à la première coupe car nous avons eu un printemps très froid, ce qui est paradoxal avec un été précoce. C'est un effet de secteur », indique l'éleveur de limousines à Theys. Il partait donc avec un stock très limité lorsque l'herbe s'est mise à sécher. « La deuxième coupe est quasi inexistante. Certains éleveurs donnent déjà du fourrage aux animaux alors que l'hiver n'est pas encore là ! » poursuit-il. L'agriculteur a aussi une trentaine de bêtes en alpage. « Les alpages ont presque plus souffert qu'en bas. Tout a grillé et je ne sais pas si ça va repartir avec les averses. Pour le moment, les bêtes arrivent encore à se nourrir car il y a de la surface, mais nous devrons peut-être les redescendre plus tôt. » L'agriculteur possède aussi quelques hectares de maïs en plaine destinés à l'ensilage. « La récolte sera minime, voire nulle. Le maïs a souffert du sec et je ne sais pas s'il va prendre un épi. On ne remplira pas le silo. »
Au nord du département, comme plus au sud, les agriculteurs se posent beaucoup de questions quant à la destination de leurs maïs. Ensiler ou pas ? Les hauteurs sont parfois limite, la qualité fait défaut. Dans certaines zones, les pertes dépasseraient 50%. « Les maïs et les tournesols souffrent. Ce sera une année difficile accentuée par la situation financière des agriculteurs », indique André Coppard, élu à la chambre d'agriculture et producteur de céréales dans le nord Isère. « Certes, le cours du maïs remonte, mais le volume n'est pas là. Surtout après une année 2014 exceptionnelle ». Les incertitudes sont donc grandes pour la campagne 2015 et « c'est une fois sur la balance qu'on voit les dégâts », résume André Coopard.

Isabelle Doucet